« Epidémies dans l’histoire des Etats roumains. Témoignages documentaires »
Ion Puican, 08.12.2021, 13:38
Fin octobre – début novembre, le Musée national d’histoire de Roumanie a
marqué les 190 ans depuis la création des Archives nationales de la Roumanie.
Les deux grandes institutions ont réuni leurs forces et proposé au public une
exposition sur une thématique de grande actualité : les épidémies dans
l’histoire des Etats roumains.
Cristina Paiusan est chercheuse au Musée national d’histoire de la Roumanie
et elle explique les moments extraordinaires que l’exposition propose à
découvrir : « A 190 ans depuis la constitution des Archives, nos
collègues de cette institution ont proposé l’exposition « Epidémie dans
l’histoire des Etats roumains » qui est, je crois, une exposition sur
l’espoir, sur la manière dont les Roumains qui vivaient en Valachie et en
Moldavie ont subi à travers les siècles, les épidémies de ces périodes allant
du 17e au 21e siècle. Pensez qu’il s’agissait de maladies
telles la peste ou le choléra qui ont été les épidémies les plus terribles sur
notre continent, et la Valachie et la Moldavie en ont été plus ou moins
frappées à maintes reprises. Ces maladies causées par des bactéries avaient un
taux de mortalité très élevé. Une exposition sur l’espoir. Pourquoi ?
Parce que, voyez-vous, autour de l’année 1650, lorsque la première épidémie de peste
a été mentionnée dans un document qui existe de nos jours encore, une
quarantaine est mise en place, accompagnée par la désinfection de toutes les
maisons des personnes malades, qui étaient d’ailleurs isolées et soignées avec
les médicaments qui existaient au 17e siècle. Evidemment, elle était
différente de beaucoup par rapport à ce qui existe de nos jours, au 21e
siècle. Les règles étaient extrêmement claires et tous ces documents préservés
dans les entrepôts des Archives nationales font partie de notre patrimoine. Et
à mon avis, nous devons savoir maintenant, lorsque nous traversons une période
difficile, que nos ancêtres se sont heurtés pendant des siècles à de telles
épidémies, pas des pandémies parce qu’à l’époque ce vocable n’existait pas.
L’idée, c’est que des efforts considérables étaient faits pour les isoler.
Pensez que pendant des centaines d’années, lorsque les voyageurs en provenance
du sud du Danube, de l’Empire ottoman, arrivaient dans les pays roumains, ils étaient
placés en quarantaine à Galaţi et à Brăila si des épidémies de peste et de
choléra étaient signalées. C’était quoi, la quarantaine ? C’était la
désinfection de toutes les marchandises qui circulaient sur le Danube et l’isolement
entre 5 et 14 jours de tous les voyageurs. A l’époque on pensait que la période
durant laquelle ils développaient de symptômes allait de 5 à 14 jours et alors,
malheureusement pour eux, ils étaient obligés de rester sur leur bateau ou bien
des espaces leur étaient mis à leur disposition dans les ports de Valachie et
de Moldavie, justement afin d’éviter la propagation de ces épidémies. »
Cristina Paiușan a également parlé de la dernière grande épidémie du début
du 20e siècle : « Pensez aussi que la dernière épidémie,
de choléra, peu connue d’ailleurs, à avoir frappé les Roumains, a eu lieu
durant la Seconde guerre balkanique, c’est-à-dire en 1913, lorsque l’armée
roumaine est intervenue dans ce conflit. Ce fut une campagne facile, comme une randonnée,
comme le disaient les soldats, jusqu’à ce que les premiers cas de choléra soient
apparus. Eh bien, toute l’histoire est devenue beaucoup plus compliquée, parce
que ces milliers et dizaines de milliers d’hommes partis au sud du Danube
devaient rentrer uniquement après de minutieux contrôles médicaux et après une
période de quarantaine, vu que le choléra constituait un danger sérieux. Pensez
que seulement 100 ans sont passés depuis cette épidémie qui a tué beaucoup plus
de personnes que la guerre en tant que telle. La deuxième guerre balkanique n’a
pas eu beaucoup de batailles, au contraire. Et celui qui a coordonné ce combat
contre le choléra, le docteur Jean Cantacuzène, a joué un rôle extrêmement
important. Le médecin Victor Babeş a également eu une contribution massive
puisqu’à l’époque pas moins de 900 000 vaccins contre le choléra ont été administrés »,
a précisé Cristina Paiușan au micro de RRI.