Aurora Simionescu, professeure associée à l’Agence spatiale japonaise
Notre invitée du jour est Aurora Simionescu, qui, à 34 ans seulement, est la première personne non Japonaise à occuper un poste à l’Agence spatiale nippone.
Ana-Maria Cononovici, 29.04.2017, 13:15
Notre invitée du jour est Aurora Simionescu, qui, à 34 ans seulement, est la première personne non Japonaise à occuper un poste à l’Agence spatiale nippone.
Astrophysicienne roumaine, Aurora Simionescu est originaire de Brăila (est). Elle a découvert sa passion pour l’astrophysique grâce à un livre reçu en cadeau de sa mère, lorsqu’elle était en terminale. Elle a fait ses études en géosciences et astrophysique à la Jacobs University, dont elle est sortie magna cum laude, et obtenu son doctorat à l’Institut Max-Planck, les deux d’Allemagne. Depuis 2005, elle a entamé un doctorat à l’Institut Max-Planck pour la physique extraterrestre de Garching, en Allemagne. Elle a fait partie d’une équipe de chercheurs qui ont pu observer pour la première fois un filament de gaz qui relie les amas de galaxies, filaments dont l’existence avait été déduite théoriquement une dizaine d’années plus tôt.
Dans le courant de sa carrière internationale, Aurora Simionescu a compris quelles sont les difficultés auxquelles les femmes qui souhaitent faire carrière dans la recherche se confrontent et a commencé à militer pour améliorer cette situation.
Aurora Simionescu: « D’expérience, il existe généralement deux catégories principales de difficultés que les femmes rencontrent au moment de se construire une carrière, notamment dans le domaine académique. Ces catégories sont les stéréotypes et la famille. Le stéréotype, ce serait que les femmes ne seraient pas si capables pour occuper certaines fonctions, que certaines professions seraient typiquement masculines et d’autres typiquement féminines. Que peut-on faire concrètement pour améliorer cet état de choses ? J’ai trois solutions à vous proposer : la première mesure, ce serait que des fonds publics soient alloués pour des campagnes d’information censées promouvoir comme modèles les femmes qui se sont fait remarquer dans une profession considérée jusqu’ici comme dominée par les hommes. Ces campagnes d’information ne devraient pas s’adresser uniquement aux étudiantes ou aux élèves filles intéressées par de telles professions. Il est important, bien entendu, de changer les perspectives de l’ensemble de la société. Tout le monde – femmes, hommes, filles, garçons – devrait être invité à ces campagnes et entrer en contact avec ces femmes à succès. La deuxième mesure, ce serait de stimuler financièrement les institutions qui embauchent des femmes professeur, doyen, directeur et autres. Par exemple, lorsqu’un institut de recherche gagne un concours de financement de fonds publics, si cet établissement a plus d’un taux de x% de femmes dans des postes de direction, il devrait se voir accorder un bonus du montant déjà gagné au concours. Cette mesure serait de nature à stimuler les instituts de recherche qui encouragent la participation des femmes, au lieu de financer de manière préférentielle les femmes individuellement, fait que les hommes du même domaine pourrait prendre pour de la concurrence déloyale. »
Depuis trois ans et demie, Aurora Simionescu travaille à Tokyo, et elle a obtenu une bourse post-doctorale à l’Agence spatiale japonaise, qui l’a récemment avancée professeure associée. La jeune chercheuse comprend très bien les difficultés du déménagement d’une famille d’un pays à l’autre ainsi que les sacrifices consentis par l’un des partenaires, homme ou femme, pour que l’autre partenaire puisse évoluer au plan professionnel. L’expérience internationale lui a appris que nulle discrimination n’est bienvenue, même pas la discrimination positive.
Aurora Simionescu suggère de briser les tabous traditionnels en tous genres : « Célébrons tant les succès des femmes astronomes que des hommes aides-soignants ou puériculteurs. Une terminologie vieillie sur les rôles spécifiques à chaque genre ne devrait jouer aucun rôle dans notre manière de juger les autres ni dans la décision d’embaucher quelqu’un, quel que soit le poste. »
La famille est la deuxième catégorie de difficultés que les femmes rencontrent au moment de se construire une carrière.
Aurora Simionescu explique : « Parce qu’aussi assidûment que nous souhaitions établir l’égalité des genres dans les affaires, la politique ou la recherche, seules les femmes peuvent donner la vie. Au niveau mondial, je pense que des progrès significatifs ont été faits dans l’implication des femmes dans la maîtrise, le mastère ou même le doctorat, mais les maintenir dans des postes de professeur ou dans la hiérarchie des instituts de recherche est un problème sérieux. Et bien des fois, les femmes se sentent obligées de choisir entre la famille et la carrière. C’est pourquoi elles quittent le milieu académique. »
Aurora Simionescu considère qu’il y a besoin d’initiatives législatives censées soutenir les femmes qui souhaitent faire carrière dans le domaine scientifique. (Trad. Ligia Mihaiescu)