Le club cycliste « Cluj à pédales »
Il y a deux mois, Kertesz Jozsef Levente, travaillait encore comme officier de crédit dans une banque de Cluj, ville du centre de la Roumanie. Bien qu’ayant un emploi bien payé et que d’autres enviaient sans doute, Levi a démissionné pour s’occuper exclusivement du club cycliste «Cluj à pédales». Un club créé en 2011, par passion pour le vélo.
România Internațional, 22.01.2014, 13:00
Comment tout cela a commencé, en fait ? Kertesz Jozsef Levente nous le raconte lui-même: « J’ai fondé ce club avec le concours de quelques amis. Je suis passionné de vélo et l’idée m’est venue d’organiser des concours — pour les amateurs plutôt que pour les professionnels. En 2011, nous avons lancé une sorte de championnat avec 6 étapes. Pour la première fois en Roumanie, nous avons prévu une étape de nuit, à travers le centre-ville. Nous avons continué par la série des concours « Le petit cycliste et sa sécurité », destinés aux enfants. Nous souhaitions contribuer ainsi à l’éducation routière des jeunes et des très jeunes. Nous voulons également leur apprendre à se servir, avec plus d’adresse, de ce véhicule à deux roues. D’autres concours se sont ajoutés en 2012, dont le Marathon de Făget. Le nombre des participants a commencé à augmenter, pour atteindre les 500 en 2013. Ils ne sont pas tous membres de notre club, certains sont arrivés d’autres régions du pays et, à notre grande joie et surprise, d’autres pays aussi — notamment de Hongrie et de l’espace de l’ex-Yougoslavie, qui sont les plus proches de Cluj, mais aussi d’Autriche et nous avons même eu un concurrent du Royaume Uni. »
En décembre 2011, le club cycliste dirigé par Levi a organisé pour la première fois le Cyclo-Noël. Qu’est-ce que le Cyclo-Noël ? Une occasion de procurer de la joie à des inconnus : « Nous nous sommes déguisés en Père Noël et nous avons parcouru la ville, à vélo, distribuant à droite et à gauche des bonbons et d’autres douceurs. Après cette première expérience, nous nous sommes dit que ce n’était pas assez d’aller comme ça en vadrouille dans les rues de la ville et que nous devions prendre sous notre aile protectrice plusieurs écoles. C’est ainsi qu’est née l’idée d’aller dans les écoles destinées aux enfants handicapés. »
Ils se sont dirigés, donc, vers les écoles qui accueillaient des enfants touchés par des déficiences visuelles et auditives. Quels cadeaux, le Cyclo-Noël peut-il apporter à des enfants si spéciaux ? « Nous avons demandé si nous pouvions trouver quelque part des livres en braille. J’ai appris qu’en Roumanie on n’en imprimait qu’à Bucarest. Pourtant, l’Association des Non-voyants de la capitale ne peut pas en sortir un nombre suffisamment grand pour pouvoir les mettre en vente. Alors j’ai voulu voir s’il existait une imprimante spéciale à l’aide de laquelle un document Word ou PDF pouvait être imprimé en braille. J’ai appris qu’une telle imprimante coûte 4 mille euros. Pour une seule personne, c’est peut-être beaucoup, mais pour une communauté ce n’est pas une somme exorbitante. »
C’est ainsi qu’est née l’idée d’organiser une soirée caritative au Casino de Cluj, lors de laquelle les petits élèves des écoles spéciales aient l’occasion de vendre de petits objets qu’ils avaient réalisés eux-mêmes, pour acheter l’imprimante Everest Braille, dont ils ont si grand besoin.
Organisé à l’occasion de Noël, l’événement a été très bien accueilli — notamment par les médias : « Nous avons invité beaucoup de gens, parmi lesquels des personnalités de la ville. Nous avons collecté environ 500 euros. Pour les enfants, ce fut une soirée magique. Le 6 janvier, à ma grande surprise, en regardant le compte ouvert spécialement pour cette imprimante, j’ai constaté que nous avions déjà 2000 euros. Il nous reste à ramasser 2000 euros et, en février, nous souhaitons lancer une autre collecte de fonds, adressée, cette fois-ci, aux meilleurs alpinistes de Roumanie. A cette occasion, nous présenteront également un film documentaire. Et si nous ne réussissons toujours pas à ramasser toute l’argent dont nous avons besoin, nous attendrons le Marathon de Făget, qui approche à grands pas. Ce marathon est le plus grand concours que nous organisons et nous allons verser une partie des fonds que notre club recueille à cette occasion. »
Nous avons demandé à Levi ce qui le déterminait à associer, dans sa vie de tous les jours, le sport et l’action caritative : « Je peux vous dire que cette soirée du 8 décembre, lorsque nous sommes allés dans cette école pour enfants à déficiences, afin de leur apporter une aide pour Noël, tout le monde a été extrêmement touché. Les 147 cyclo-pères Noëls présents ont eux aussi été très émus. Il faut être là pour voir la joie d’un enfant qui a reçu un petit sac contenant une poupée, une voiture jouet ou un chocolat et de petites choses comme ça. Peut-être ce cadeau ne coûtait-il pas plus de 2 euros. Pourtant, cette joie est pour moi une récompense extraordinaire et je me contente pleinement de l’étreinte d’un enfant venu me toucher le visage pour savoir de qui venait son cadeau. »
Ça fait deux mois déjà que Levi a démissionné de son poste d’officier de crédit. Même si son existence n’est pas toujours facile, il a de grands projets dont la communauté au sein de laquelle il vit est le principal bénéficiaire : « Je veux organiser le plus d’événements possibles pour la ville de Cluj et pour tout le pays. Le club «Cluj à pédales» ne s’est pas suffisamment développé pour me permettre de mener une vie sans soucis. Et, effectivement, la vie n’est pas facile pour moi. Pourtant, il s’est développé assez pour avoir besoin de ma présence — tout comme une affaire. Si je ne me consacre pas entièrement à ce club, il risque de fermer et tout mon travail depuis 3 ans aurait été inutile. Cette année, je me propose d’ouvrir une école de cyclisme destinée aux enfants de Cluj et je dois être disponible pour m’occuper des jeunes que nous souhaitons former comme cyclistes. » (trad.: Dominique)