Visages d’enfant
Ion Puican, 16.07.2020, 15:28
L’Athénée roumain domine le centre-ville de Bucarest. C’est
un des plus beaux bâtiments de la capitale roumaine, sis dans un quartier dont
l’architecture rappelle le charme du Petit Paris. Sur le côté gauche de l’Athénée,
une petite ruelle recèle une galerie d’art dont le style moderne fait contraste
avec le reste de la zone : une grande vitrine à l’intérieur d’un mur en métal,
accompagné d’une sculpture moderne qui attire les regards des passants curieux.
C’est la galerie d’art Rotenberg-Uzunov, un coin de modernité dans un quartier chargé
d’histoire.
Une fois à intérieur, les contrastes frappent à nouveau.
Derrière le mur en métal, on retrouve d’autres murs remplis de portraits d’enfants
signés au début du 20e siècle par le peintre Bob Gheorghe Bulgaru. On plonge
tout de suite dans un univers délicat et pur, celui de l’enfance.
Le collectionneur Eduard Uzunov nous en dit davantage : « On
y retrouve des portraits d’enfants peints avec un talent spécial par Bob Gheorghe
Bulgaru, un artiste qui a vécu entre 1907 et 1938. Il avait l’habitude de
peindre devant le restaurant Capsa – un établissement fameux – des visages d’enfants
et des paysages. Cette exposition réunit 25 œuvres, y compris un autoportrait
et un paysage très spécial de Bucarest. Bob Bulgaru aimait peindre des visages
d’enfants. En tant que collectionneur d’art, cela m’a inspiré et m’a déterminé
à acheter ses tracvaux, surtout lorsque mes filles étaient petites et que les visages
d’enfants m’impressionnaient beaucoup. Nous avons lancé cette exposition au
mois de juin, pour célébrer la Journée de l’enfance, surtout après la période
de confinement. Elle est dédiée à mes filles Marie-Rose et Ivonne Uzunov. »
Pour la critique d’art, Bob Bulgaru était le peintre de
la pureté des portraits d’enfants. Cette exposition est donc une immersion dans
le monde de l’enfance avec les différentes étapes de son innocence et de sa beauté.
Le talent de dessinateur de l’artiste est mis en valeur, tout comme son talent
de peintre, qui impressionne surtout par les couleurs choisies pour illustrer
chaque personnage et par les jeux d’ombre et de lumière.
Bob Bulgaru s’est éteint à 31 ans seulement des suites d’une
leucémie. Son nom a été en quelque sorte oublié, pour refaire surface de temps
en temps dans des expositions comme celle de cet été à Bucarest. C’est dire que
périodiquement, chaque génération tente de récupérer l’enfance perdue et c’est
à ce moment-là qu’elle redécouvre les superbes portraits d’enfants réalisés par
Bob Bulgaru. (Trad. Valentina Beleavski)