L’invité du jour – le professeur Ion Pop, théoricien de l’avant-garde littéraire
Comment faire pour bien commencer sa journée ? Une idée serait de prendre une bonne tasse de café ou de thé en compagnie d’un interlocuteur merveilleux. RRI a le plaisir de vous faire la connaissance du professeur des universités Ion Pop, fin connaisseur de l’avant-garde roumaine.
România Internațional, 07.08.2013, 13:20
Né le 1er juillet 1941 dans la commune de Miresu Mare, au cœur du Maramures, dans le nord du pays, Ion Pop s’impose dans le paysage littéraire roumain en tant que théoricien de l’avant-garde, poète, critique et historien littéraire. Il fut également doyen de la Faculté des Lettres de l’Université Babes Bolyai de Cluj et directeur du Centre culturel roumain de Paris. Bien que le régime communiste ait considéré avec mépris le mouvement avant-gardiste, Ion Pop s’y est profondément intéressé, selon son propre témoignage : « J’ai publié un premier recueil consacré à l’avant-garde en 1969. Après l’invasion de la Tchécoslovaquie en ’68, quand Ceausescu, rappelons-le, a refusé de rejoindre les troupes soviétiques, un vent de liberté a soufflé un peu sur la Roumanie ce qui a bien servi aux intérêts littéraires de plusieurs de nos concitoyens. Je pense, par exemple, à Sasa Pana qui a fait sortir en ’69 une première anthologie de l’avant-garde roumaine admirablement préfacée par l’écrivain Matei Calinescu. Moi, j’avais commencé en ’64 mon mémoire de licence avec pour sujet l’œuvre d’Ilarie Voronca. A regarder en arrière, il est presque inimaginable à quel point on a pu supporter l’oppression et la censure. Moi, j’ai préféré me pencher sur le phénomène en soi sans recourir aux slogans. Je pense que j’ai bénéficié de la présence d’un ange gardien de la lucidité et du bon sens ».
Ion Pop est le critique littéraire roumain dont le nom se rattache à l’existence de la revue Echinox qu’il a dirigée pendant 17 ans. Une longue période de temps durant laquelle il a eu à ses côtés des personnalités littéraires importantes telles Marian Papahagi ou encore Ion Vartic. Pour sa vaste contribution à la littérature roumaine, Ion Pop s’est vu accorder à plusieurs reprises le prix de l’Union des Ecrivains roumains en 1973, 1979, 1985 et 2001. Un riche palmarès auquel s’est ajouté, en 1985, le prix de l’Académie Roumaine.
Sur l’ensemble de ses préoccupations littéraires, ce fut notamment l’histoire de l’avant-garde roumaine qui l’a intéressé le plus. Le critique Ion Pop : « Depuis la parution de mon premier recueil sur l’avant garde, en 1969, j’ai publié encore au moins 5 livres consacrés à ce sujet dont une anthologie rédigée en français et sortie en 2006 chez les Editions Maurice Nadeau. Ce fut le fruit d’une collaboration avec une maison d’édition roumaine et l’Institut culturel roumain. A présent, je suis en train d’écrire pour la collection des « Œuvres fondamentales » sous la coordination d’Eugen Simion, ancien président de l’Académie Roumaine, une anthologie riche et complète de l’avant-garde. Il faut bien comprendre que ce courant est plus qu’un moment historique, c’est un état d’esprit. Il nous invite à rester réceptifs aux idées nouvelles, à préserver notre curiosité et notre intérêt face à la profondeur du langage. L’avant-garde a bien insisté sur le sens profond de la littérature et sur cette vision du monde à laquelle j’ai fait et je continue de faire confiance ». (trad.: Ioana Stancescu)