Les chaudières individuelles, un mal nécessaire ?
L'exécutif de Bucarest a reporté la décision concernant l'interdiction des chaudières individuelles dans les nouveaux immeubles.
Ștefan Baciu, 10.08.2023, 15:04
Un projet à cet égard avait été promu par l’ancien ministre de l’environnement, Tánczos Barna, dans le contexte des préoccupations liées à la pollution que ces chaudières génèrent dans les grandes villes. Cependant, le document n’avait pas encore été approuvé et le nouveau ministre, Mircea Fechet, a déclaré la semaine dernière que ces centrales thermiques d’appartement n’étaient plus un problème d’intérêt pour le ministère de l’Environnement. Alors que d’autres États membres de l’Union européenne ou de l’Espace économique européen ont interdit le branchement des nouvelles constructions au réseau de gaz naturel dans le but de réduire la pollution, en Roumanie le nombre de tels immeubles a considérablement augmenté.
Ainsi, en l’an 2000, en Roumanie, seules 410 000 habitations étaient équipées de chauffages individuels, la plupart des appartements étant raccordés aux systèmes centralisés de chauffage urbain. Mais d’une année à l’autre, les réseaux de chauffage urbain, notamment dans les grandes villes, n’ont plus été en mesure de fournir de l’eau chaude et de la chaleur conformément aux paramètres attendus, et dans ces conditions, de plus en plus de Roumains ont choisi d’installer des chaudières gaz individuelles. En 2011, au niveau national, il y avait 1,76 million de logements avec des tels chauffages, leur nombre atteignant 2,2 millions en 2016 et environ 3 millions en 2022.Parmi les 8,5 millions de logements existants en Roumanie, seulement environ 1,2 million, dont 600 000 rien qu’à Bucarest, sont branchés aux systèmes centralisés.
Cependant, en Roumanie, le véritable problème réside dans les 3,5 millions de logements qui utilisent des combustibles solides. La grande majorité de ces logements se trouve en milieu rural, et pour se chauffer, les habitants utilisent principalement du bois, mais aussi du charbon – brûlés dans des poêles à très faible rendement. D’un côté, on parle d’efficacité énergétique, de l’autre, de la protection de l’environnement, non seulement en ce qui concerne les émissions de polluants provenant de la combustion des combustibles solides, charbon et bois. Dans une récente intervention sur ce sujet, le nouveau ministre de l’environnement, Mircea Fechet, a demandé que les millions de logements chauffés au bois passent au chauffage au gaz afin de ne plus mettre de pression sur les ressources forestières : « Il existe un vrai besoin de financer la rationalisation énergétique des logements et avant de passer au sujet des chaudières gaz, je parlerais des 3,5 millions de foyers qui se chauffent encore au bois de chauffage. Certains d’entre eux ont accès au réseau de gaz naturel et pourraient, à l’avenir, exercer moins de pression sur les ressources forestières s’ils passent du chauffage au bois au chauffage au gaz, qui est moins polluant. »
Le président de l’Association « Energie Intelligente », Dumitru Chisăliţă, a déclaré que les objectifs de décarbonation de l’Union européenne prévoient de remplacer les chauffages gaz des appartements le plus vite possible par des pompes à chaleur, des systèmes de chauffage solaire ou des systèmes de chauffage centralisé. Toutes ces transformations impliquent cependant des coûts élevés, et l’exemple le plus éloquent est celui de la capitale de la Roumanie, où ces dernières années, il y a eu des problèmes liés à la fourniture de chaleur et d’eau chaude. Le réseau de chauffage urbain de Bucarest s’étend sur 4 000 km, dont 1 000 km devraient être modernisés en urgence pour que tous les habitants de la capitale aient accès à l’eau chaude et à la chaleur. Cette année, la réhabilitation d’environ 210 km de réseau est prévue par le biais de projets financés par l’Union européenne, mais le délai de fin des travaux est de 4 ans. Cela signifie que dans la mesure du possible d’un point de vue technique, les habitants de Bucarest continueront à se déconnecter et à choisir l’alternative la moins chère, c’est-à-dire l’installation de chauffages centraux individuels, pour s’assurer le confort dont ils n’ont pas bénéficié ces dernières années.(Trad. Rada STANICA)