Production de la radio roumaine en finale en Asie
Carmen Săndulescu, 27.10.2020, 15:10
« Je
dois dire que ça a été une surprise, une très belle surprise pour
toute notre équipe. C’est une pièce courte, parmi plusieurs autres
plus amples, sur un thème assez féministe… Cette confirmation
nous a beaucoup réjoui » déclarait
la metteuse en scène Ilinca Stihi, de la rédaction du « Théâtre
national radiophonique » de Radio Roumanie, après avoir appris
cette nouvelle la semaine dernière.
Qu’est-ce-que la Maison du
Peuple signifie pour la société roumaine actuelle ? Eh bien, sachez
que les Roumains la détestent et l’admirent à la fois. La
construction de ce bâtiment monumental, qui accueille le Parlement
roumain, ainsi que plusieurs autres institutions de l’Etat, a
commencé à la fin du régime communiste roumain et il a été
achevé après la Révolution de 1989. Il est actuellement l’immeuble
administratif le plus étendu au monde après le Pentagone, et pour
l’ériger il a fallu raser plusieurs quartiers historiques et déloger
une bonne partie de la population de la capitale roumaine qui y
habitait. Nombre de ces gens ne se sont jamais refaits après le choc
de voir leurs maisons et tout un quartier disparaître. L’édifice
est encore plus détesté, puisqu’il est associé à présent à la
politique politicienne et à la corruption. D’autre part, l’actuel
Palais du Parlement est objet de fierté nationale pour nombre de
Roumains, pour lesquels il représente la grandeur des temps passés,
un véritable chef d’œuvre de l’ingénierie roumaine, fabriqué
à 100% en Roumanie, depuis le béton et jusqu’aux tapis et
chandeliers.
Sachez
que le réseau URAP est composé de 260 membres, diffuseurs de médias
dans plus de 70 pays sur quatre continents. La liste des finalistes
est composée de 4 productions et la présence de cet essai sonore
proposé par Radio Roumanie est une première de plusieurs points de
vue. Quelles seraient les possibles explications de ce succès
inattendu ? C’est Ilinca Stihi qui répond.
« Je
suis heureuse de compter Ioana Ieronim parmi mes amis, je l’apprécie
particulièrement tant humainement qu’artistiquement. J’ai déjà
collaboré avec elle. Cette fois-ci, je peux affirmer que son volume
sur la Maison du Peuple de Bucarest a figuré parmi mes sources
d’information et s’est avéré un véritable défi. Nous faisons
partie de générations différentes, je ne peux pas dire que, pour
moi, la Maison du Peuple ait été un thème de méditation. En
lisant le texte, je me suis tout de suite rendu compte que c’était
un symbole très important de l’histoire récente, sis au beau milieu
de notre Capitale et dont nous ne nous rendons pas compte souvent
qu’il existe. Mais il a une influence énergétique sur nos
tentatives de trouver un itinéraire vers l’avenir. Généralement,
je ne cherche pas à obtenir des prix et je n’attends pas avec
impatience le résultat d’un concours, mais certes je suis très
curieuse de savoir qui sera le gagnant, cette fois-ci. »
Quelles
sont les autres pièces figurant sur la liste courte des finalistes ?
Ce sont « New Year’s Day at Home Door », proposé par la
radio nationale de Chine, « Tears in Wuhan », par Radio
Republik Indonésie, et « The Days of Depression » du
Japan Broadcasting Corporation.
linca
Stihi avoue ne pas savoir quels ont été les atouts de sa pièce qui
ont convaincu le jury de la compétition, mais affirme que ce qui a
peut-être compté, ce sont le message de ce bref essai sonore de 10
minutes et sa réflexion sur un type de dictature mégalomaniaque. Ou
ce fut, peut-être, le tissu entre les voix et la musique,
spécialement composée pour cette pièce, et le design sonore qui
ont réussi à dépasser parfaitement les barrières culturelles
entre nos espaces. Et aussi les voix et le talent des trois
comédiennes -
Coca Bloos, Ana Ciontea, Sandra Ducuță – qui ont livré le
message parfois subliminal de sa propre génération. Une équipe
majoritairement féminine, incarnant, peut-être, les différentes
voix de l’auteure, détachées et adaptées d’un autre volume
d’Ioana Ieronim, intitulé « Chiffres en délire, collage et
vers ».
Figurer
parmi les quatre finalistes des Prix de l’Union de radiotélévision
Asie Pacifique (URAP) 2020 est une performance en soi pour le théâtre
radiophonique de Roumanie, dont le palmarès ne fait que s’enrichir
d’une année à l’autre, surtout dans l’espace européen et
américain. A tout cela vient d’ajouter le festival Grand Prix Nova,
de Radio Roumanie même, qui s’est déroulé en ligne en 2020. Cette
nouvelle tombe à pic, selon Ilinca Stihi : « Surtout
en ce moment, lorsque de nombreux festivals ont été annulés, cette
nouvelle est une motivation supplémentaire dont on avait besoin. La
culture est dominée à présent par une sorte de mélancolie, pour
ainsi dire. Tout moment festif, qui se déroule désormais à
distance, est vécu avec beaucoup plus d’intensité qu’auparavant. »
Pour
finir, sachez que l’URAP est une association professionnelle fondée
en 1964, qui donc fêtait, l’année dernière, 55 ans d’existence
durant lesquels elle a soutenu le développement des activités
média, a représenté les intérêts communs et stimulé la
coopération des diffuseurs de radio et de télévision, par la
promotion de leurs productions. Les Prix de l’URAP récompensent
notamment la manière dont les médias reflètent et posent des
questions sur des sujets du monde contemporain. (trad. Alex Diaconescu)