SaveGREEN, un projet pour le maintien et la protection des corridors écologiques
Les accidents provoqués par les animaux sauvages qui traversent une route sont fréquents. Ils sont causés, le plus souvent, par la fragmentation des écosystèmes, parallèlement à l’absence d’une stratégie de développement trans-sectorielle censée prévoir la mise en place de corridors écologiques et de moyens de protéger la faune sauvage.
România Internațional, 21.01.2021, 18:01
A cet effet, la Roumanie et d’autres pays européens ont vu lancer le projet SaveGREEN dont le coordinateur, Cristian-Remus Papp, du Fonds mondial pour la nature Roumanie, opine :« Nous constatons des défaillances dans tout ce qui a trait à la planification des infrastructures de transport, ce qui entraîne souvent la diminution des populations d’animaux sauvages, parallèlement à la hausse du nombre d’accidents de la route avec ces animaux. Les organisations de 8 pays participants, respectivement instituts de recherche et agences pour la protection de l’environnement ont lancé le projet SaveGREEN dont le but est d’assurer l’interconnexion écologique à travers plusieurs chaînes de montagnes : les Carpates, les Balkans et les Alpes. Comme vous le savez très bien, la Roumanie a des problèmes quant au développement de son infrastructure. Les projets prévoient un développement soutenu de toutes ces infrastructures de transport, ce qui nous oblige à nous préparer comme il faut. Nous sommes aussi censés apprendre des erreurs faites par d’autres pays, tels l’Autriche ou la République tchèque, et essayer d’adapter les meilleures recommandations formulées par la communauté scientifique internationale en matière de développement de l’infrastructure routière. »
De tels corridors biologiques devraient être mis en place, tout d’abord dans des zones considérées critiques. Le coordinateur du projet SaveGREEN, Cristian-Remus Papp, présente la manière dont ces zones où les biocorridors sont nécessaires peuvent être identifiées : « Nous avons finalisé, en juin 2018, un projet visant le transport durable à travers la Roumanie et qui nous a permis d’élaborer plusieurs guides acceptés par le ministère des Transports. A l’époque, on s’est concentré sur l’autoroute Lugoj-Deva où on a réussi à mettre en place les premiers corridors écologiques. Concrètement, il s’agit de trois ponts verts qui traversent ce tronçon d’autoroute et qui seront également dotés de quelques tunnels censés faciliter le déplacement des grands carnivores entre les Monts Apuseni et les Carpates Méridionales. C’est à partir de ce moment que nous avons commencé à identifier les corridors écologiques critiques des Carpates et à nous en occuper dans le cadre d’un autre projet, ConnectGREEN, en déroulement. Avec le ministère de l’Environnement comme partenaire stratégique, on essaie à travers un dialogue ouvert avec le ministère des Transports d’identifier toutes ces zones critiques où les animaux risquent de se retrouver en danger. C’est un dialogue censé nous permettre d’améliorer la planification des routes et des autoroutes, en prenant en compte les données collectées sur le terrain, y compris le taux de mortalité animalière sur les routes. Nous avons mis au point une application que tout le monde peut utiliser, censée permettre de rapporter différents incidents. Or, on est obligé de prendre en considération et d’intégrer tous ces éléments afin de protéger aussi bien les corridors écologiques que les participants à la circulation routière. »
Les projets d’infrastructure routière ne sont pas les seuls qui doivent prévoir l’aménagement de tels biocorridors. Ces corridors s’avèrent utiles même dans les exploitations agricoles et aux abords des cours d’eau, affirme Cristian-Remus Papp, chef du projet SaveGREEN :« Si on parle des monocultures pratiquées sur des superficies importantes, on sait déjà qu’elles affectent le déplacement des animaux. Dans ce cas, il s’agit même d’une véritable barrière contre l’exploitation et la dispersion des animaux sauvages. C’est la raison pour laquelle il est recommandé de préserver certains couloirs de végétation sauvage afin d’assurer aux animaux des îlots de verdure censés leur permettre des déplacements plus amples dans la nature. Si on parle des cours d’eau, il est capital que les berges ne soient pas régularisées ou, si elles le sont, que les travaux n’aient pas détruit la faune sauvage. Surtout que si l’on parle de la faune piscicole, d’autres déséquilibres risquent de se produire au sein du système aquatique. Dans ce cas, on parle aussi bien d’une connectivité longitudinale, au long de la rivière, que d’une autre, renvoyant au paysage et qui a également un impact sur les mammifères ou sur d’autres espèces telles les amphibiens, les reptiles ou encore les invertébrés. »
Le projet SaveGREEN sera mis en place dans 8 zones-pilote en Autriche, Bulgarie, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Ukraine et Roumanie et il prendra fin en décembre 2022. (trad. Ioana Stancescu)