« Insultés. Bélarus/Biélorussie » – un projet de théâtre engagé
Une
quinzaine de théâtres de Roumanie et de République de Moldova se sont
rassemblés dans une action de solidarité sans précédent, se joignant au
mouvement international de lectures-spectacles Bélarus Worldwide Reading
Project. Tout est parti d’une pièce de théâtre écrite l’année dernière par le
dramaturge biélorusse Andrei Kureicik, lorsqu’il participait aux grands
rassemblements organisés à travers le pays pour protester contre l’élection
frauduleuse d’Alexandre Loukachenko. Le 12 septembre 2020, la pièce
« Insultés. Bélarus/Biélorussie » a été lue sur scène à Kherson, en
Ukraine. Ça a été le point de départ de ce projet mondial de lectures pensé par
John Freedman, le traducteur du texte en anglais. En quatre mois, la pièce a
été traduite en 21 langues et présentée dans plus de 80 théâtres de 28 pays, de
New York à Hong Kong, de Londres à Stockholm, et d’Amsterdam à Prague, en
passant par Tachkent ou Tbilissi.
Corina Sabău, 26.02.2021, 13:30
Une
quinzaine de théâtres de Roumanie et de République de Moldova se sont
rassemblés dans une action de solidarité sans précédent, se joignant au
mouvement international de lectures-spectacles Bélarus Worldwide Reading
Project. Tout est parti d’une pièce de théâtre écrite l’année dernière par le
dramaturge biélorusse Andrei Kureicik, lorsqu’il participait aux grands
rassemblements organisés à travers le pays pour protester contre l’élection
frauduleuse d’Alexandre Loukachenko. Le 12 septembre 2020, la pièce
« Insultés. Bélarus/Biélorussie » a été lue sur scène à Kherson, en
Ukraine. Ça a été le point de départ de ce projet mondial de lectures pensé par
John Freedman, le traducteur du texte en anglais. En quatre mois, la pièce a
été traduite en 21 langues et présentée dans plus de 80 théâtres de 28 pays, de
New York à Hong Kong, de Londres à Stockholm, et d’Amsterdam à Prague, en
passant par Tachkent ou Tbilissi.
Et c’est la journaliste et traductrice Raluca
Rădulescu qui a eu l’initiative du volet roumain du projet Bélarus/Biélorussie : « La pièce de théâtre
écrite par Andrei Kureicik parle du besoin de liberté des gens et des artistes
de Bélarus. C’est le metteur en scène Radu Ghilaș du Théâtre national de Iași, dont
Andrei Kureicik est un ami, qui m’a proposé de traduire le texte. Après, tout
s’est enchaîné rapidement, ils ont produit une lecture-spectacle et ensuite,
très vite, deux théâtres de Chișinău, en République de Moldova, ont également
présenté le texte, car c’était juste avant leurs élections et le sujet était
d’une grande actualité. En fin de compte, le théâtre a ce rôle social ou
devrait avoir ce rôle dans la vie de la cité. J’ai continué de mon côté à
suivre ce qui se passait au Théâtre national de Minsk, qui est pratiquement à
l’arrêt depuis six mois, malgré sa longue histoire de plus d’un siècle.
Justement, Andrei Kureicik parlait de ça, en disant que, même quand Hitler
avait envahi la Biélorussie, le théâtre national n’avait pas cesséson activité,
comme c’est le cas à présent. En fait, l’institution a un nouveau directeur,
mais n’a pas encore de nouvelle troupe. Les acteurs d’avant ont tous
démissionné et maintenant ils pratiquent leur art dans un sous-sol. Leurs
spectacles et leurs messages sont vues par le public, en plus tout est transmis
en ligne, mais ça ne se fait plus sous le nom du Théâtre national. »
Raluca
Rădulescu a été elle même surprise par la vitesse à laquelle tout s’est
déroulé, mais aussi par l’ampleur internationaleprise par le projet. Raluca Rădulescu
: « J’ai été ravie de
voir l’évolution de ce projet initié par John Freedman. Si, le 26 octobre
dernier, date de la première lecture-spectacle au Théâtre national de Iași, il
y avait environ 40 spectacles dans le monde, je crois que bientôt nous serons à
150. En comptant aussi la quinzaine de spectacles de Roumanie ! J’ai lancé le
marathon de lectures car il m’a semblé nécessaire de nous joindre d’une manière
tangible à cette action de solidarité théâtrale, artistique et civique.
Humaine, au bout du compte ! J’ai pris mon téléphone et j’ai commencé à appeler
des directeurs de théâtres de Roumanie, surtout de théâtres proches de leur
communauté, socialementengagés, par leur programmation. »
Et ses
appels ont payé ! 15 théâtres roumains se sont joints au projet avec leur
propre lecture-spectacle du texte d’Andrei Kureicik. Raluca
Rădulescu a imaginé un vrai marathon de lectures, durant le mois de février, où
chaque théâtre roumain présente sa version de la pièce « Insultés. Bélarus/Biélorussie
». La journaliste et traductrice Raluca Rădulescu revient sur les
retours qu’elle a eus sur le programme : « Cela a dépassé mes
attentes, je l’avoue. Au départ, je pensais que seulement cinq ou six théâtres
seront intéressés de prendre part au projet, je ne m’attendais pas à 15. Et la
grande surprise c’est que bien d’autres m’ont demandé s’ils pouvaient se
joindre à notre démarche. Les gens veulent montrer leur solidarité. Et c’est un
des objectifs premiers de ce projet, apprendre nous aussi, en Roumanie, à être
solidaires. Les premières lectures programmées en février ont eu le succès
escompté, mais dont on ne pouvait pas être sûrs. Je voudrais préciser que si
dans certaines villes les lectures ont lieu avec du public dans la salle, on
peut de toute façon les regarder toutes en ligne. Nous avons justement créé une
page Facebook pour réunir ces différentes versions d’Insultés. Bélarus/Biélorussie.
Vous pourrez les regarder toutes là-bas. »
Vous trouverez ces 15 lectures-spectacles sur la page Facebook du projet. Et regardez près de chez vous aussi, peut-être un ou plusieurs théâtres de votre pays participent eux aussi à ce
projet international, pour montrer leur soutien à l’opposition biélorusse. (Trad.
Elena Diaconu)