Ambulance pour les monuments
La Commission européenne a récemment révélé la
liste des 21 programmes et activités culturelles qui se sont vu décerner en
2020 les Prix européens du Patrimoine / Prix Europa Nostra. Parmi les lauréats
figure aussi le projet roumain « Ambulance pour les monuments »,
primé dans la section Éducation, Formation et Sensibilisation. L’ONG locale
Asociatia Monumentum a lancé ce projet en 2016 afin de sauver des centaines de
bâtiments historiques de Transylvanie. Elle a formé des étudiants dans l’emploi
des métiers traditionnels de construction et a attiré l’attention des
communautés locales sur l’importance des monuments de leurs localités.
Christine Leșcu, 29.05.2020, 14:52
La Commission européenne a récemment révélé la
liste des 21 programmes et activités culturelles qui se sont vu décerner en
2020 les Prix européens du Patrimoine / Prix Europa Nostra. Parmi les lauréats
figure aussi le projet roumain « Ambulance pour les monuments »,
primé dans la section Éducation, Formation et Sensibilisation. L’ONG locale
Asociatia Monumentum a lancé ce projet en 2016 afin de sauver des centaines de
bâtiments historiques de Transylvanie. Elle a formé des étudiants dans l’emploi
des métiers traditionnels de construction et a attiré l’attention des
communautés locales sur l’importance des monuments de leurs localités.
L’architecte Eugen Vaida, initiateur du
projet, sur les débuts de cette initiative : « On a commencé par
six interventions effectuées dans le sud de la Transylvanie avant de nous
diriger vers le Banat aussi, par l’intermédiaire de l’Association pour un
Patrimoine actif. L’année dernière, on a mis en place deux autres Ambulances
pour les monuments, l’une à Salaj et l’autre à Arad. D’ici la fin de l’année,
on espère élargir notre champ d’activité à la Moldavie, au nord de la Valachie
et à l’ouest de l’Olténie. Nous, on intervient sur des édifices déjà classés monuments
ou appartenant au patrimoine. Au sein de l’Association pour un Patrimoine
actif, on déroule aussi des projets de restauration des bâtiments vernaculaires
non listés qui ne bénéficient pas de l’intervention de l’Ambulance. Celle-ci
s’occupe notamment des églises en bois, des églises fortifiées, des ruines daciques
ou encore des sites archéologiques. On s’est penché aussi sur des moulins à eau.
On essaie d’intervenir sur tous les types de monuments historiques. »
Les chantiers ouverts en Transylvanie par
l’Ambulance pour les monuments réunissent des experts bénévoles issus de
différents domaines tels des architectes restaurateurs, des ingénieurs en
bâtiment, des étudiants, des historiens et des maîtres artisans. Sans se
traduire par des travaux complets de restauration, les interventions ont le don
de sauver les bâtiments de la dégradation, en attendant la réparation complète
du monument en question.
Eugen Vaida : « Notre rôle est
d’empêcher que des édifices déjà dégradés ne se dégradent davantage, car
beaucoup sont sur le point de s’écrouler. Nos équipes de professionnels ont
travaillé à remplacer les toits endommagés, à protéger les murs contre
l’effondrement, à mettre en place un drainage adéquat des eaux et à stabiliser
les peintures murales. A l’heure où l’on parle, on est déjà intervenus sur 32
monuments historiques. Dans le cas de vastes ensembles architecturaux, nous ne sommes
intervenus que ponctuellement, sur un seul bastion ou un seul mur. Les édifices
sauvés se retrouvent tous en Transylvanie et à partir de cette année on
élargira nos travaux dans d’autres régions aussi, à l’extérieur des Carpates.
Ce sera un véritable défi à relever puisqu’on se heurtera à d’autres
mentalités. Mais bon, on espère pouvoir sauver tout le patrimoine de la Roumanie,
pas seulement celui de la Transylvanie ».
Comment l’Ambulance des monuments
intervient-elle concrètement ? Eugen Vaida explique : « On
essaie de respecter le plus possible la technologie traditionnelle. Mais, dans
certains cas, nous sommes tenus d’employer des matériaux contemporains compatibles
avec ceux utilisés initialement. C’est ça, le défi d’une restauration. Lors de
la remise des prix, le jury a motivé son choix en nous félicitant pour la
sensibilité avec laquelle on est intervenus sur les monuments et sur la façon
dont on a su préserver leur authenticité. A titre d’exemple, nous sommes contre
le revêtement des monuments en béton, une procédure qui porte atteinte aux
édifices. Alors, on se bat pour préserver les toits en bardeaux. On mène des
études et des recherches en ce sens, afin de conserver les toitures
traditionnelles que ça soit celles d’il y a 50 ans ou celles d’il y a 200 ans.
Nous sommes donc très attentifs quand on choisit nos matériaux ».
La compétition pour les Prix du patrimoine /
Prix Europa Nostra, se poursuit jusqu’en septembre quand trois gagnants
recevront également le Prix du Public au terme d’un vote en ligne effectué
jusqu’au 1er septembre, via le site Internet d’Europa Nostra, à
l’adresse https://vote.europanostra.org/.
Et
puis, toujours en septembre, sept des 21 projets déjà récompensés se verront
attribuer sept Grands prix. Bien évidemment, « l’Ambulance des monuments »
espère remporter l’une de ces distinctions importantes. (Trad. Ioana Stancescu)