Le projet « La culture dans la grange »
Carmen Săndulescu, 02.10.2020, 17:01
« C’est
un investissement dans l’avenir du village », dit l’équipe
qui mène ce projet. Huit ans après s’être lancé dans cette
aventure, le metteur en scène Victor Olahut, la comédienne
Florentina Nastase et le dramaturge Flavius Lucacel ont réalisé une
centaine de spectacles en milieu rural. Un véritable noyau composé
de comédiens, plasticiens, bibliothécaires et autres partenaires et
sponsors s’est constitué autour de cette idée. Ce genre de théâtre
inédit s’est étendu en 2016 à 5 départements du pays. Des cours
pleines de villageois, qui avaient pris place sur des bancs et sur
des ballots de paille, avec des enfants regardant la pièce assis sur
des couvertures juste devant la scène, c’est dans ce décor que se
déroulent les pièces de théâtre dans le cadre du projet « La
culture dans la grange ».
Comment
se sont adaptés les initiateurs de ce projet au nouveau contexte de
pandémie ? C’est Victor Olahut, initiateur et manager du projet, qui
explique : « Cet
été, il a fallu respecter un nombre fixe de places et des mesures
de distanciation physique. Par conséquent, nous n’avons pas pu
inviter tout le village au théâtre, comme ce fut le cas les années
précédentes. Nous avons été heureux de rencontrer à nouveau
notre public et le public a bénéficié d’un théâtre de qualité.
Vu les conditions dans lesquelles tous les événements culturels ont
été organisés en 2020, nous sommes très satisfaits de ces
résultats. Certes, nous avons végété de mars à avril, mais
lorsque nous avons commencé, nous l’avons fait en force. Nous avons
aussi enregistré une première dans notre activité : nous avons
réalisé un film impliquant un groupe interethnique d’enfants de la
commune de Somes – Odorhei, du comté de Salaj. Les enfants ont
participé deux mois durant à des ateliers de théâtre. Ils sont
merveilleux et le titre du film est très suggestif : Pandelia.
Parallèlement, nous avons porté le spectacle « Experimentul »
(« L’expérience ») dans une douzaine de villages. Les
astres ont été avec nous. Avec une centaine de représentations en
milieu rural, il est clair que les gens apprécient ce que nous
faisons. Autrement, nous aurons probablement renoncé. Vous savez,
pour les hôtes, c’est un effort important de recevoir tant de gens
dans leur cour et de transformer leur grange en scène. Et pourtant,
à la fin du spectacle, nous arrivons à préparer le spectacle de
l’année prochaine. Ce qui nous pousse le plus à continuer, ce qui
nous motive, c’est l’enthousiasme des gens. »
Il
faut avoir une réelle motivation pour constituer une équipe
composée de personnes difficiles à remplacer, avoue notre
interlocuteur. Et parmi ces personnes, Victor Olahut nomme Iulian
Glita et Marin Grigore, deux comédiens qui passent une bonne partie
de l’été à introduire le théâtre parmi les villageois. Comment
est-ce de passer son été au service du théâtre ? En fait, ce
n’est pas si romantique que cela semble à première vue, mais c’est
plutôt quelque chose de pratique. Avant de s’exprimer sur scène,
chaque membre de l’équipe doit passer un véritable test
pluridisciplinaire. Il est tant chauffeur, spécialiste en lumières,
costumier, responsable de la sonorisation, des communiqués de presse
et même charpentier en charge de l’assemblage des bancs sur lesquels
doit s’asseoir le public.
Et
cette année, l’équipe du projet « La culture dans la grange »
a-t-elle eu une expérience importante ? Une véritable leçon, selon
Victor Olahut : « Nous
avons appris qu’il fallait être beaucoup plus flexibles
qu’auparavant. Nous, par exemple, nous avons trouvé une forme
d’éducation par la culture. Lorsqu’on travaille beaucoup pour
développer un projet, à partir d’un certain moment, les choses
commencent à fonctionner indépendamment. Et il y a ce risque
d’arriver à une sorte d’autosuffisance et à cesser toute quête du
renouveau. Et lorsqu’une pandémie arrive et que l’on est dans
l’impossibilité de dérouler son activité, que fait-on ? Il est
difficile de dire quelque chose de nouveau lorsqu’on devient
confortable avec la situation dans laquelle on se retrouve.
Désormais, il faut être créatifs et essayer d’introduire
constamment
quelque chose de nouveau dans la relation avec le public, et non
seulement lorsque la situation nous oblige à le faire. »
Et
voilà qu’un nouveau projet a vu le jour, dont le spectacle inaugural
aura lieu prochainement. Il s’agit d’un projet financé en partie par
l’Administration du fonds culturel national en partenariat avec le
Théâtre national « Radu Stanca » de Sibiu. Les
répétitions ont lieu actuellement avec les comédiens Marin Grigore
et Vlad Robas. Une musique assez futuriste, un spectacle live et un
thème généralement humain, voici les principaux repères d’une
production qui attend son public à partir du 5 octobre au Théâtre
national de Sibiu, avant une tournée à travers la Roumanie.