Conférences et école d‘été à Telciu
Situé à 120 km de la ville de Cluj-Napoca, au pied des monts Rodnei, le village de Telciu accueille depuis 2012 une initiative éducationnelle et culturelle pas comme les autres. Tout a commencé par des conférences universitaires. Vu leur très grand succès, 4 ans plus tard, en 2016, voyait le jour l’Ecole d’été de Telciu, suivie par la création du Centre pour l’Etude de la modernité et du monde rural.
Christine Leșcu, 17.09.2019, 14:21
En 2019, cette Ecole d’été en est arrivée à sa 4e édition, qui s’est déroulée du 11 au 18 août. Anastasia Oprea, coordinatrice de projets et des relations publiques de l’Ecole d’été de Telciu nous parle des débuts de cette initiative et de son évolution : « Son évolution a été progressive. Il y a eu tout d’abord des conférences internationales avec les étudiants et les professeurs. Puis, nous avons constaté qu’il fallait prolonger la durée que nos invités passaient à Telciu pour pouvoir leur offrir le temps de discuter à fond les thématiques proposées et d’interagir. Parmi nos invités il y a non seulement des étudiants et des professeurs, mais aussi des journalistes et des activistes. Ils viennent de Roumanie et de l’étranger, ce qui donne l’occasion d’avoir un échange d’idées critiques très intéressant. C’est Valer Simion Cosma, un historien de Cluj né à Telciu, qui a eu l’idée de créer le Centre pour l’Etude de la modernité et du monde rural. Notre événement a donc un caractère universitaire, culturel et artistique. Nous souhaitons montrer surtout que les villes ne sont pas les seuls centres de la modernité. Ce n’est pas uniquement en ville qu’il est possible de faire un échange d’idées. »
Cette année, le thème de l’école d’été de Telciu s’intitulait « Race, souverainetés et pensée du sud-est ». Parmi les invités étrangers qui y ont tenu des conférences ont figuré Julie Klinger, assistante d’université à Frederick S. Pardee School of Global Studies aux Etats-Unis et Don Kalb, professeur au sein du département d’anthropologie sociale de l’Université de Bergen en Norvège et à l’Université d’Utrecht aux Pays-Bas. S’y sont ajoutés des professeurs roumains de renom qui enseignent en Allemagne et en Grande Bretagne. L’objectif des conférences et de l’ensemble des activités de l’Ecole d’été de Telciu, était de rapprocher la culture du monde rural. Anastasia Oprea ajoute : « Nous organisons aussi des ateliers destinés aux enfants. Par exemple, il y a eu un cours d’anglais enseigné par des méthodes alternatives, puis un atelier de percussion, un autre de jonglerie ou encore un atelier d’animation en stop-motion. Toutes ces activités sont gratuites pour les habitants du département et du village. Nous essayons donc d’apporter les activités pratiquées en ville dans le monde rural ».
Il faut dire aussi que les événements organisés à Telciu ne se limitent pas à cette Ecole d’été, aux conférences et aux ateliers mentionnés. Anastasia Oprea nous présente d’autres activités culturelles qui ont lieu dans ce village : « Un 3e projet de résidence artistique et de création, intitulé « Recueillis à Telciu » invite les habitants du village à assister à la création de produits artistiques. Nous invitons des couples d’artistes ou de chercheurs à passer un mois chez nous pour réaliser ensuite des textes pour des spectacles de théâtre ou des documentaires. Lors d’une résidence consacrée à l’art visuel, un artiste et une pédagogue ont travaillé avec les enfants d’une commune voisine pour réaliser un album de bande dessinée en utilisant la technique du collage. Nous voulons faciliter le dialogue entre les gens qui viennent de la ville, du milieu académique ou artistique, et la communauté du village, parce qu’il existe trop d’inégalités entre les centres urbains et le monde rural. »
La place de la culture n’est pas uniquement en ville. Les habitants du milieu rural ont eux aussi le droit d’en bénéficier. C’est le message que le village de Telciu souhaite transmettre au monde entier. (Trad. Valentina Beleavski)