« Seule la Victoire l’ennoblit ».
La rotation à la fin du mois de janvier dans le cadre du Groupe de combat de l’OTAN « Sebastopol » de Roumanie à Cincu a fait venir des militaires d’une autre fameuse unité de l’armée française, à savoir le 5e régiment de Dragons de Mailly-le-Camp, près de Troyes, situé dans le département de l'Aube en région Grand Est, à environ 200 km sud-est de Paris.

Alex Diaconescu, 05.03.2025, 14:19
Fondé au 17e siècle et ayant une histoire de plus de trois siècles et demi, le régiment a été refondé en 2016 et il a continué les traditions de combat anciennes. Ses fantassins et escadrons de « cavalerie blindée », c’est-à-dire en langage moderne, l’infanterie mécanisée et les compagnies de chars Leclerc sont arrivés en Roumanie. Ils ont été présents à l’exercice Eagle Warrior 25 qui s’est tenu au mois de février sur le polygone de Topraisar du 341e bataillon d’infanterie « Constanta » au centre de la Dobroudja, au bord de la mer Noire.
Le commandant des troupes françaises déployées à Topraisar a été le capitaine Pierre-Louis: « D’abord nous essayons de nous intégrer. Par exemple, lorsque nous nous entrainons pour le combat dans les tranchées, nous essayons d’inclure un groupe de militaires roumains dans le cadre de notre peloton. Les militaires roumains sont très motivés, efficaces, vos sous-officiers font état de professionnalisme et de pragmatisme. C’est une situation bénéfique pour les deux côtés parce que les travaux de génie que nous réalisons ici pourront être utilisés aux entrainements par les militaires roumains et pour nous, il était temps de nous reconnecter à la réalité et à l’intensité de la guerre », avoue le capitaine français.
La légendaire Kalach, toujours d’actualité
Pour les tirs réels sur le polygone, les deux parties ont utilisé l’armement de l’autre et entre autres le bon vieux fusil d’assaut AKM, la célèbre « Kalach » et l’arme d’assaut française standard actuellement, le très moderne fusil d’assaut HK 416. Il est probablement surprenant, mais le capitaine Pierre-Louis nous dit que ce n’est pas l’arme qui fait le combattant : « Oui, l’AKM est vieux, mais nous pouvons dire également que parfois, vieux signifie valeureux. Par conséquent, il est vieux, mais très fiable, il est facile à utiliser, à entretenir et peut être utilisé en toute condition. C’est bien pour mes hommes de voir, de savoir utiliser et tirer avec ces armes, expérimenter de nouvelles choses. En fin de compte, il s’agit toujours d’une arme d’assaut. Vous savez que l’arme ne fait pas le tirailleur, en fait, à mon avis le plus important est celui qui tire. Je crois et je suis assez sûr que si je donne mon arme à un de vos soldats expérimentés, il l’utilisera très facilement et aura les mêmes résultats qu’avec l’arme dont il est doté », précise encore le capitaine Pierre-Louis.
Notre interlocuteur a aussi une histoire très intéressante : il n’est pas né en France, mais en Allemagne, au début des années ‘90 dans la ville de Kleve, où son père, lui aussi officier actif dans l’armée française, était déployé en mission. Il a une carrière de 15 ans dans l’armée et, bien qu’il ne le reconnaisse pas, il est un véritable connaisseur du champagne, puisque lorsqu’il était jeune il travaillait aux vendanges dans les vignobles de la région. Le capitaine Pierre-Louis avoue apprécier beaucoup la Roumanie : « Je peux vous dire que les Roumains sont très accueillants, ils nous ont reçu les bras ouverts. Je me réjouis et je suis reconnaissant d’être ici, c’est une expérience tout à fait nouvelle pour moi … vous savez, la météo n’est pas tellement différente. Mais le paysage et la nature du sol sont différentes, tout comme les animaux, puisque c’est ici que j’ai vu un ours dans la forêt et ce fut assez impressionnant. »
Prêts à répondre aux menaces actuelles
Le capitaine Pierre-Louis n’a pas de doute sur la nature de la mission et sur le but de la présence de l’Alliance en Roumanie. Il est très fier de l’affirmer clairement : « D’abord, nous sommes ici en tant que partie des ententes bilatérales avec la Roumanie dans le cadre de l’OTAN, afin de renforcer les liens entre alliés, afin de nous entrainer ensemble et de dissuader, d’être prêts à répondre aux menaces actuelles à l’adresse de la Roumanie et peut-être de toute l’Europe. Deuxièmement, il est très important pour nous de connaitre nos alliés, de nous entrainer ensemble et de nous préparer pour l’avenir. Le motto de notre régiment est « Victoria Pinget », en français cela signifie « Seule la victoire l’ennoblit »”. Essayons de le faire chaque jour ! » a conclu le capitaine Pierre-Louis. Et c’est sur ses paroles que s’achève notre émission d’aujourd’hui.