Art Safari dans un espace non conventionnel
Les voyageurs de passage à l’Aéroport Henri Coandă peuvent profiter de l’expo intitulée Art Safari Airport Museum, ouverte dans la zone d’embarquement de cet aéroport qui dessert la capitale roumaine. Ioana Ciocan, directrice générale du Pavillon d’Art Bucarest — Art Safari, nous parle de cette initiative inédite pour le monde aéroportuaire roumain :
Ion Puican, 16.04.2021, 14:36
Les voyageurs de passage à l’Aéroport Henri Coandă peuvent profiter de l’expo intitulée Art Safari Airport Museum, ouverte dans la zone d’embarquement de cet aéroport qui dessert la capitale roumaine. Ioana Ciocan, directrice générale du Pavillon d’Art Bucarest — Art Safari, nous parle de cette initiative inédite pour le monde aéroportuaire roumain :
« L’aéroport, tout comme la gare et le métro, constituent des endroits de choix pour entrer en contact avec le public. Je me suis d’ailleurs souvent demandée ce que l’on souhaitait communiquer au voyageur, qu’il soit roumain ou étranger, à celui qui descendait à l’aéroport international Henri Coandă. Et, je ne vous le cache pas, j’avais souvent été déçue par les réponses qui me parvenaient. Parce que, voyez-vous, cela fait 8 ans, et je dis bien 8 ans, depuis que nous avons pour la première fois proposé un partenariat à l’administration de cet aéroport. Et puis, à chaque fois, nous avons reçu une fin de non-recevoir. Finalement, c’est en nous entêtant que nous y sommes arrivés, et que ce projet de musée dans l’aéroport a enfin pu voir le jour. »
Nous avons également abordé avec Ioana Ciocan le thème de la périodicité avec laquelle une telle expo peut prendre corps, mais également celui du défi représenté par la mise à bien d’une telle entreprise. Ioana Ciocan :
« Nous envisageons de faire tourner les expos une fois tous les six mois. Car tout musée se doit d’être vivant, pas seulement le musée Art Safari de l’aéroport international Henri Coandă. Alors, tous les six mois, vous aurez l’occasion d’admirer une nouvelle collection, de nouvelles œuvres, des expos thématiques aussi. La compagnie des aéroports de Bucarest est notre partenaire. La première exposition, qui est vouée à demeurer là pendant 6 mois, a été mise sur pied en partenariat avec le Musée de la ville de Bucarest. Forcément, faire changer de place à des œuvres d’art, c’est toujours un défi, même si, au fond, les toiles sont appelées des biens culturels mobiles, parce que, justement, elles devraient pouvoir circuler. Parce qu’une toile vit sa vie pour autant qu’un regard se pose sur elle, et sûrement pas lorsqu’elle se voit enfermer dans une réserve. Et c’est pour cette raison que je remercie nos partenaires du Musée de la ville de Bucarest, qui nous ont fait confiance, et qui ont pris fait et cause pour que l’on puisse dépasser les barrières qui rendaient le changement de lieu des tableaux extrêmement pénible. Et je ne puis que souhaiter que d’autres musées rejoignent l’initiative et s’ouvrent à de tels partenariats, pour que le public, un public aussi large que possible, puisse découvrir les trésors de l’art roumain, qui jusque-là étaient restés cachés dans les musées. Pour la sécurité de l’exposition et des toiles exposées, nous avons certes dû confectionner un cadre sûr et sur mesure – des vitrines appropriées. Ce n’est qu’ainsi que nous avons pu garantir, comme il se doit, la sécurité des œuvres et aussi une bonne expérience pour le visiteur. »
Nous avons poursuivi notre échange sur le type d’oeuvres qui peuvent être admirées à l’aéroport Henri Coandă, pour arriver, vers la fin de notre entretien avec Ioana Ciocan, à souhaiter l’intégration du nouveau musée aéroportuaire roumain dans le circuit muséal des grands aéroports du monde. Ioana Ciocan :
« Le choix des œuvres que nous avons mises en valeur à cette occasion a été réalisé en partenariat avec le Musée de la ville de Bucarest. La moitié des œuvres choisies provient des réserves de la Pinacothèque de Bucarest qui, dépourvue, en ce moment, d’un espace propre d’exposition, a sauté sur l’occasion, pour faire valoir son patrimoine. L’autre moitié des œuvres exposées est assurée grâce à la bienveillance des collectionneurs privés, de ceux qui ont accepté de prêter les œuvres importantes d’artistes contemporains qu’ils détiennent à Art Safari Airport Museum. Nous pouvons donc nous enorgueillir de disposer d’œuvres appartenant au patrimoine national, mais aussi d’œuvres d’art contemporain, qui est également bien représenté au sein de l’exposition, et qui sera en place jusqu’au 30 septembre prochain. Art Safari n’a certes pas inventé la roue. Avec une trentaine d’années de retard, nous avons enfin réussi à faire exposer l’art dans un aéroport roumain. Car la plupart des grands aéroports du monde comptent un espace dédié à l’art, à l’art authentique cela s’entend, et non pas aux reproductions. Cette formule a fait des émules, depuis Athènes jusqu’à San Francisco, depuis Pékin jusqu’à New York, quasiment dans tous les grands aéroports du monde. Cosmin Peșteșan, directeur de l’Aéroport international Henri Coandă, nous avait soutenu dans notre démarche. En cette période difficile que l’on traverse tous, il a fait sienne l’idée d’offrir un peu de joie et d’espoir aux voyageurs d’aujourd’hui et puis, espérons-le, aux voyageurs de demain, au moment où les frontières s’ouvriront à nouveau et que l’on pourra reprendre notre vie normale », a précisé notre interlocutrice, Ioana Ciocan.
(Trad. Ionut Jugureanu)