L’écrivain Mircea Cărtărescu récompensé du Dublin Literary Award
Parue aux éditions Deep Vellum Publishing à l’automne 2022, la traduction de Sean Cotter a compté parmi les meilleurs livres de l’année, recueillant des chroniques élogieuses dans des publications importantes telles que The New York Times, The New Yorker, Publishers Weekly, The Financial Times.
Corina Sabău, 18.08.2024, 10:31
Le roman « Solénoïde » de l’écrivain roumain Mircea Cărtărescu a remporté le Dublin Literary Award 2024. Dans sa motivation, le jury a souligné « les passages d’une grande beauté », souvent « particulièrement inventifs et pleins d’accents philosophiques et lyriques », « Solénoïde » étant, selon les jurés, « l’œuvre d’un écrivain européen important ». Ils ont également apprécié la traduction en anglais réalisée par Sean Cotter, qui avait réussi à saisir « la précision lyrique » du roumain, rendant ainsi le roman accessible à un nouveau public. Parue aux éditions Deep Vellum Publishing à l’automne 2022, la traduction de Sean Cotter a compté parmi les meilleurs livres de l’année, recueillant des chroniques élogieuses dans des publications importantes telles que The New York Times, The New Yorker, Publishers Weekly, The Financial Times. Le nom de Mircea Cărtărescu se retrouve ainsi sur l’impressionnante liste d’anciens gagnants du Dublin Literary Award, aux côtés du Turc Orhan Pamuk, du Français Michel Houllebecq, de la Roumano-Allemande Herta Muller (Prix Nobel de littérature en 2009). Écoutons Mircea Cărtărescu parler de son roman « Solénoïde ».
« L’un des grands thèmes est justement cette méditation sur le monde, sur la réalité, sur ce que nous vivons actuellement. L’autre thème, qui le croise en quelque sorte, est celui du salut. Ou bien, dans un langage plus théologique, le thème de la rédemption: que pouvons-nous faire pour sortir de cette réalité? Comme vous le savais, tous les mythes gnostiques affirmaient la même chose: tu n’es pas d’ici, tu n’es qu’une étincelle de divinité ensevelie dans de la matière et ton devoir est de t’en évader, qui que tu sois. Ton devoir est de regrimper jusqu’à la grande flamme divine dont cette étincelle s’est détachée. Je vous avoue qu’après avoir fini mon roman « Orbitor », j’ai mis quatre ans pour décider du projet suivant. Je n’ai presque rien écrit pendant ces quatre ans, chaque jour de ma vie je n’ai fait que penser à ce que je voulais faire, au choix de mon prochain sujet. Avec l’âge, j’ai compris qu’il ne me restait plus beaucoup de temps devant moi, que je ne pouvais pas le gaspiller sur des bagatelles, qu’il m’était impossible d’écrire des trucs sympas, comme on le fait tous les jours sur Facebook. Bon, je peux écrire ça aussi, mais je voudrais faire autre chose aussi, écrire un livre testamentaire, un livre vraiment important. Où je raconte, d’emblée si possible, tout ce que j’ai vécu. Essayer de faire un concentré de mon expérience de vie pour laisser quelque chose derrière moi, comme on dit. Laisser quelque chose de concret et d’utilisable par ceux qui viennent après nous. Pour moi, ce livre est une clé de voûte de tout ce que j’ai déjà fait, la pierre angulaire sur laquelle s’appuie la voûte de mes autres livres. »
En 2022, le Los Angeles Times a désigné « Solénoïde » de Mircea Cărtărescu « meilleur livre de fiction de l’année » aux Etats-Unis. L’influent quotidien californien accorde des prix qui comptent parmi les plus prestigieux de l’espace littéraire américain. Paru aux Editions Humanitas de Bucarest en 2015, « Solénoïde » a déjà était traduit en espagnol, catalan, suédois, français, allemand, slovaque, bulgare, croate, italien, danois, néerlandais, anglais, norvégien et hongrois. (Trad. Ileana Ţăroi)