Le musée du communisme de Târgoviște
Une
incursion dans la très complexe histoire de la ville de Târgoviste
(dans le sud de la Roumanie) ne serait jamais complète sans une
halte dans un des plus récents musées de la ville : le musée
du Communisme, aménagé dans l’ancienne base militaire située près
de la gare. Nous écoutons Ovidiu Cârstina, directeur du Complexe
national muséal de la Cour princière parler de ce musée et de son
histoire : « Certes,
il est de notoriété qu’en décembre 1989, les époux Ceausescu ont
été jugés et exécutés à Târgoviste, dans un bâtiment
construit au début du 20e
siècle pour abriter l’Ecole de cavalerie – un projet initié par
le roi Carol Ier.
L’école a fonctionné jusqu’en 1947, pour devenir ensuite base
militaire, soit l’Unité militaire UM 01417 de Târgoviste. »
Ion Puican, 06.12.2020, 15:10
Une
incursion dans la très complexe histoire de la ville de Târgoviste
(dans le sud de la Roumanie) ne serait jamais complète sans une
halte dans un des plus récents musées de la ville : le musée
du Communisme, aménagé dans l’ancienne base militaire située près
de la gare. Nous écoutons Ovidiu Cârstina, directeur du Complexe
national muséal de la Cour princière parler de ce musée et de son
histoire : « Certes,
il est de notoriété qu’en décembre 1989, les époux Ceausescu ont
été jugés et exécutés à Târgoviste, dans un bâtiment
construit au début du 20e
siècle pour abriter l’Ecole de cavalerie – un projet initié par
le roi Carol Ier.
L’école a fonctionné jusqu’en 1947, pour devenir ensuite base
militaire, soit l’Unité militaire UM 01417 de Târgoviste. »
Sachez
que la ville de Târgoviste est surtout connue pour son héritage
moyenâgeux, pour les lieux de culte et les ruines des cours
princières datant des 15e
et 16e
siècles, lorsque la ville était la capitale de la Valachie. Ovidiu
Cârstina nous fait part de l’idée derrière la création de ce
musée : « Vu l’intérêt croissant des touristes étrangers, nous avons
ouvert ce musée en 2013, suite à une décision du Conseil
départemental de Dâmbovita de permettre au grand public d’accéder
à cet espace étroitement lié à notre histoire récente. C’est un
endroit qui invite à réfléchir aux événements de 1989 et à
notre situation actuelle et à ce que nous voulons devenir à
l’avenir. Tous ceux qui franchiront le seuil de cette exposition que
nous avons nommé « Les métamorphoses d’un lieu de la mémoire »,
découvriront un intérieur entièrement préservé depuis le moment
du procès et de l’exécution des Ceausescu. L’exposition est
toutefois consacrée à l’idée de la métamorphose parce que nous
avons souligné la longue histoire de cet espace depuis l’époque de
l’Ecole de cavalerie et jusqu’au moment 1989. Notre grande chance a
été la délocalisation de la base militaire et la conservation
parfaite de ses locaux depuis 1990. »
Le
procès et l’exécution du couple dictatorial Nicolae et Elena
Ceausescu a eu lieu dans les circonstances des événements
révolutionnaires de Roumanie, déroulés du 16 au 25 décembre 1989.
La condamnation à mort a été prononcée par un tribunal militaire
exceptionnel. Les époux Ceausescu ont été placés en détention à
Târgoviste, dans les locaux de cette facilité militaire, du 22
décembre 1989, lorsqu’ils avaient perdu le pouvoir et fui Bucarest
et jusqu’au 25 décembre lorsqu’ils furent exécutés. Ovidu
Cârstina explique ce que les touristes peuvent voir actuellement :« Pratiquement, le visiteur, le touriste, découvrira 3 espaces
intérieurs qui ont été réaménagés en décembre 1989, du jour au
lendemain, pour ainsi dire : il s’agit d’une pièce où les
officiers du renseignement traitaient la correspondance spéciale et
dans laquelle ils ont été obligés d’introduire 3 lits pour
pouvoir héberger le couple dictatorial et leur garde de corps, un
l’officier de la Securitate, l’ancienne police politique. Ce dernier
les a accompagnés constamment, sans savoir qu’ils n’allaient pas
rentrer à Bucarest et qu’ils allaient séjourner à Târgoviste du
22 au 25 décembre, soit 4 jours et 3 nuitées. L’espace dans lequel
a eu lieu leur procès est assez familier pour de nombreux Roumains,
qui ont visionné le procès des Ceausescu la nuit du 25 au 26
décembre 1989. En plus, l’espace dans lequel il a été reçu pour
quelques minutes après le moment de la visite médicale avant le
procès est également reconnaissable. S’y ajoute l’extérieur, et là
je parle précisément du mur devant lequel les deux ont été
exécutés par balles et qui a été mis en valeur par les soins des
restaurateurs, pour que les visiteurs puissent voir les traces que
le peloton d’exécution a laissées. Certes, l’exposition proprement
dite est liée au désir des gens de découvrir cet espace, qui
s’inscrit dans toute une série de lieux symboliques de l’histoire du
communisme roumain parmi lesquels figurent la Maison du Peuple. Je
vous laisse découvrir dans les cahiers d’impressions ce que les
visiteurs pensent actuellement de la manière dont ce procès fut
mené, de l’exécution des époux Ceausescu et de ce qu’elle a
signifié pour la Roumanie ces 30 dernières années. »
Voilà
donc autant d’arguments pour franchir le seuil du musée du
Communisme de Târgoviste, une occasion de faire une incursion
inédite dans l’histoire récente de la Roumanie, de découvrir un
endroit symbolique, chargé aussi de controverses. Un voyage pour le
moins pas comme les autres. (trad.Alex Diaconescu)