« iMigrate », ou quartre artistes roumains à la rechcerche de l’ »american dream »
En août
dernier, le groupe E T A J Artist Run Space a traversé l’océan pour
se rendre à Los Angeles (L.A.) aux États-Unis, dans le cadre d’une expérience
artistique et culturelle sur l’american
dream, l’émigration et la connexion avec le milieu artistique américain,
intitulée « iMigrate. Biologie des Transitions ». Quatre artistes roumains (Mircea Modreanu, Ilina
Schileru, Lucian Sandu Milea et Răzvan Năstase) ainsi que quatre artistes
américains ont mis sur pied, en un lapse de temps assez court, une exposition à
la galerie Durden and Ray de L.A. – un dialogue artistique, culturel
et idéologique roumano-américain.
Eugen Cojocariu, 26.09.2023, 13:19
En août
dernier, le groupe E T A J Artist Run Space a traversé l’océan pour
se rendre à Los Angeles (L.A.) aux États-Unis, dans le cadre d’une expérience
artistique et culturelle sur l’american
dream, l’émigration et la connexion avec le milieu artistique américain,
intitulée « iMigrate. Biologie des Transitions ». Quatre artistes roumains (Mircea Modreanu, Ilina
Schileru, Lucian Sandu Milea et Răzvan Năstase) ainsi que quatre artistes
américains ont mis sur pied, en un lapse de temps assez court, une exposition à
la galerie Durden and Ray de L.A. – un dialogue artistique, culturel
et idéologique roumano-américain.
Nous avons rencontré Mircea Modreanu,
l’initiateur du voyage et du projet, qui nous a déclaré:
« Je suis
allé aux Etats-Unis. L’idée était avant tout de traverser l’Atlantique avec un
sac sous le bras et de se mettre à produire là-bas. Je peux vous parler de mon
travail, de mes échecs et de mes réussites. En fait tout mon travail est parti
d’un échec que j’ai fini par transformer en réussite. L’idée c’était de se
rendre sur place, et Los Angeles est remplie de SDF et de poubelles. J’ai récupéré
beaucoup de détritus avec l’objectif d’en faire des moulage pour constituer un
bas-reliefs avec des négatifs des déchets sur les murs. J’ai œuvré au
ramassage de ces déchets pendant toute une semaine, j’ai acheté du plâtre et
j’ai constaté après coup qu’il était de mauvaise qualité et ne durcissait pas.
Après 5 jours cela ne fonctionnait toujours pas, il m’a donc fallu trouver une
autre stratégie. J’ai décidé de faire un autoportrait avec mon chien. J’ai
réutilisé tous les matériaux déjà récupéré pour en faire une installation qui
m’aiderait pour la photo. Je suis parti avec une valise sous le bras et j’ai
dessiné en chemin, j’ai fait quelque croquis. Notre processus artistique a
donné lieu à une exposition. Quatre artistes roumains, et quatre américains. Le
public a très bien accueilli l’exposition. Nous avons aussi pour projet
d’exposer ensuite en Roumanie, mais dans un autre format, tout en gardant les
quatre même artistes, mais en tenant compte de notre expérience
outre-Atlantique. Je gère aussi un espace appelé « E T A J Artist Run
Space » qui accueillera l’exposition. »
L’artiste visuel Ilina Schileru a partagé avec nous son
expérience au sein de ce projet. Elle nous raconte :
« Le voyage a duré deux semaines, du 6 au 19
septembre, avec un vernissage en plein milieu du séjour, le 12. Cela fait déjà
deux ans que nous avons pour projet d’exposer dans le cadre d’un projet artistique
collectif à l’étranger, aux Etats-Unis justement. Quel était le sujet ?
Nous avons abordé des thèmes comme la migration en imaginant ce que cela
représenterait pour nous de faire nos bagages en une journée en quittant tout
comme ça du jour au lendemain pendant une période de crise. Et nous avons
dressé un parallèle d’une certaine façon. Nous avons aussi fait référence à tous
ces Roumains qui ont quitté et continuent de quitter notre pays depuis les
années 1990, afin d’aller trouver du travail dans le reste de l’Europe, en
Espagne ou en Italie surtout. C’est finalement comme cela que s’est créée notre
diaspora qui n’a fait que croître depuis lors. Puis il y a ce mythe de
l’artiste qui n’est pas prophète en son pays et doit partir ailleurs pour
essayer de faire ses preuves. Voilà, pour ce projet nous étions quatre artistes
roumains et quatre américains. Nous sommes partis avec une seule valise et
chacun d’entre nous a réfléchi à comment faire passer notre message avec le
moins de matériel possible. Nous ne sommes pas partis du principe que nous
aurions de l’argent pour ce voyage et notre projet. »
Ilina Schileru a brièvement passé en revue les quatre
propositions artistiques faites par chacun des participants:
« J’ai
réalisé un dessin au fusain dans lequel j’ai imaginé une sorte de carte mentale
d’un univers parallèle. Comment les choses se seraient-elles passées si mes
grands-parents avaient immigré aux Etats-Unis dans les années 1950 au moment de
leur mariage ? J’ai mis sur cette carte toutes les informations que
j’avais collectées durant mon parcours. En théorie, nous avons commencé à
réfléchir à ce projet au moment où nous avons pénétré dans le hall de
l’aéroport Otopeni de Bucarest. Nous sommes partis du principe qu’en entrant en
contact avec les autres voyageurs, y compris à Istanbul, nous allions nous
inspirer aussi de leurs récits. Lucian a pris beaucoup de vidéos et a
reconstitué en réalité virtuelle une grande partie de ce voyage, y compris nos
visites au supermarché. Razvan qui est photographe a fait un projet en
cyanotype. Je sais qu’il s’est promené autour du bâtiment de Bendix dans lequel
nous avons exposé, et il a été surpris par la diversité commerciale proposée.
C’était comme un immense marché Obor, beaucoup plus étendu. Mircea voulait
quant à lui réaliser une œuvre en plâtre, mais puisque dans ce genre de projet
il s’agit aussi de s’adapter, nous nous sommes rendus compte qu’il fallait
utiliser un type de plâtre bien particulier. Lui avait récupéré du plâtre qui
non seulement de séchait pas, mais qui de surcroit était très fragile. Il a
donc dû reconstruire, repenser l’ensemble de son projet et c’est ainsi que lui
est venue l’idée de peindre, tout en mettant sur pied une installation qui
intégrerait ces sacs de plâtre, dont six n’avaient pas été ouverts. »
Si l’exposition s’est achevée début septembre, vous pouvez tout de même retrouver des photos
pour vous faire une idée sur la page Facebook du projet E T A J Artist Run Space qui continue son voyage vers de
nouvelle aventures artistiques.
Fromenteaud)