Le vin roumain – passion et business
Razvan Adam et Stefan Ionescu travaillent dans l’industrie vinicole depuis 2007 quand ils ont ouvert leur premier bar à vin. Devenus par la suite propriétaires de vignobles, les deux hommes d’affaires ont ouvert une cave à vin avant de se lancer dans la distribution. On les a invités au micro pour apprendre davantage sur l’histoire du vin roumain des dix dernières années.
România Internațional, 17.06.2016, 15:28
Razvan Adam : «A l’heure où l’on est, le marché du vin est à la baisse en Roumanie, comme dans le reste du monde. Pourtant, chez nous, le volume des vins de la gamme premium est à la hausse par rapport à celui des vins médiocres. A présent, 85% du marché vinicole est représenté par des vins mauvais, tandis que le reste de 15% revient aux grands crus dont le prix dépasse les 15 euros la bouteille. C’est une grande performance pour un pays comme la Roumanie qui, il y a dix ans, ne produisait presque pas de vin premium.» En fait, ce n’est qu’après l’adhésion du pays à l’UE que l’on commence à constater un développement du marché vinicole de Roumanie. Pourtant, la crise économique a eu son mot à dire.
Razvan Adam : «Le marché du vin s’est écroulé lui aussi sur fond de crise économique, car entre la nécessité d’acheter quelque chose pour la maison et le désir de s’acheter une bouteille de bon vin, la nécessité a primé. Le vin n’est jamais une priorité. A présent, les choses s’améliorent petit à petit et l’on constate une relance du marché. Les caves à vin se modernisent, elles se voient doter de technologies de dernière génération, ce qui implique des investissements directs. Le taux d’utilisation des fonds communautaires est de 100%. A ce que je sache, c’est le seul secteur de Roumanie à se vanter d’un tel pourcentage. Cela s’explique aussi bien par la concurrence que par la qualité, les deux en rapport direct avec un environnement sûr. Parmi les multiples conditions imposées par l’UE, rappelons la modernisation du secteur. En tant que producteur, il faut se doter de toute la documentation nécessaire, avancer un programme très bien mis au point et obtenir le feu vert pour le financement. Comme vous voyez, tous les pas à franchir respectent les normes européennes.»
Pour sa part, Stefan Ionescu met en évidence les bénéfices de l’intégration européenne sur le marché roumain du vin : «Au fur et à mesure que le niveau de vie augmente en Roumanie, les besoins du consommateur se multiplient eux aussi. Malgré un marché envahi dans un premier temps par des produits importés d’une qualité plutôt douteuse, les Roumains ont fini par apprendre à apprécier correctement un vin. Du coup, les producteurs ne peuvent plus présenter des vins bas de gamme comme étant de produits d’une qualité extraordinaire.»
Quel est le bilan des exportations du vin roumain? Stefan Ionescu : « La Roumanie est plutôt un pays importateur de vin qui consomme presque toute sa production nationale. Nous avons un faible pourcentage destiné aux exportations surtout en raison de notre renommée communiste qui faisait que sous Ceausescu le pays ait exporté beaucoup de vin, mais de mauvaise qualité. En plus, cette image, on l’a alimentée dans les années 1990 quand on a lancé des vins de contrefaçon sur le marché. Il nous a donc fallu pas mal d’années pour reconquérir les marchés et si on ajoute à cela la consommation interne importante, on comprend pourquoi notre présence est si faible sur les marchés extérieures. Les meilleurs vins appartiennent aux grands producteurs qui en vendent des volumes importants.» Depuis quelques années, le vin originaire de République de Moldova s’enorgueillit d’une bonne renommée parmi les consommateurs roumains. Une évolution des plus intéressantes, selon Stefan Ionescu:Son: « La République de Moldova a bien éliminé les écarts de qualité. N’oublions pas qu’initialement, ses vins étaient destinés au marché russe. Du coup, on avait à faire à des vins légers, sucrés, qui plaisaient aux Russes. Au moment de la fermeture de ce marché, les producteurs moldaves ont décidé de changer de cap. Mais comment faire pour s’adapter aux nouvelles technologies dans un pays sans capital? Ce fut grâce aux efforts de quelques producteurs que le niveau qualitatif a commencé à augmenter petit à petit. Pourtant, le fait de considérer, il y a dix ans, le vin moldave comme ayant une grande qualité s’explique plutôt par l’absence, à l’époque, d’un vin roumain de haut-de-gamme.»
Selon les deux entrepreneurs, les subventions destinées au marché vinicole seraient à même d’améliorer la qualité du vin roumain. (trad. Dominique)