Le portrait communiste dans les collections du Musée de la ville de Bucarest
Le
Palais Suțu, un des sièges du Musée de la ville de Bucarest, accueille ce
mois-ci une exposition qui met en scène l’histoire récente de la Roumanie à
travers le portrait, un genre de la peinture très apprécié: « Entre Gheorghiu-Dej et Nicolae
Ceaușescu. Le
portrait communiste dans les collections du Musée de la ville de Bucarest ».
Gheorghiu-Dej (1901-1965) a été le chef communiste de la Roumanie de 1947 jusqu’à
sa mort en 1965. Le dictateur Nicolae Ceaușescu (1918-1989) a été le dernier
leader communiste de la Roumanie et le chef d’Etat de la République Socialiste de
Roumanie entre 1967 et la chute du régime communiste, provoquée par la
Révolution de 1989.
Ion Puican, 23.07.2023, 07:58
Le
Palais Suțu, un des sièges du Musée de la ville de Bucarest, accueille ce
mois-ci une exposition qui met en scène l’histoire récente de la Roumanie à
travers le portrait, un genre de la peinture très apprécié: « Entre Gheorghiu-Dej et Nicolae
Ceaușescu. Le
portrait communiste dans les collections du Musée de la ville de Bucarest ».
Gheorghiu-Dej (1901-1965) a été le chef communiste de la Roumanie de 1947 jusqu’à
sa mort en 1965. Le dictateur Nicolae Ceaușescu (1918-1989) a été le dernier
leader communiste de la Roumanie et le chef d’Etat de la République Socialiste de
Roumanie entre 1967 et la chute du régime communiste, provoquée par la
Révolution de 1989.
L’exposition
du Palais Suțu a pour but de présenter la diversité des visages sous le régime
communiste. Le portrait de cette époque-là est riche de sens: il est un acte de
mémoire des personnes représentées, mais il montre aussi un désir de grands
idéaux. Les nouveaux héros de ces toiles sont des gens sans aucune trace de
sang bleu.
Cezar
Petre Buiumaci, un des trois commissaires de l’exposition « Entre
Gheorghiu-Dej et Nicolae Ceaușescu. Le portrait communiste dans les collections
du Musée de la ville de Bucarest », en explique le concept :
« L’exposition
rassemble des ouvrages d’art plastique – peintures, gravures, sculptures d’art
décoratif et artisanal, mais aussi photos, affiches et coupures de presse. Tous
les éléments du culte de la personnalité aussi bien dans le cas de Gheorghe
Gheorghiu-Dej que dans celui de Nicolae
Ceaușescu. Cette démarche est importante parce qu’elle montre au public
l’agression visuelle infligée à la population par la propagande politique du
régime communiste imposé en Roumanie par Staline et l’Armée rouge. La démarche
a aussi voulu rappeler une époque qui ne doit pas être ramenée à la vie, tout
en montrant aux nouvelles générations un type de manifestation qu’elles
puissent reconnaître rapidement, en cas de tentatives de la restaurer. »
Delia
Bran, deuxième commissaire de l’exposition, décrit les éléments de style de la
période historique :
« Le canon artistique de la période est ce que l’on a appelé
le réalisme socialiste. Au temps de Gheorghe Gheorghiu-Dej, le canon en matière
de portrait découle directement de celui de Moscou. Dans la plupart des
portraits du leader roumain, la mise en scène ressemble à celle des portraits
de Lénine. Les artistes roumains se voient imposer ce canon par la contrainte
et la formation artistique, et là je pense aux comités de conseil artistique du
début des années 1950. Par les objets exposés, nous avons voulu aussi mettre en
lumière cette « confiscation », disons, de l’artiste par la politique
culturelle de l’État communiste. Plus précisément, il s’agit d’un phénomène de
mainmise sur l’artiste, d’abord à travers un canon éducatif, ensuite par les
répartitions de fin d’études à des emplois dans des entreprises industrielles.
Donc, quelle que fût la période, sur l’ensemble du régime communiste, l’art
officiel a gardé, selon nous, des caractéristiques du réalisme socialiste, mise
en œuvre par le biais de la réforme de Jdanov. L’exposition retient cette
nature de l’art de l’époque, tout en essayant de montrer aussi le côté plus
profond de la relation entre l’artiste et l’art officiel …. Nous souhaitons
qu’elle soit comprise et interprétée sur plusieurs niveaux et nous espérons
pouvoir offrir une expérience agréable à tous nos visiteurs, quel que soit leur
âge. »
Enfin, Nicoleta
Bădilă, troisième commissaire de l’exposition « Entre Gheorghiu-Dej et Nicolae
Ceaușescu. Le
portrait communiste dans les collections du Musée de la ville de Bucarest »,
accueillie par le Palais Suțu, passe en revue les types et les styles de
portraits exposés :
« L’art du portrait a toujours été flexible, prenant en
compte les styles des époques et les exigences du bénéficiaire. À la différence
d’autres genres artistiques, le portrait est une négociation entre l’artiste et
le sujet, tandis que le produit final devrait être une limite posée à la
réalité. … Vous allez retrouver dans cette exposition les ainsi appelés
portraits d’apparat de Gheorghe Gheorghiu-Dej et de Nicolae Ceaușescu, dont
l’objectif était de souligner les atouts de pouvoir des personnages représentés.
Outre cela, trois thèmes artistiques, directement associés à l’image
officielle, dominent l’iconographie officielle: les portraits de
révolutionnaires, ceux qui montrent les visites de travail (sur le terrain) et
les portraits associés aux réussites du régime communiste, également visibles
dans cette exposition. »
Rappelons
que l’exposition « Entre
Gheorghiu-Dej et Nicolae Ceaușescu. Le portrait communiste dans les collections
du Musée de la ville de Bucarest » est ouverte jusqu’à la fin de ce mois au
Palais Suţu, un des sièges du Musée d’histoire de la ville de Bucarest. (Trad.
Ileana Ţăroi)