Les grands mammifères du Parc National Apuseni
Le développement de l’infrastructure routière est important pour l’économie de chaque Etat, mais ce processus influence la biodiversité. Un réseau dense d’autoroutes et de rues, auquel s’ajoute l’expansion des agglomérations urbaines rend difficile ou empêche complètement la circulation des animaux sauvages dans leur milieu naturel, de plus en plus fragmenté. Dans le centre-ouest de la Roumanie on trouve le parc naturel Apuseni, qui couvre le territoire administratif des départements Alba, Bihor et Cluj.
Ștefan Baciu, 10.01.2023, 16:09
Le développement de l’infrastructure routière est important pour l’économie de chaque Etat, mais ce processus influence la biodiversité. Un réseau dense d’autoroutes et de rues, auquel s’ajoute l’expansion des agglomérations urbaines rend difficile ou empêche complètement la circulation des animaux sauvages dans leur milieu naturel, de plus en plus fragmenté. Dans le centre-ouest de la Roumanie on trouve le parc naturel Apuseni, qui couvre le territoire administratif des départements Alba, Bihor et Cluj.
En l’absence des mesures de protection, le développement de l’infrastructure peut fragmenter les zones où vivent et se déplacent les animaux sauvages, même à proximité ou à l’intérieur d’une zone protégée d’intérêt national, comme le parc naturel Apuseni. Le directeur de l’administration du parc naturel Apuseni, Alin Moş, plaide pour le maintien des voies de migration des mammifères : « Les monts Apuseni ressemblent à une île montagneuse, entourée de zones plus basses. La présence des grands carnivores, tels le loup, l’ours ou le lynx, n’est pas du tout accidentelle. Dans les nombreuses grottes qui se trouvent aujourd’hui sur le territoire du parc, on a identifié de nombreux fossiles, vieux de plusieurs dizaines de milliers d’années, qui appartiennent à des nombreux mammifères. Mais, à cette époque-là, la présence de l’homme et surtout le développement de l’infrastructure étaient différents. La plupart du temps, il n’y avait pas de problème concernant le déplacement ou la migration de ces espèces dans les zones avoisinant les monts Apuseni. Mais, au fil du temps, par le développement de la société humaine, à la fois dans la zone montagneuse, et dans la zone périphérique, près des monts Apuseni, l’infrastructure est devenue très développée, évidemment au profit des gens. Ces dernières décennies, très souvent, malheureusement, et la plupart du temps, faute d’informations – la migration de ces espèces n’a pas été beaucoup prise en compte. J’ai assisté avec un peu de surprise, il y a plus de 10 ans, à une analyse des couloirs de migration des grands carnivores tout au long du corridor fluvial de Mureș, c’est-à-dire entre les monts Apuseni et l’autre versant des Carpates, situé au sud. Beaucoup de participants à cette analyse ne pouvaient pas imaginer que dans les zones traversées fréquemment par les trains ou les voitures, une zone de migration pour les ours et les loups pourrait aussi exister. Je sais que les mesures nécessaires ont été prises pour assurer la connexion des villes et des villages. Quand même, à l’avenir, il faut que le développement de l’infrastructure se fasse sans perturber les zones de passage des animaux. »
La presse roumaine signale fréquemment des ours qui arrivent dans les zones habitées, même dans les villes, où ils entrent parfois en conflit avec les gens. On a demandé au directeur de l’administration du parc naturel Apuseni, Alin Moş, quelle est la situation de la population d’ours dans cette zone protégée : « Aujourd’hui, dans la zone du parc il y a environ 30 ours. C’est une population optimale. Au moins au cours des dernières décennies, les animaux n’ont pas créé de problèmes particuliers aux gens, et cela pour deux raison. Tout d’abord, cette population n’a jamais été numériquement excédentaire, si bien que son support trophique a toujours été relativement adéquat pour ses besoins alimentaires. Deuxièmement, l’homme habite depuis longtemps les monts Apuseni, les hautes terres et les zones sauvages, dans des habitations permanentes jusqu’à 1400 mètres d’altitude. Au fil du temps, l’homme a réussi à cohabiter avec les animaux, d’autant plus que le territoire était assez généreux pour les deux. Par conséquent, il est probable que l’absence de conflits entre les gens et les ours soit due à cette combinaison de facteurs : la densité optimale de la population d’ours, à laquelle s’ajoute la présence de support trophique et, surtout, quelques zones calmes où cette espèce peut se reproduire. »
A part les ours, un bilan récent a recensé dans le Parc Naturel Apuseni 12 lynx (Lynx lynx) et 26 loups (Canis lupus), répartis en trois meutes. (trad. Andra Juganaru)