Anton Pann
Il a également été un personnage légendaire dont l’influence se fait toujours sentir dans les localités où il a vécu : à Braşov, à l’Ecole et à l’église du quartier de Şchei, à Râmnicu Vâlcea et même à Bucarest, où sa maison transformée en musée est ouverte au grand public depuis novembre 2018. A en croire les documents, Anton Pann est né en 1796, à Sliven, en Bulgarie, et il a consacré une grande partie de sa vie aux voyages dans différents pays et régions avant de s’établir à Bucarest, dans la banlieue de Lucaci. C’est là qu’il s’est acheté la maison récemment transformée par les soins du Musée national de la littérature en musée. Dans les minutes suivantes, Madalina Schiopu nous propose une visite guidée de l’édifice :
Christine Leșcu, 24.03.2020, 14:48
« Quand Anton Pann y a emménagé, la maison était déjà construite et à en croire son propriétaire, elle comportait quatre pièces. Deux d’entre elles étaient côté rue, vis-à-vis de deux ou trois autres maisons, englouties par de grands jardins. Les champs s’étalaient derrière toutes ces bâtisses érigées dans la banlieue de Lucaci. »
Le nom d’Anton Pann se rattache aussi à la création des paroles de l’actuel hymne national, « Réveille-toi, Roumain ! » qui fut inspiré au poète Andrei Muresanu par un poème religieux du rhapsode. Notre guide, Madalina Schiopu, se penche sur l’activité religieuse d’Anton Pann :
« Il fut une des personnalités importantes de l’Eglise orthodoxe puisqu’il a gagné sa vie en tant que professeur de musique sacrée. Il enseignait la théorie religieuse des psaumes dans les églises bucarestoises et celles des alentours. Ensuite, on ne saurait ignorer le rôle qu’Anton Pann a joué dans la littérature roumaine. Il est l’auteur de « L’Histoire de la parole » et des « Ruses de Nastratin Hogea ». Ces deux volumes, tout comme ses recueils de poèmes, ont été imaginés dans cette maison même où, semble-t-il, Pann avait aménagé une petite pièce pour écrire et une terrasse pour sortir le soir et jouer de la guitare. »
Décédé en 1854, Anton Pann a légué sa maison de Bucarest à l’Eglise de Lucaci qui, malheureusement, l’a négligée jusqu’à ce que la demeure tombât en ruine. Heureusement, le Musée de la Littérature roumaine a décidé de s’investir pour en faire un musée. Les efforts ont été soutenus, affirme Madalina Schiopu.
« L’actuelle maison ne ressemble plus à celle du passé dont l’état de dégradation était tel que seuls les piliers sont restés debout. On a donc tout fait reconstruire sur les lieux de l’ancienne demeure. Il suffit de franchir le seuil du musée et de regarder les objets qui s’y trouvent pour se rendre compte de la personnalité et de l’œuvre d’Anton Pann. Il y a, par exemple, un zootrope et praxinoscope, deux jouets optiques ayant précédé la cinématographie moderne et que les enfants pouvaient utiliser pour regarder des dessins en mouvement avec les personnages créés par Anton Pann. Les instruments de musique sont une autre attraction. Il s’agit d’une collection de 23 instruments datant de l’époque des princes phanariotes, du début du XIXème siècle. Chaque instrument est prévu d’un casque qui permet d’entendre le son qu’il faisait. Parmi tous ces instruments, la plupart orientaux, les visiteurs peuvent découvrir aussi quelques instruments roumains tels la cobza, une sorte de luth, ou encore le cymbalum.
Avec sa multitude de dispositifs interactifs, le Musée Anton Pann se veut un endroit ludique qui attire les jeunes visiteurs, notamment par un tour guidé conçu à leur intention. Madalina Schiopu :
« Il s’agit d’un tour des objets. Chaque mois, on choisit un objet parmi ceux qui sont exposés et à partir de cet objet-là, on esquisse le contexte historique et on s’attarde sur les personnalités qui s’en sont servi. Par exemple, une machine à imprimer. Un tel objet nous permettrait de parler de l’histoire de l’imprimerie dans le monde. A part les tours guidés, on met en place différents ateliers à l’intention des enfants de 6 à 14 ans. On essaie de s’adapter à l’âge de nos jeunes visiteurs et de les attirer vers nous par des histoires et des anecdotes. Pour les tout-petits, on a fait des ateliers basés sur les Ruses de Nastratin Hogea et sur la morale qui s’y dégage et on les a encouragés à dessiner. Après, on a mis en place des ateliers de muséographie pour expliquer aux enfants ce qu’un musée veut dire et l’activité dans un tel établissement. C’est important qu’ils comprennent que derrière les expositions permanentes et visibles, il y a tout un univers caché. Pour les fêtes, on a mis en place des ateliers de cantiques basés sur ceux écrits par Anton Pann. Et puis, en mars, on a fait des ateliers de création de martisoare. Et la liste continue ».
(Trad. Ioana Stancescu)