Le Festival du café
Cela fait quatre ans déjà que le centre-ville de Bucarest accueille au printemps, le Festival du café, un événement qui réunit trois jours durant, importateurs, amateurs et commerçants de cette boisson tellement appréciée en Roumanie. L’idée d’un tel festival date depuis pas mal d’années, à l’époque où on avait ressenti, sur le marché roumain, le besoin d’avoir affaire à un consommateur de café plus raffiné que celui des premières années de démocratie.
Christine Leșcu, 22.05.2019, 13:17
Silvia Constantin, organisatrice du festival, se penche sur l’essor que les cafés de Roumanie ont connu et sur la façon dont les goûts des clients ont évolué : « Ce fut en 2006 qu’on a mis en place l’Association du café de spécialité, membre de l’Association mondiale du café de spécialité. C’est un organisme qui s’occupe à organiser des compétitions de baristas, un terme italien qui signifie littéralement « personne derrière un bar », soit barman, et qui font partie des compétitions internationales. Du coup, on avait besoin d’une plate-forme pour organiser tous ces concours. Le Festival s’adresse à tous ceux qui souhaitent apprendre à boire correctement leur petit café, qui s’intéressent à la qualité des grains et qui veulent savoir les bonnes adresses pour se procurer du café fraîchement moulu. Donc, par ce festival, tout comme par tous les concours qu’on a lancés, on s’est proposé d’éduquer le consommateur. Ce fut là notre idée de départ. Il faut préciser qu’en 2006, quand on a créé l’Association, les Roumains ne consommaient que du café italien ou turc. A l’heure où l’on parle, on trouve en Roumanie pas mal d’endroits où le café est moulu sur place. Or ça, c’est nouveau et prouve que les choses changent. Après, les baristas aussi sont de plus en plus doués. »
Sur l’ensemble des variétés de café présentes sur le marché, les Roumains préfèrent notamment le café colombien et brésilien. Quant aux différents types de préparation, ils privilégient l’expresso et le latté. Pourtant, plus le choix est grand, plus les goûts et les habitudes changent. Si jadis les Roumains aimaient bien débuter leur journée par une grande tasse d’américano qu’ils dégustaient dans leur cuisine, de nos jours on est de plus en plus nombreux à acheter notre café pour le boire en route vers l’école ou le travail.
Silvia Constantin : « Cette habitude est une conséquence de l’apparition des « coffee shops » dont l’existence a influencé les habitudes des gens. Ils sont de plus en plus nombreux ceux qui préfèrent y entrer pour s’acheter un bon café plutôt que de le prendre, au boulot, dans une machine à café. Bien sûr, cela dépend aussi de leur niveau d’éducation et de leurs possibilités financières. Tout s’enchaîne. Les nouvelles générations, elles, préfèrent le café à emporter. Le week-end, les gens aiment sortir, prendre leur café en ville. Et puis, il y a aussi les bistros de quartier fréquentés par les habitués qui s’y rendent chaque matin, pour faire la causette pendant qu’ils ont droit à leur petit café. C’est une occasion d’échanger avec les voisins et cela n’arrive pas qu’à Bucarest, mais ailleurs aussi, à Cluj, par exemple, ou à Constanţa, Timişoara ou Iaşi. D’ailleurs, parallèlement au café, les petits bistros vendent aussi d’autres choses, en encourageant la vente du thé, du sirop ou des gâteaux. En fait, plus la consommation de café de spécialité augmente, plus d’autres affaires se développent aussi. »
Véritable occasion pour les cafés participants de mettre en avant leur amour pour cette boisson qui se décline à l’infini ou presque, le Festival du café, l’édition 2019, a eu lieu au cœur de la capitale, plus précisément à l’Auberge de Gabroveni. Trois jours durant, le café a embaumé l’air au centre-ville de Bucarest, en attirant clients, baristas et importateurs. Si les Bucarestois se sont abandonnés à la saveur d’un latté ou d’un allongé, les baristas, eux, ont fait la preuve de leur talent à l’occasion des championnats nationaux de Latte art, du café in a Good Spirit et de Cup Tasting, l’édition 2019. (Trad. : Ioana Stăncescu)