Les cormorans, ennemis de la pisciculture?
De par son statut d’oiseau protégé, le cormoran prolifère. Les pisciculteurs tirent la sonnette d’alarme et déplorent les dégâts que ces oiseaux produisent. On estime que chaque cormoran mange quelque 600 grammes de poisson par jour, soit 150 kilos par an, une quantité impressionnante si on la multiplie par le nombre de cormorans. Dans le camp adverse, les ornithologues se rangent du côté des oiseaux et disent que tant que la pisciculture se déroule dans le milieu naturel des cormorans, ceux-ci continueront à faire des dégâts.
România Internațional, 31.05.2019, 13:05
De par son statut d’oiseau protégé, le cormoran prolifère. Les pisciculteurs tirent la sonnette d’alarme et déplorent les dégâts que ces oiseaux produisent. On estime que chaque cormoran mange quelque 600 grammes de poisson par jour, soit 150 kilos par an, une quantité impressionnante si on la multiplie par le nombre de cormorans. Dans le camp adverse, les ornithologues se rangent du côté des oiseaux et disent que tant que la pisciculture se déroule dans le milieu naturel des cormorans, ceux-ci continueront à faire des dégâts.
Il faudrait mettre en place des bassins spécialement aménagés pour l’élevage des poissons, opine Ovidiu Bufnila, chargé de communication au sein de la Société roumaine d’ornithologie : « Les cormorans sont des oiseaux piscivores qui existent depuis toujours en Roumanie et qui se sont nourris depuis toujours de poisson. Il convient de mentionner que leurs populations étaient beaucoup plus nombreuses avant 1950 quand on s’y prenait différemment pour faire de la pisciculture. Par la suite, au moment où les communistes ont pris le pouvoir en Roumanie, les zones humides ont été complètement détruites au profit de l’agriculture. Ce qui fait que les plans d’eau restants se sont agglomérés. Je pense aux lacs naturels ou artificiels où se concentrent toutes les populations de poissons et qui, du coup, attirent les oiseaux ichtyophages: les pélicans, les cormorans, les guifettes ou encore les sternes. Si on n’avait pas détruit les zones humides, peut-être n’aurait-on pas assisté à cette concentration d’oiseaux sur les lacs. En fait, ce que ces oiseaux font à présent, c’est de refaire leurs effectifs réduits sous le régime communiste. Sauf que voilà, la décision de pratiquer la pisciculture dans les lacs naturels qui s’étalent tout au long du Danube ou des grandes rivières n’est pas la bonne. Dans un réseau trophique où le cormoran se situe en position supérieure par rapport au poisson, le fait d’avoir trop de poisson fait que les cormorans en mangent davantage, se reproduisent davantage et deviennent trop nombreux. Pratiquée dans des fermes de petites dimensions, la pisciculture n’aurait pas à souffrir en raison des colonies des cormorans. En revanche, si on la pratique dans des bassins de grandes dimensions comme c’est le cas en Roumanie, alors du coup, impossible de protéger les poissons des oiseaux piscivores tels les cormorans ou les pélicans. Ce n’est pas de leur faute si on a mis le poisson là où ils venaient se nourrir. »
Protégés suite à une directive européenne, les cormorans continuent à provoquer des pertes aux pisciculteurs qui réclament des dédommagements.
Ovidiu Bufnila explique : « On ne saurait mettre en place une solution qui autorise de tuer des centaines ou des milliers d’oiseaux. Partout dans le monde, les cormorans ont été chassés et les études scientifiques indiquent ce qui se passe quand leurs colonies souffrent. En fait, même si les cormorans quittent les endroits où l’on a détruit leurs nids, ils reviennent pour se nourrir. En plus, leurs populations se refont très très vite. »
Confrontées à ce problème, les autorités roumaines s’activent pour imaginer des solutions, comme l’a affirmé le ministre de l’Agriculture, Petre Daea, qui a promis de mettre en place un projet de gestion des populations de cormorans.