Le film roumain « Touch Me Not » à New York
Le film « Nu mă atinge-mă » / « Touch Me Not », réalisé par Adina Pintilie, a été invité à participer au célèbre programme The Politics of Intimacy au Musée d’art Moderne de New York. Les sept projections du film ont eu lieu en présence de la réalisatrice Adina Pintilie et des acteurs Gritt Uhlemann et Christian Bayerling et ont été suivies par des discussions avec le public. La commissaire de l’événement a été l’influent médiateur culturel et critique de film Rajendra Roy, responsable du programme de cinéma du MoMA, et a bénéficié du soutien de l’Institut culturel roumain de New York.
Corina Sabău, 28.01.2019, 13:31
Le film « Nu mă atinge-mă » / « Touch Me Not », réalisé par Adina Pintilie, a été invité à participer au célèbre programme The Politics of Intimacy au Musée d’art Moderne de New York. Les sept projections du film ont eu lieu en présence de la réalisatrice Adina Pintilie et des acteurs Gritt Uhlemann et Christian Bayerling et ont été suivies par des discussions avec le public. La commissaire de l’événement a été l’influent médiateur culturel et critique de film Rajendra Roy, responsable du programme de cinéma du MoMA, et a bénéficié du soutien de l’Institut culturel roumain de New York.
Tourné durant dix semaines, entre 2015 et 2017, le film « Touch Me Not » réunit des acteurs professionnels et amateurs de toute l’Europe. A la frontière fluide entre fiction, documentaire et art visuel, le film expérimente courageusement, au niveau du contenu ainsi que du langage cinématographique. C’est une investigation très personnelle de l’intimité, de la sexualité et du besoin humain d’authenticité dans les rapports. « Le film essaie de saisir les strates de l’intimité. L’intimité est pleine de dangers. Le revers de l’amour est la haine, l’agressivité, l’incompréhension. Elles font toutes partie d’une même réalité intriquée. Je crois que notre manière de vivre l’intimité est déterminée par beaucoup de facteurs : l’éducation, la culture dans laquelle nous vivons, notre parcours. Pourtant, la réalité de l’interaction avec les autres dépasse tout cela, elle est bien plus complexe », a affirmé la réalisatrice Adina Pintilie.
Et elle d’ajouter que :« C’est de cette curiosité que le projet est né. Je me suis rendu compte qu’en fait, je ne sais pas grand chose sur l’intimité et sur la nature humaine, alors j’ai commencé une sorte de processus de réapprentissage et de redécouverte des manières parfois étonnantes de vivre l’intimité. J’ai collaboré avec des acteurs professionnels et non professionnels, avec des personnes qui n’avaient jamais travaillé dans le cinéma, mais qui s’intéressaient de près à cette zone de recherche. Le résultat est un mélange entre leurs histoires personnelles et des éléments fictionnels. Nous avons expérimenté avec le psychodrame, nous avons essayé beaucoup de choses qui ont mis en lumière précisément les mécanismes que nous appliquons dans nos relations sans même nous en rendre compte. En fait, tous les personnages se confrontent à cette contradiction entre le besoin d’intimité et la peur de s’engager dans une relation d’interdépendance qui les rendrait trop vulnérables. »
Ce n’est pas la première fois qu’Adina Pintilie situe son travail à la frontière entre la réalité et la fiction. Ses films sont jugés par la critique comme un phénomène à part dans le cinéma roumain. Ils se distinguent par leur style visuel profondément personnel, par la recherche menée autour du langage cinématographique et par l’examen sans compromis de la psychologie humaine. Adina Pintilie explique ce qui prime pour elle au moment de raconter une histoire avec les moyens du cinéma : « Au départ, on a eu un scénario qui a plutôt donné la structure de notre recherche. Il y a eu une histoire initiale qui nous a servi au moment du casting, mais le casting en question était plus adapté à un documentaire qu’à un film de fiction. A chaque fois, nous avons essayé de connaître la personne devant nous, nous avons utilisé les chansons chères à ces gens, leurs souvenirs, leurs rêves. C’est ainsi que nous avons trouvé les personnes pour démarrer cet atelier de recherche qu’a été « Touch Me Not ». Pendant ce processus, nous nous sommes servis de la fiction comme structure pour travailler avec des éléments réels. Comme l’intimité est une zone difficile pour beaucoup d’entre nous, y compris pour les participants au projet, le fait de travailler avec une structure fictionnelle a créé un espace protégé. Personne de l’équipe ne pouvait savoir ce qui était personnel et ce qui était fictif parmi les éléments utilisés dans le travail avec les acteurs. »
« Touch Me Not » a reçu l’Ours d’or au Festival de film de Berlin en 2018. « Ce n’est pas un film sur ce que le cinéma peut faire, mais sur là où il peut mener » a motivé le jury du Festival sa décision d’accorder le grand prix au film d’Adina Pintilie. (Trad. Elena Diaconu)