Une nouvelle aire naturelle protégée à Bucarest
L'Association du Parc Naturel Văcărești a entrepris toutes les démarches nécessaires pour que la Prairie de Petricani, une zone d'environ six hectares aux environ de la Route Petricani, soit déclarée Aire Naturelle Protégée d'Intérêt Local.
Daniel Onea, 04.07.2024, 09:28
Au cours des 30 dernières années, Bucarest a subi des transformations dramatiques. Des centaines d’hectares d’espaces verts et de zones humides ont été engloutis par des constructions et des dizaines de milliers d’arbres abattus. La santé des personnes ainsi que celle de la nature sont en réel danger. Ainsi, l’Association du Parc Naturel Văcărești a entrepris toutes les démarches nécessaires pour que la Prairie de Petricani, une zone d’environ six hectares aux environ de la Route Petricani, soit déclarée Aire Naturelle Protégée d’Intérêt Local. Cette initiative fait partie du projet « La nature entre les blocs/immeubles », financé par la Plateforme Environnementale pour Bucarest.
Vlad Cioflec, biologiste à l’Association du Parc Naturel Văcărești, affirme que dans la région de la Prairie de Petricani, la nature a réussi à coexister avec les humains. En effet, la biodiversité y est très élevée sur une surface extrêmement restreinte. Ecoutons-le :
« Après deux ans d’études, nous avons recensé 13 espèces de mammifères, plus de 100 espèces d’insectes dont 61 espèces de papillons, 89 espèces d’oiseaux, sept reptiles et trois espèces d’amphibiens. Pour une surface aussi petite, j’aurais été fasciné d’en découvrir ne serait-ce que la moitié. La présence de centaines d’espèces permet clairement d’instaurer un régime de protection, d’autant plus qu’environ 40 d’entre elles sont protégées par la loi. Du point de vue de la biodiversité, il est intéressant de constater le potentiel énorme de cette zone pour devenir un réservoir de biodiversité pour la ville. En raison de l’urbanisation qui entoure la Pajiștea Petricani, la faune y sera encore plus concentrée. »
La perte des espaces verts entraîne le déclin des pollinistaeurs
Vlad Cioflec nous a expliqué aussi le fait que la zone est très importante car nous sommes quand même confrontés à un déclin inquiétant des pollinisateurs à l’échelle planétaire, ce qui a des répercussions sur le système socio-économique humain. Il poursuit :
« Les prairies représentent l’avenir de la conservation. Nous nous sommes beaucoup concentrés sur les forêts et les zones rocheuses, mais les principaux insectes pollinisateurs ont besoin d’habitats ouverts. Par ailleurs, pour notre confort psychologique, nous avons aussi besoin de voir des étendues dégagées sans câbles, constructions ou tours de radiocommunication, et d’avoir une prairie bien gérée. C’est ce que nous souhaitons mettre en place et préserver ici, afin d’augmenter la population d’insectes pollinisateurs pour qu’elle puisse desservir d’autres espaces verts de la ville. Je considère que c’est une opportunité extraordinaire. Actuellement, nous avons 61 espèces de papillons sur un total de 101 insectes. Je peux presque garantir que, dans 2-3 ans, nous parlerons de 200-300 espèces qui coloniseront la zone. »
Un nouveau statut pour plus de protection
Le nouveau statut d’Aire Naturelle Protégée d’Intérêt Local permettra d’assurer la surveillance, la propreté de la zone, la construction de l’infrastructure de visite et le maintien des habitats des espèces en danger, la prévention des incendies ainsi que la gestion des espèces envahissantes. Dan Bărbulescu, membre fondateur de l’Association du Parc Naturel Văcărești nous en a dit davantage :
« Des endroits comme celui-ci représentent l’intersection entre le souffle de la nature et l’intérêt des citoyens. Pour protéger la nature, nous devons la connaître, et pour la connaître, nous devons être en contact avec elle. Cette initiative dépasse le pouvoir des autorités locales et le cadre administratif. Le plan de développement est avant tout une initiative citoyenne qui vise à demander à l’autorité publique de mettre ensemble un lieu qui protège la nature avec un régime de protection et des mesures de gestion, tout en étant accessible aux gens. »
L’Association du Parc Naturel Văcărești lutte pour prévenir la perte irréversible des dernières zones naturelles urbaines de Bucarest : le Delta de la rivière Dâmbovița, un véritable refuge pour les oiseaux d’eau ; la forêt de Băneasa, le poumon vert de la ville et les « lacs à chapelets » de Colentina, la rivière oubliée de la capitale, dont font aussi partie des zones sauvages telles que la Prairie Petricani. Ensemble, ces zones couvrent environ 1 000 hectares. Protéger ces zones équivaut à cinq mètres carrés d’espace vert supplémentaires pour chaque résident de Bucarest. (Trad. Rada Stanica)