Les manoirs du sud-ouest de la Roumanie, objet de recherche du projet « Monumentaliste »
Pour Dragoș Andreescu, le projet «Monumentaliste» associe son métier de graphiste et de photographe à sa passion pour les bâtiments patrimoniaux et la randonnée. Pour le grand public, le même projet signifie la découverte surprenante de beautés architecturales insoupçonnées et le voyage virtuel dans des coins du pays qu’il ne pourrait atteindre que très rarement, de façon concrète.
Christine Leșcu, 04.11.2020, 14:59
Pour Dragoș Andreescu, le projet «Monumentaliste» associe son métier de graphiste et de photographe à sa passion pour les bâtiments patrimoniaux et la randonnée. Pour le grand public, le même projet signifie la découverte surprenante de beautés architecturales insoupçonnées et le voyage virtuel dans des coins du pays qu’il ne pourrait atteindre que très rarement, de façon concrète.
Active depuis plusieurs années sur les réseaux sociaux, la page «Monumentaliste» présente les fruits des recherches sur des manoirs oubliés d’Oltenie, sous forme de documentation accompagnée de belles photographies artistiques. Son initiateur, Dragoș Andreescu, avoue avoir pensé pour la première fois à cette démarche, il y a 12 ans, en 2008 : J’ai commencé à découvrir certains manoirs, dont celui dit de Barbu Poenaru à Poiana Mare. Un édifice magnifique et impressionnant, mais malheureusement laissé à l’abandon. Entre temps, j’ai essayé de savoir s’il y en avait d’autres. Voilà cinq ou six ans que j’essaie de les trouver tous. En fouillant dans les archives, j’ai appris qu’il y en avait environ 1500 dans toute la région d’Olténie. Moi, j’en ai découvert quelque 800, les autres ayant été démolis ou modifiés à tels point qu’ils sont devenus méconnaissables. Nous avons également créé une communauté de «monumentalistes», qui compte plus d’un millier de membres dans tout le pays. C’est un grand groupe d’amateurs désireux de recueililr des documents dans leur coin de pays concernant tous ces joyaux architecturaux qui valent la peine d’être sauvés.
La communauté de «monumentalistes» c’est plus d’un millier d’amoureux ou de passionnés de patrimoine. Il s’agit d’historiens de l’art, d’architectes, d’artistes ou bien d’ étudiants en architecture. Avec leur aide, la page Monumentaliste est pratiquement devenue un inventaire des manoirs de Craiova, de Calafat, de Caracal et de Târgu Jiu. A ces villes s’ajoute la zone rurale du sud-ouest de l’Oltenie. A première vue, en termes de patrimoine immobilier, elle ne présente pas d’intérêt particulier aux yeux d’un profane. Pourtant, à la parcourir à pied, elle réserve plein de surprises agréables, cachées au milieu de la nature.
Le travail de documentation et de présentation comporte trois étapes postérieures à la découverte proprement dite du bâtiment: sa photographie sous tous les angles, la recherche dans les archives et sur Internet et l’image promotionnelle. Cette dernière est réalisée de manière à mettre en évidence même le charme des manoirs abandonnés ou en ruine, comme c’est malheureusement le cas de nombreuses découvertes des «monumentalistes». Dragoș Andreescu: 70% de ces manoirs ne sont pas rénovés, mais espérons que les gens comprendront que ces joyaux d’architecture sont très importants aussi bien pour eux, en tant que propriétaires, que pour la société, en général. C’est justement ce à quoi vise le projet que nous développons sur les réseaux sociaux: sensibiliser les gens à la valeur du patrimoine immobilier et en faire la promotion. En ce qui concerne la rénovation ou la restauration, nous avons réussi à amener l’Ambulance des monuments ici, en Olténie. On a donc créé l’Ambulance des monuments de l’Olténie du sud-ouest. Il y a eu, déjà, une première intervention: d’autres volontaires et moi, nous avons refait le toit de la cula Cioabă-Chintescu, dans le village de Șiacu, du comté de Gorj et résolu les problèmes de structure. Bref, on l’a mise en sécurité. C’est aux villageois de la remettre à neuf pour lui redonner l’éclat d’antan. Précisons que la cula est une sorte de maison fortifiée, spécifique à la région d’Olténie durant le 18e et le 19e siècle .
L’Ambulance des monuments est une organisation non gouvernementale qui s’attache à sauvegarder le patrimoine immobilier en sécurisant des bâtiments classés. En 2020, elle a compté parmi les lauréats de la section Éducation, Formation et Sensibilisation des Prix européens du Patrimoine / Prix Europa Nostra. En mettant sur pied la filiale d’Olténie, Dragoș Andreescu espère que toujours plus de bâtiments historiques menacés seront sauvés avec l’aide des professionnels du domaine. Dragoș Andreescu : Nous essayons de gagner à notre cause les architectes, car, depuis un bon bout de temps, certains d’entre eux apposent leur signature sur des projets de démolition ou de sois-disant rénovations qui, en fait, n’ont rien à voir avec l’aspect originel du bâtiment Ce sont eux qui devraient parler davantage avec les propriétaires pour leur faire comprendre que ces joyaux architecturaux n’existeront plus, à un moment donné et qu’à force de démolir de plus en plus de bâtiments historiques, les villes et les villages finiront par perdre leur identité
Dans un proche avenir, la communauté des «monumentalistes» espère éveiller l’intérêt des autorités locales pour la protection du patrimoine immobilier. Elle a déjà réussi son coup dans l’espace virtuel, où elle compte plusieurs dizaines de milliers d’adeptes.