Films documentaires de Radu Gabrea à Berlin
L’Institut culturel roumain de Berlin a invité son public à une soirée entièrement dédiée au réalisateur Radu Gabrea et dont l’affiche a aussi inclus ses deux derniers documentaires présentés en première internationale. « Trois jours avant Noël » est un documentaire historique qui utilise documents, reconstitutions et images d’archives pour refaire les trois derniers jours de la vie du couple Elena et Nicolae Ceauşescu, juste avant leur exécution le jour de Noël 1989.
Corina Sabău, 19.02.2013, 13:28
L’Institut culturel roumain de Berlin a invité son public à une soirée entièrement dédiée au réalisateur Radu Gabrea et dont l’affiche a aussi inclus ses deux derniers documentaires présentés en première internationale. « Trois jours avant Noël » est un documentaire historique qui utilise documents, reconstitutions et images d’archives pour refaire les trois derniers jours de la vie du couple Elena et Nicolae Ceauşescu, juste avant leur exécution le jour de Noël 1989.
Le scénario sort de la plume du journaliste Grigore Cartianu. Le réalisateur Radu Gabrea : « J’ai essayé de montrer ce qui s’est passé après le 22 décembre, après la fuite des deux à bord de l’hélicoptère qui s’était posé sur le toit du Comité central du PCR. J’ai voulu, aussi, montrer l’état d’esprit de la population à leur égard. Ce que l’on peut voir dans mon documentaire ce sont deux vieillards effondrés sous la décrépitude et la peur, en totale rupture avec la réalité. L’ancien dictateur, Nicolae Ceauşescu, n’a jamais cru que la population ne le soutenait plus et lui avait tourné le dos. Dans la caserne de Târgovişte, où ils avaient été emmenés, Ceauşescu regarde par la fenêtre les manifestants qui crient contre lui, mais lui, il croit dur comme fer que ces gens le soutiennent et donc essaie de prononcer un discours pour les convaincre que le pays avait été victime d’une trahison. Le récit du documentaire progresse en parallèle avec les images passées à la télé où il était question d’assassinats terrifiants, de groupes d’assassins entraînés par le dictateur pour massacrer la population. Or, les deux Ceausescu étaient, à ce moment-là, deux vieillards au bout du rouleau, sans aucun lien avec la réalité. »
L’autre documentaire, « Des Juifs à vendre », est inspiré par le livre de Radu Ioanid « The Ransom of Romanian Jews » (« Rançon pour les Juifs roumains »), publié aux USA et dont la traduction en roumain est parue aux Editions Polirom. L’ouvrage parle d’un aspect moins connu du grand public, le commerce avec des êtres humains pratiqué par la Roumanie communiste. Le réalisateur Radu Gabrea a fait des recherches notamment au Conseil national pour l’étude des archives de la Securitate (CNSAS), et a consulté historiens, journalistes et témoins directs de ces événements : « Les dossiers du CNSAS viennent compléter les témoignages directs, qui ont une immense valeur, puisqu’ils nous aident à comprendre ce phénomène également du point de vue de personnes impliquées d’une manière ou d’une autre. Radu Ioanid est un des principaux interviewés car il connaissait parfaitement ce phénomène. »
Par son nouveau documentaire, « Des Juifs à vendre », Radu Gabrea reste fidèle à sa mission de sortir de l’ombre, à travers les moyens du cinéma, des moments trop peu connus (ou trop souvent ignorés) de l’histoire de la Roumanie ”, écrit le critique de film Mihai Fulger. Le réalisateur Radu Gabrea et l’actrice Victoria Cociaş ont été présents à la soirée de projections, suivies de débats avec le public, organisée par l’ICR de Berlin. (aut. : Corina trad. : Ileana Taroi)