« Entre les révolutions » de Vlad Petri, prix FIPRESCI à la Berlinale
Entre les Révolutions (Between Revolutions), deuxième long métrage documentaire du Roumain, Vlad Petri, a remporté récemment le Prix FIPRESCI de la Fédération internationale de la Presse cinématographique, dans le cadre de la section Forum du Festival internationale du film de Berlin.
Corina Sabău, 28.03.2023, 13:43
Entre les Révolutions (Between Revolutions), deuxième long métrage documentaire du Roumain, Vlad Petri, a remporté récemment le Prix FIPRESCI de la Fédération internationale de la Presse cinématographique, dans le cadre de la section Forum du Festival internationale du film de Berlin.
Imaginé sous la
forme d’un documentaire, le long-métrage suit la correspondance entre une
Roumaine et une Iranienne ayant vécu sous deux régimes différents, celui de
1970 et celui de 1980. C’est un film qui met en lumière les similitudes et les
différences entre l’Iran et la Roumanie. L’approche est poétique, elle laisse
la place aux interprétations et le montage est si bien fait qu’il permet au
film de révéler toute sa force. Ce sont les mots par lesquels le jury du
festival a motivé son choix. La section Forum inclut des films d’une esthétique
particulière, qui se proposent à porter un regard différent sur le langage
cinématographique, mais aussi sur le discours socio-artistique. Vlad Petri se
dit très attaché aux sujets politiques et sociaux. Ses productions, à la
frontière entre le documentaire et la fiction, ont participé à de nombreux
festivals de film comme celui de Berlin, de Rotterdam, de Srajévo ou encore de
Jihlava.
Entre les révolutions repose sur des documents issus
des archives et met en lumière les vies et le destin des deux femmes, une
Roumaine et une Iranienne, amies et collègues à la faculté de Médecine de Bucarest,
dans les 1970. En 1979, au moment où le changement de régime iranien devient
une certitude, Zahra quitte sa copine et retourne dans son pays, pour faire la
révolution. Dix ans durant, leur seul moyen de communiquer sera par écrit, à
travers des lettres qui décrivent le combat mené par les femmes pour faire
entendre leurs voix.
Vlad Petri nous raconte comment l’idée d’un tel film lui
est venue:
Je suis parti pour faire ce film en pensant aux
histoires que ma mère me racontait sur sa vie estudiantine. Et je fus curieux
d’observer les changements politiques et révolutionnaires à travers le regard
d’une femme. Je profite pour rappeler la contribution extraordinaire de
l’écrivaine Lavinia Braniste à ce projet, car c’est elle qui a écrit les
lettres de mes deux protagonistes. Moi, j’ai voulu revisiter l’histoire du
point de vue des femmes ayant vécu leur jeunesse dans les années 80, comme ce
fut le cas de ma mère. Et, j’ai voulu présenter aussi bien la perspective des
femmes de Roumanie que d’Iran. En fait, je me suis proposé de remettre dans le
contexte des images et des histoires présentées par des hommes durant les
régimes paternalistes iranien de Ruhollah
Khomeini et roumain, de Nicolae Ceausescu. Mon film est un mélange de poésie et
de politique et j’aime bien cet aspect. En parlant de ce côté poétique, j’avoue
que cela fait des années que je suis fasciné par le cinéma iranien, notamment
par Abbas Kiarostami
et Mohsen Makhmalbaf, dont les films respirent la poésie. Voilà pourquoi
j’ai considéré important de rappeler le nom de Forugh Farrokhzad, poète,
cinéaste et féministe qui s’est battue pour les femmes iraniennes dont les
droits continuent à être ignorés ».
Vlad Petri est triple gagnants des Prix GOPO. En 2015,
son documentaire Bucarest, où es-tu? a remporté le prix du meilleur film de
début. Six ans plus tard, son court-métrage documentaire Le cerf est passé
devant moi remporte le trophée GOPO, un prix qu’il se verra accorder en 2022
aussi pour Le même rêve.(Trad. Ioana Stancescu)