L’art naïf du milieu rural, à l’honneur au Musée du paysan roumain de Bucarest
Ion Puican, 22.10.2021, 11:15
Pour parler de cet événement intéressant, nous avons invité au micro Virgil
Nitulescu, manager du Musée du paysan roumain. Pour commencer, il nous dit comment
ce peintre a été découvert et ne quoi consiste l’inédit de cette exposition d’art
naïf : « Ion Burticală est un artiste méconnu du public actuel, en
2021. Il s’était fait connaître à la fin des années 1960 et au début des années
’70. Il s’est fait remarquer d’abord dans sa région d’origine, le département
de Dolj et dans ses alentours. Puis, il fut découvert par un critique d’art de
Bucarest, Radu Ionescu de son nom. Celui-ci s’est rendu compte du talent inné
de ce peintre et du fait que cela valait la peine de le promouvoir. Il a donc
collectionné de nombreux ouvrages de cet artiste, les faisant don, en 1999, à
notre musée, grâce à la forte amitié qui le liait à Horia Bernea, le directeur
du musée de l’époque. C’est à ce moment-là que les ouvrages d’Ion Burticală ont
été mis en valeur par une petite exposition dans notre musée. Certains ont été
publiés dans des revues spécialisées. Cette fois-ci, mes collèguesCosmin Manolache et Irina Pasima ont voulu
créer une exposition plus ample pour rendre connu ce peintre. Ils ont tenté de
montrer le contexte dans lequel Ion Burticală s’est affirmé, ils ont fouillé
dans les archives, dans les musées, dans les collections et ont fini par trouver
des documents très intéressants sur ce peintre d’art naïf et sur le mouvement
des créateurs d’art naïf qui était encouragé jadis par les autorités publiques.
»
Effectivement, à l’époque communiste, la peinture naïve était soutenue par
les autorités. Virgil Nitulescu, manager du Musée du paysan roumain, nous parle
de la vision du régime communiste sur ce type d’art, mais aussi sur la place d’Ion
Burticală dans l’art contemporain : « C’était une époque où les paysans
artistes étaient encouragés à travailler. Sans doute, cette attitude des autorités
publiques s’inscrivait dans la tradition de la culture prolétaire soviétique
des années ’50, lorsque l’on tentait de montrer qu’il ne fallait pas forcément
avoir des études universitaires pour être une valeur de l’art. Dans les années ’50
on propageait l’idée qu’un simple ouvrier pouvait faire des cours de soir et créer
aussi des inventions capables de renforcer la productivité du travail etc. Cette
tendance d’encourager l’art naïf est similaire à cette pratique. Mais à part
cela, il est évident que l’art naïf, partout dans le monde, est une
manifestation artistique digne de toute notre attention. Certains artistes ont
beaucoup de talent et leur vision du monde est très intéressante. Ion Burticală
en est un. Il n’avait pas une formation artistique, mais il avait le sens des
couleurs et un talent remarquable pour le dessin. Plusieurs critiques d’art
contemporains ont avoué été ravis par les créations d’Ion Burticală, d’avoir
découvert un peintre avec une vision fraîche, avec de la personnalité et d’avoir
redécouvert un climat de création artistique qui avait été jeté à l’oubli en
Roumanie, ces deux dernières décennies. »
Somme toute, Virgil Nițulescu se dit très fier du fait que le Musée du
paysan roumain de Bucarest ait organisé cette exposition d’art naïf, car elle
en dit long sur la vie rurale roumaine : « Je dirais que notre exposition
est très intéressante, puisqu’elle présente l’approche d’un musée de la
civilisation paysanne d’un phénomène artistique de son passé récent, une
approche professionnelle et minutieuse, offrant au public une vision assez ample
de la personnalité de cet artiste qui n’a pas été apprécié à son époque, mais
qui a été redécouvert et apprécié de nos jours ».
Suivez le Musée du Paysan Roumain de Bucarest sur son site http://www.muzeultaranuluiroman.ro
ou bien sur sa page Facebook pour découvrir les multiples facettes du monde
paysan roumain d’hier et d’aujourd’hui. (trad. Valentina Beleavski)