Escapade à Curtea de Arges
Ana-Maria Cononovici, 14.12.2021, 18:48
Madame,
Monsieur, cette semaine, mettons le cap sur la ville de Curtea de Argeș, une
des destinations touristiques faciles à visiter une fois sur Bucarest. Sise à
seulement 160 km de la capitale roumaine, Curtea de Argeș, première capitale de
la Valachie, allait perdre de son prestige au moment où la cour du prince
déménage à Târgoviște. Ce n’est que beaucoup plus tard, dans la période de
l’entre-deux guerres que la localité de Curtea de Arges allait renouer avec sa
gloire d’autrefois au moment où sa cathédrale devient nécropole de la famille
royale de Roumanie. Localité pleine de légendes, Curtea de Arges doit sa renommée
au Monastère homonyme que le prince Neagoe Basarab a fait dresser entre 1512 et
1517. De nos jours, c’est ici que se trouvent les tombes funéraires des rois
Carol I et Ferdinand I et de leurs épouses, les reines Élisabeth et
respectivement Marie.
Une fois sur
place, le touriste aura l’occasion d’apprendre la très belle légende du
batisseur Manole. Considérée comme un des mythes fondamentaux de la culture
roumaine, cette histoire parle du sacrifice suprême qu’un artiste est prêt à
faire pour voir sa création accomplie. Désespéré de voir chaque nuit sa
construction effondrée, Manole accepte comme solution extrême de procéder à un
sacrifice humain. Sauf que le destin a choisi que la victime soit Ana, son
épouse. En vain Manole a-t-il essayé de l’empêcher d’arriver sur les lieux.
Amoureuse, Ana a réussi à surmonter tous les obstacles et elle finit par être
emmurée par son mari. Toujours dans l’enceinte du monastère de Curtea de Arges,
le visiteur pourra admirer la fontaine de Manole, construite sur les lieux où
la légende dit que le bâtisseur aurait trouvé sa mort. Abandonné sur la toiture
de l’église par le voïvode Negru Voda qui voulait s’assurer de cette manière
que le bâtisseur ne pourra plus jamais ériger un monastère encore plus beau que
celui qu’il venait de finir, Manole allait se construire une paire d’ailes en
bois pour essayer de s’envoler. Bien sûr, il avait échoué dans cette tentative
et il a fini par trouver la mort.
Construite
presque dix ans durant, entre 2009 et 2018, la Cathédrale de Curtea de Arges se
trouve juste à l’entrée de l’enceinte qui entoure le Monastère homonyme.
Patronnée par la Sainte Philotée et les Saints Archanges Michel et Gabriel, la
cathédrale abrite aussi les tombes de la famille royale. Construit à
l’initiative de l’Archevêché d’Arges et de Muscel, en partenariat avec la
Maison royale de Roumanie, l’édifice on le doit à l’architecte Augustin Ioan,
professeur à l’Université d’Architecture et d’Urbanisme Ion Mincu, de Bucarest.
La construction, en style byzantin, a
démarré le 10 mai 2009, en présence de la Princesse Margareta de Roumanie et du
prince Radu. De 36 mètres de large, la cathédrale est en forme de croix
grecque, le naos principal a la même hauteur que celui transversal et la
coupole est surmontée par une flèche de 21 mètres de haut. Dans la chapelle
construite du côté gauche, le fidèle peut voir les reliques de la Sainte
Philotée. A l’extérieur, la cathédrale est ornée de détails construits en
pierre blanche, tandis qu’à l’intérieur, elle est décorée de mosaïques. La
nécropole royale réunit seize tombes pour les membres de la famille royale et
pour les archevêques d’Arges et de Muscel. Parmi les illustres figures inhumées
dans cette cathédrale, on retrouve le roi Michel I et son épouse, la reine Ana
ou encore le roi Carol II et la reine Elena.
Sise aux pieds
des Monts Fagaras, la ville de Curtea de Arges est la porte d’entrée vers la
route de Transfăgărăşan, l’une des plus belles d’Europe que les touristes
s’empressent de découvrir. Du coup, que vous soyez passionnés par la culture,
la religion, l’histoire ou tout simplement, la nature, la région de Curtea de
Arges s’avère une destination idéale de vacances.