Constantin Şerban Cantacuzène
Le patron du Caravansérail de Manuc, situé au centre de Bucarest, est Constantin Şerban Cantacuzène, ingénieur pétrolier, la soixantaine. Il fait partie de la lignée des Cantacuzène, descendant direct du prince Şerban Cantacuzène, qui a régné en Valachie de 1678 à 1688. Si la succession au trône avait été maintenue, il aurait été Constantin Şerban Cantacuzène IX. Nous lui avons demandé quelle est la réaction des gens lorsqu’ils entendent son nom. « C’est difficile à dire ce que les gens pensent. A première vue, ils se disent enchantés. Certains se mettent à vous louer, à vous appeler « prince ». J’aimerais qu’ils s’adressent par « Monsieur » et qu’ils soient sincères avec moi, qu’ils me disent les quatre vérités. C’est incroyable de constater que 23 ans après les événements de 1989, il existe toujours des gens qui médisent de nous et nous accusent d’être venus de France pour récupérer nos fortunes. Ces gens-là ont bien tort. Moi je n’ai pas quitté la Roumanie. Même si je l’avais fait, je serais revenu dans le pays récupérer mes propres avoirs hérités de mes ancêtres. La loi vous autorise à rentrer en possession des biens confisqués de manière abusive vers la fin des années 1940. »
Steliu Lambru, 11.12.2013, 14:40
Le patron du Caravansérail de Manuc, situé au centre de Bucarest, est Constantin Şerban Cantacuzène, ingénieur pétrolier, la soixantaine. Il fait partie de la lignée des Cantacuzène, descendant direct du prince Şerban Cantacuzène, qui a régné en Valachie de 1678 à 1688. Si la succession au trône avait été maintenue, il aurait été Constantin Şerban Cantacuzène IX. Nous lui avons demandé quelle est la réaction des gens lorsqu’ils entendent son nom. « C’est difficile à dire ce que les gens pensent. A première vue, ils se disent enchantés. Certains se mettent à vous louer, à vous appeler « prince ». J’aimerais qu’ils s’adressent par « Monsieur » et qu’ils soient sincères avec moi, qu’ils me disent les quatre vérités. C’est incroyable de constater que 23 ans après les événements de 1989, il existe toujours des gens qui médisent de nous et nous accusent d’être venus de France pour récupérer nos fortunes. Ces gens-là ont bien tort. Moi je n’ai pas quitté la Roumanie. Même si je l’avais fait, je serais revenu dans le pays récupérer mes propres avoirs hérités de mes ancêtres. La loi vous autorise à rentrer en possession des biens confisqués de manière abusive vers la fin des années 1940. »
Grande famille de l’ancienne aristocratie roumaine, les Cantacuzène ont laissé des traces matérielles impressionnantes en Roumanie. Nous avons voulu savoir si Constantin Şerban Cantacuzène se sentait spécial vu sa descendance noble. Voici ce qu’il nous a répondu: « Non, pas du tout. Pourquoi le serais-je ? Les 50 ans de régime communiste nous ont tous réduits au dénominateur commun. A mon sens, aucune réparation n’a été faite. Certains hommes politiques et historiens ont quand même nié, à la télé, les affirmations comme quoi les boyards auraient exploité le peuple, sucé le sang des pauvres, comme on dit. La plupart des gens ne le pense déjà plus, mais la mémoire collective garde encore cette idée selon laquelle les boyards ont été méchants. Je ne cache pas ma fierté d’appartenir à une famille noble de vieille souche. Une famille qui a laissé derrière elle églises, hôpitaux et bien d’autres traces. Ces hôpitaux, mes prédécesseurs les ont fait construire de leur propre argent. Peu de monde le sait encore. A l’époque, la consultation et les services basiques étaient gratuits. »
Constantin Şerban Cantacuzène est le patron du Caravansérail de Manuc, bâtisse emblématique de l’architecture de Bucarest. Nous lui avons demandé comment vont les affaires. « Travailler avec les gens n’est pas simple, où que vous soyez. C’est plus dur encore de travailler à l’intérieur d’un immeuble déclaré monument historique, car n’importe quel ouvrage doit être autorisé. Ce bâtiment n’a pas le statut de musée. Au contraire, il abrite un centre commercial. Nous recevons beaucoup de monde. Certains y amènent leurs enfants qui abîment des choses. C’est d’autant plus dur que l’on n’a aucun appui. Dans le cas des projets européens, par exemple, vous apportez la moitié de l’argent. Normalement, vous devriez bénéficier de l’autre moitié, mais tel n’est pas le cas pour nous. Je n’ai pas à me plaindre, je ne suis pas pauvre, mais mon argent c’est moi qui l’ai fait. Mon affaire, je l’ai montée grâce à un crédit que j’ai contracté auprès des banques. Puisque c’est la crise, je ne me permets pas de faire autant d’investissements que je souhaiterais pour protéger cet immeuble monument historique. »
Malgré toutes ces difficultés, Constantin Şerban Cantacuzène entend garder son optimisme, conscient qu’il reste bien du travail à faire, mais qu’il est sur la bonne voie… (aut. : Mariana Tudose)