Forteresses sur le Danube
Le Danube, voie fluviale commerciale et lieu de confluences culturelles, a donné la possibilité d’élever des localités florissantes. Dans la zone roumaine du fleuve, par exemple, des forteresses ont fait leur apparition depuis les temps les plus reculés, tant au delta du Danube et dans la zone littorale que sur le cours du fleuve vers son embouchure dans la mer. Leur rôle a été militaire, de défense, mais beaucoup d’entre elles étaient aussi de véritables villes. Au delta du Danube, Enisala et Halmyris sont célèbres, mais avant d’arriver au delta, le visiteur rencontre les ruines d’autres citadelles antiques.
Christine Leșcu, 28.09.2014, 13:38
Le Danube, voie fluviale commerciale et lieu de confluences culturelles, a donné la possibilité d’élever des localités florissantes. Dans la zone roumaine du fleuve, par exemple, des forteresses ont fait leur apparition depuis les temps les plus reculés, tant au delta du Danube et dans la zone littorale que sur le cours du fleuve vers son embouchure dans la mer. Leur rôle a été militaire, de défense, mais beaucoup d’entre elles étaient aussi de véritables villes. Au delta du Danube, Enisala et Halmyris sont célèbres, mais avant d’arriver au delta, le visiteur rencontre les ruines d’autres citadelles antiques.
L’archéologue Raluca Iosipescu les énumère pour nous en partant de l’embouchure du Danube vers l’amont : «Une autre citadelle importante, c’est celle d’Isaccea, Noviodunum, un habitat avec une histoire de longue date, très importante du temps de la colonisation romaine. Elle a eu aussi le statut de municipe. Elle préexistait, en fait, avant l’arrivée des Romains. D’ailleurs, son nom n’est pas d’origine latine. Son existence va continuer aussi à l’époque byzantine lorsqu’elle devient un important centre religieux. Plus tard, grâce aussi à sa très bonne position pour traverser le Danube, Noviodunum continue son existence qui s’achève par l’emplacement, dans sa zone, d’une citadelle turque en terre. »
En continuant dans le même sens, nous arrivons à la citadelle de Brăila où les fouilles archéologiques ont mis au jour des fortifications ottomanes. Et c’est toujours dans la zone, mais cette fois-ci sur la route reliant les villes de Tulcea et de Galaţi, que l’on arrive au village de Garvăn, où s’élevait jadis la cité de Dinogetia.
Raluca Iosipescu : « C’est, à son tour, une cité impressionnante par ses dimensions, avec des murailles très épaisses, avec des tours très grandes, et des constructions importantes découvertes à l’intérieur. Les archéologues y font des fouilles depuis beaucoup de temps. En remontant le Danube, nous arrivons à une autre citadelle très importante, à Hârşova, sur une route importante, et habitée elle aussi depuis le néolithique. Elle est habitée jusqu’au XIXe lorsqu’elle est détruite suite aux guerres russo-ottomanes. Hârşova occupe une superficie immense, mais malheureusement, seule l’enceinte de la période romano-byzantine a été conservée, ainsi que des fragments de tours. Dans les images d’époque, on peut voir une muraille impressionnante, appelée la muraille génoise, qui fermait l’entrée dans le port et avait de superbes arcades gothiques. Malheureusement, ce mur n’a pas résisté entièrement, seuls quelques fragments persistent. Toutes ces cités sont habitées depuis les temps les plus reculés, ce qui prouve leur très bon emplacement, au carrefour de plusieurs routes commerciales, dans les lieux de passage entre la Dobroudja et la Munténie, et prouvent la viabilité des lieux en question. »
Continuons notre cheminement vers l’amont. Après avoir dépassé Hârşova, non loin de la localité bulgare de Silistra, se trouve la cité de Păcuiul lui Soare, que nous décrit maintenant l’archéologue Sergiu Iosipescu : « Păcuiul lui Soare est remarquable parce que c’est l’unique cité byzantine de Roumanie, création du Xe s de l’empereur Ioan Tzimiskes, où stationnait aussi une partie de la flotte byzantine. Malheureusement, de toute la cité il ne reste qu’environ un septième aujourd’hui. Ce qui est important à Păcuiul lui Soare, c’est une chose que l’on peut voir aujourd’hui encore et qui est unique : un port aménagé avec des terrasses en pierre, flanqué par des tours, un débarcadère avec la porte d’entrée vers la ville qui était au milieu de la citadelle. C’est quelque chose d’extraordinaire si l’on pense que cela provient des Xe-XIe s byzantin. De tels vestiges n’ont plus été retrouvés. Malheureusement, encore moins a été préservé de la partie byzantine d’une autre cité, celle de Giurgiu. Celle-ci, comme la suivante, celle de Turnu Măgurele, est strictement liée à l’histoire de la Valachie au Moyen Age, comme l’autre cité, très en amont, celle de Turnu Severin. Plus loin, nous dépassons la zone roumaine du fleuve. Malheureusement, tant Giurgiu que Turnu Măgurele ou Turnu Severin ont eu des problèmes à compter du moment où les cités ottomanes sur le territoire des Principautés roumaines occupées et administrées par les autorités militaires turques ont été supprimées et lorsque la pierre dont elles étaient construites a été utilisée pour l’urbanisation des villes. »
De nos jours, beaucoup de cités danubiennes sont dans un stade de restauration primaire et sont, de ce fait, trop peu mises en valeur. Pourtant, leur histoire vaut d’être connue, et leurs ruines — visitées. (Trad. Ligia Mihaiescu)