Le nouveau film de Radu Jude vient de sortir en salles
Cest la deuxième fois que le Conseil national de la cinématographie de Roumanie désigne un film de Radu Jude comme candidat aux Oscars, après « Aferim ! » en 2016. Pour rappel, cest pour « Aferim ! » que Radu Jude avait remporté l’Ours d’argent du meilleur réalisateur à Berlin en 2015.
România Internațional, 02.10.2018, 14:10
« Il m’est égal qu’on se souvienne de nous dans l’histoire en tant que barbares » a eu sa première mondiale cet été, lors du Festival de film de Karlovy Vary. Il y a gagné le Globe de cristal, le prix le plus important du festival qui se déroule en République tchèque.
Encensé par la presse internationale, le film raconte lhistoire dune reconstitution historique, celle du massacre dOdessa, pour un spectacle de rue. « Une attaque caustique et très actuelle sur la négation de lHolocauste en Roumanie et sur la myopie à légard de lhistoire », écrit le magazine Variety sur le film. « Un signal dalarme intelligent », « un interrogatoire provocateur, sarcastique et crucial entre le passé et le présent, dont laction avance vers une impasse ». Les formules sont nombreuses pour désigner le film de Radu Jude. Les critiques ont également remarqué le jeu de lactrice Ioana Iacob, considéré comme « captivant et naturel ». Nous avons discuté avec elle du défi de tenir le rôle principal dans ce film.
Ioana Iacob : « Le rôle a été très intéressant pour moi. La femme que jinterprète est une personne très informée, très décidée, qui nest pas disposée à faire de compromis dans sa démarche artistique. Cest une grande différence par rapport à sa vie privée, à la vie réelle, où elle nest pas du tout si sûre delle, elle nest pas si déterminée. Cest ce qui la rend humaine à mes yeux. Linterpréter a été passionnant. Le sujet quelle choisit de mettre en scène est encore un sujet délicat de notre histoire. Des générations entières ont été menties concernant les événements dOdessa, je crois quil est important den parler. »
Le massacre dOdessa a eu lieu pendant la Seconde Guerre mondiale, à compter du 22 octobre 1941, jour où lexplosion du Quartier général roumain dOdessa entraîne la mort de plusieurs officiers et sous-officiers roumains. Le général Ion Antonescu ordonne des représailles contre la population locale, en particulier les Juifs et les Tsiganes. Le nombre des victimes recensées durant les trois jours de terreur qui ont suivi varie selon les sources, entre 22.000 et 40.000 Juifs exécutés. Le titre du film est une citation dun discours tenu à lété 1941 par Mihai Antonescu, homme politique qui a occupé plusieurs fonctions au Conseil des ministres du général Antonescu.
Avec ce film, Radu Jude souhaitait offrir une réponse cinématographique à lhomme politique, construire « un pont à travers les décennies », selon la déclaration dintention du réalisateur. Sur sa participation à la production, Ioana Iacob avoue que : « Il y a plusieurs choses qui comptent pour moi et je peux dire que ce projet les réunit toutes. Cela fait longtemps que japprécie Radu Jude, jai vu tous ses films. Aussi, le personnage central mattirait beaucoup. Cest rare dans la vie dun acteur que tous ces éléments soient réunis, alors jai été vraiment heureuse quand jai appris que jallais jouer dans ce film. »
Avant de travailler avec Radu Jude, Ioana Iacob, actrice au Théâtre allemand dEtat de Timişoara, avait joué uniquement en allemand : « Radu Gabrea a été le premier réalisateur roumain avec lequel jai travaillé. Avant cette collaboration, javais joué dans quelques films en Allemagne. Mon premier rôle au cinéma était dans une production allemande. Ensuite jai joué dans ces films de Radu Gabrea, « Le Coq décapité » et « Gants rouges », les deux des adaptations de lécrivain allemand Eginald Schlattner. Cest donc la première fois que jai loccasion de faire un film en roumain. »
Pour plus dinformations sur le massacre dOdessa, nous vous invitons à retrouver cet épisode dans lémission Pro Memoria dédiée à ce sombre événement sur notre site Internet, rri.ro : (http://www.rri.ro/fr_fr/le_massacre_dodessa-2583598)
Trad. Elena Diaconu