Le metteur en scène Mihai Zirra
La première pièce de théâtre radiophonique était diffusée sur les ondes de Radio Roumanie le 18 février 1929. Elle était écrite par V. Al. Jean et s’intitulait « Ce que savait le village ». C’était le début d’un genre radiophonique qui, au fil du temps, allait gagner en ampleur, attirer un public de plus en plus large et déboucher même sur l’apparition du « Théâtre national radiophonique ». Plusieurs millions d’auditeurs, de tous âges et de formation diverse ont écouté, comme sous le charme, comédies et tragédies classiques ou modernes. Le succès du genre radiophonique est étroitement lié au metteur en scène Mihai Zirra, qui en a diversifié et raffiné les moyens d’expression.
Christine Leșcu, 28.06.2013, 00:02
Né le 7 juin 1907, Mihai Zirra a fait ses débuts à la radio publique le 1er septembre 1938, à seulement 31 ans. Il avait, auparavant, collaboré, en tant que comédien et metteur en scène, avec plusieurs compagnies et troupes de théâtre privées, s’étant attiré la sympathie de comédiens réputés et influents de l’époque, tels Maria Filotti, Ion Manolescu ou Lucia Sturdza-Bulandra. Pourtant, c’est à la radio que son talent s’épanouit. Dans une interview conservée à la Phonothèque d’Or de la Radio publique roumaine, Mihai Zirra dévoile les raisons qui l’avaient incité à embrasser cette autre carrière. «Le champ plus large d’action et d’expression. Il y a une différence nette entre une salle de théâtre de 600 places et l’éther avec ses millions d’auditeurs. En outre, la radio supposant un système de travail plus rapide, sans pour autant faire de concessions en matière de qualité, j’ai pu réaliser, en une trentaine d’années d’activité, plus de 500 émissions de théâtre radiophonique. S’y ajoutent quelque 130 pièces montées sur les planches. J’ose dire que cela fait un palmarès substantiel ».
Mihai Zirra a continué à faire du théâtre radiophonique même en temps de guerre et après les bombardements de 1944, qui ont endommagé les locaux de la Radio. Dans ces conditions, le studio de théâtre a déménagé dans une classe du Lycée « St Sava », situé à proximité. A compter de 1949, les choses sont rentrées dans l’ordre. La diffusion de pièces de théâtre radiophonique a repris son rythme hebdomadaire et l’audience a sensiblement augmenté. Quelles étaient les favorites du maître Mihai Zirra? « J’ai du mal à y répondre, car elles m’ont tenu à cœur, chacune en son temps. J’ai toujours été attiré par la nouveauté, mais aujourd’hui encore les vieilles pièces me plongent dans la mélancolie ».
Mihai Zirra a eu la chance de travailler aux côtés de grands comédiens et la générosité de lancer des jeunes talents. Lesquels préférait-il? « Les plus doués, sans distinction d’âge. Je ne prononcerai aucun nom, car le théâtre roumain est trop riche en talents ».
Mihai Zirra est mort à 70 ans, en 1977. Il nous a légué des spectacles de théâtre mémorables, dont les adaptations radiophoniques d’après les chefs-d’œuvre shakespeariens, tels Hamlet, Roméo et Juliette, Richard III, La Comédie des erreurs, Beaucoup de bruit pour rien. Il a adapté pour les ondes maintes créations appartenant à des dramaturges roumains modernes comme Mihail Sebastian, Camil Petrescu et Victor Ion Popa, mais aussi à des grands noms de la dramaturgie universelle, tels que G.B. Shaw, Beaumarchais, Victor Hugo, Goethe ou Tchekhov. Mihai Zirra s’est également illustré dans l’art du portait littéraire. Les Editions de la Maison de la Radio ont publié en 2009 l’anthologie de textes intitulée « J’ai choisi le Théâtre radiophonique», où l’on retrouve plusieurs portraits de comédiens, avec lesquels Mihai Zirra avait collaboré au fil des années…(trad. : Mariana Tudose)