Une nouvelle espèce d’orchidée découverte dans les Monts Bucegi
La particularité de la nouvelle espèce d'orchidée, l'Epipactis bucegensis, réside dans le fait qu'elle s'autopollinise
Daniel Onea, 18.09.2023, 11:15
Une nouvelle espèce d’orchidée a été découverte dans le Massif de Bucegi. Elle
a été observée pour la première fois en juillet 2009 lors d’une expédition dans
le parc naturel Bucegi des Carpates méridionales. 14 ans plus tard, cette
nouvelle espèce d’orchidée endémique a prouvé qu’elle pouvait former des
populations stables.
Nora
Anghelescu, biologiste moléculaire, raconte que tout a commencé lors des études sur le terrain
qu’elle menait avec son père dans la partie sud-est du parc naturel Bucegi.
C’est là qu’elle a découvert une nouvelle espèce d’orchidée de la famille Epipactis.
Pour s’assurer que celle-ci pouvait être déclarée comme une taxonomie (espèce)
stable capable de survivre aux conditions environnementales, l’orchidée a dû
être surveillée, mais en 2012, Nora Anghelescu a découvert que l’orchidée avait
disparu à cause des travaux dans la région. Heureusement, 10 ans plus tard,
lors d’une nouvelle expédition, la fleur a été redécouverte.
« À notre grande surprise, bien que nous ayons
presque abandonné l’idée de retrouver cette taxonomie, nous avons redécouvert
deux nouvelles populations dans la partie sud-est du parc, avec environ 75
spécimens. C’était le 17 juillet 2022, lors d’une étude menée sur le terrain.
Leurs fleurs étaient inclinées vers le bas et leur couleur était jaune-dorée.
Au début, nous avons pensé que c’était une autre taxonomie, mais après un examen
plus approfondi, nous avons réalisé que nous avions affaire à quelque chose
d’assez particulier et qu’il aurait été judicieux de s’arrêter dans cette
région et de continuer à y analyser les fleurs. Nous avons ouvert manuellement
quelques fleurs qui étaient complètement fermées, ce qui bien sûr nous a
indiqué dès le départ la présence d’une espèce qui maintient ses fleurs fermées
et s’autopollinise au stade de bourgeons. Lorsque nous les avons ouvertes
manuellement, la surprise a été extraordinaire. Nous avons réalisé que c’était
la taxonomie que nous avions perdue il y a 14 ans. »
Nora Anghelescu explique qu’elle a poursuivi le décompte et l’analyse
détaillée de la morphologie florale jusqu’à ce qu’elle soit presque certaine
qu’il s’agissait de la taxonomie perdue.
« Après une semaine, nous y sommes retournés et, à notre surprise, les
plantes qui avaient un aspect blanchâtre-doré avaient produit des capsules de
fruits, ce qui signifie qu’elles s’étaient autopollinisées au stade de bourgeon.
Ces capsules étaient devenues légèrement violettes à l’extérieur. Les plantes,
d’une couleur vert pâle, étaient devenues vert foncé, ce qui a renforcé notre
conviction qu’il s’agissait de la taxonomie découverte en 2009. Bien que proche
d’une zone urbaine, les deux populations
de 75 spécimens n’étaient pas menacées par de nouvelles constructions de
maisons ou de routes. Nous avons donc décrit cette espèce et nous l’avons
baptisée Epipactis bucegensis, car elle a été trouvée dans le parc naturel des Bucegi.
Nous avons considéré qu’elle devait être classée parmi les espèces en danger,
car les populations sont assez réduites, bien qu’elles soient stables – environ
70-75 individus – et parce qu’elles poussent dans un micro habitat. »
La
particularité de la nouvelle espèce d’orchidée, l’Epipactis bucegensis, c’est
le fait qu’elle s’autopollinise. Nora Anghelescu nous explique pourquoi ceci
représente sa caractéristique la plus remarquable :
« C’est une espèce cléistogame qui n’a pas besoin
d’insectes pollinisateurs pour se reproduire et produire des graines. Cela a
contribué à sa propagation et à la formation de ces populations stables dans le
parc des Bucegi. Les espèces qui s’autopollinisent ont besoin de se propager
seules pour coloniser de nouveaux habitats et former des populations. Epipactis
bucegensis est un exemple très fort qui s’est détachée des espèces types, a
évolué en une nouvelle espèce capable de survivre sans l’aide de pollinisateurs
et de former ces populations stables dans le parc. Suite à sa parution dans la
revue Plants, l’une des publications de botanique les plus importantes au monde,
cette espèce a été rajoutée à l’index international des plantes. »
La nouvelle espèce d’orchidée a été reconnue par la
commission chargée de l’enregistrement des nouvelles espèces de plantes
découvertes chaque année dans le monde. Ainsi, les scientifiques peuvent
maintenant étudier le nouvel exemplaire de Roumanie.
(Trad. Rada Stănică)