Les bois perdus de vue
Des pâturages mal entretenus ont laissé dernièrement la place, progressivement mais sûrement, à de jeunes forêts qui font la joie des coupeurs de bois, occupés à les défricher à cœur joie, à plus forte raison que ces lieux ne sont pas recensés comme faisant partie du fonds forestier national. Ce statut incertain facilite dès lors grandement leur mutilation, voire leur destruction, en l’absence d’un cadre légal qui puisse leur protéger l’existence. Pis encore, les politiques publiques actuelles semblent même encourager ce type de comportement, laissant le sort de ces bois à la discrétion et au bon vouloir des propriétaires, alors que les forêts enregistrées comme telles bénéficient d’une réglementation bien plus contraignante en matière d’exploitation.
Ștefan Baciu, 26.07.2021, 15:14
Des pâturages mal entretenus ont laissé dernièrement la place, progressivement mais sûrement, à de jeunes forêts qui font la joie des coupeurs de bois, occupés à les défricher à cœur joie, à plus forte raison que ces lieux ne sont pas recensés comme faisant partie du fonds forestier national. Ce statut incertain facilite dès lors grandement leur mutilation, voire leur destruction, en l’absence d’un cadre légal qui puisse leur protéger l’existence. Pis encore, les politiques publiques actuelles semblent même encourager ce type de comportement, laissant le sort de ces bois à la discrétion et au bon vouloir des propriétaires, alors que les forêts enregistrées comme telles bénéficient d’une réglementation bien plus contraignante en matière d’exploitation.
Radu Melu, responsable national du département Forêts du Fonds mondial pour la nature Roumanie, nous parle du triste sort de ces jeunes forêts laissées à l’abandon, qui recouvrent pourtant pas moins de 7% de la superficie boisée de Roumanie d’aujourd’hui. Ecoutons-le :« Il faut dire qu’il s’agit de près de 500 mille hectares qui se voient concernés par la question, selon les données officielles publiées dans l’inventaire des forêts nationales. 500 mille hectares de forêt, issus de l’abandon des pâturages et des champs. La forêt avait réussi à recouvrir, à reprendre ces terrains actuellement en friche, d’où elle avait autrefois été chassée, pour les transformer en terrains agricoles. »
Or, alors que la Roumanie investit massivement dans le reboisement, les propriétaires de ces terrains laissés à l’abandon reçoivent, quant à eux, des dédommagements publics pour « l’entretien des pâturages ». Seulement, cet « entretien » s’apparente, le plus souvent à s’y méprendre, à l’abandon pur et simple. Et les arbres s’y installent, avant qu’ils ne soient exploités en l’absence de tout avis d’exploitation. Puis, derrière ces exploitations sauvages, il demeure des restes, des champs en ruines. A la fin, force est de constater que l’on est bien loin de pouvoir constater la présence des pâturages, sur le terrain.
Radu Melu nous explique le potentiel bénéfique que ces forêts pourraient avoir, pour autant qu’elles soient correctement gérées : « Dans les régions collinaires, nous constatons l’apparition de bois situés hors le fonds forestier historique. Il s’agit de zones importantes, qui ont été progressivement recouvertes par la forêt. On le constate, par exemple, le long des rivières et des cours d’eau, alors qu’elles n’apparaissent pas sur les cartes forestières. Pourtant, ces forêts, totalement ignorées pour l’instant, demeurent essentielles pour garantir la qualité de l’eau. Et, à l’avenir, avoir de l’eau de qualité s’avérera un élément essentiel pour notre avenir. Il faudrait prendre soin de ces ressources. »
Malheureusement, la Roumanie manque d’une vision stratégique nationale limpide, qui définisse ses objectifs en matière forestière, agricole et environnementale. A présent, l’Etat roumain se limite à débourser aussi bien pour défricher ces forêts ignorées que pour procéder au reboisement de son fonds forestier. (Trad. Ionuţ Jugureanu)