Le recyclage des déchets en Roumanie, en deçà de la cible fixée pour 2020
Les décharges de Roumanie reçoivent 85% des déchets collectés par la population. C’est ce que remarquait le ministre roumain de l’Environnement, Costel Alexe, qui soulignait dans un post sur Facebook : Cela fait trop d’années que la collecte sélective, le recyclage et la gestion des déchets sont traités avec légèreté. Nous en sommes au point où, au lieu de recycler plus de la moitié des déchets, soit le taux assumé pour 2020, nous sommes obligés de mettre en décharge 85% des déchets ramassés par les gens! Les autorités n’ont pas considéré avec sérieux l’agenda européen, plusieurs opérateurs économiques ont préféré faire croître leurs bénéfices au lieu de les réorienter vers l’investissement dans les nouvelles technologies. Quant à la population, elle a été peu informée ou n’a pas réalisé l’importance et les bénéfices de la collecte sélective d’un point de vue écologique, financier et sanitaire!”. Et le ministre de conclure qu’en ce moment où la pandémie de coronavirus sévit dans tous les pays, on prend conscience de la nécessité d’une chaîne fiable dans le processus de gestion des déchets, qui va de la collecte au traitement et au recyclage, car les déchets qui ne sont pas traités de manière appropriée deviennent de véritables pépinières de virus, de microbes et de bactéries”.
Ștefan Baciu, 13.04.2020, 14:06
Ce sont les grandes agglomérations qui génèrent les plus grosses quantités de déchets, lesquels, à défaut d’un tri sélectif, finissent dans les déchetteries. Or, ces derniers risquent de se transformer en véritables bombes à retardement pour l’environnement et de devenir un danger réel pour la santé de la population.
Selon un document de la Commission européenne, la Roumanie, qui, à compter de 2014, aurait dû mettre en place 30 mesures environnementales, n’a réalisé aucun progrès dans cette direction. Ceci étant, est-il précisé dans le texte, la Commission ne pourra pas éviter de démarrer une procédure d’infraction à l’encontre de Bucarest.
Pour le prochain cadre financier pluriannuel, la Roumanie a déposé des projets totalisant plus de 3 milliards d’euros, la plupart d’entre eux visant la construction de nouvelles décharges ou d’incinérateurs. L’absence de la collecte sélective est ressentie aussi par les grandes entreprises de recyclage de Roumanie, qui ne disposent pas de suffisamment de matière première. Cette réalité a été confirmée par le ministre de l’Environnement, Costel Alexe, qui a récemment visité, à Buzau, la plus grande entreprise roumaine de ce type. Bien qu’elle ait investi plusieurs millions d’euros dans des installations neuves, de pointe, la compagnie subit les conséquences du manque de matière première autochtone. Pour honorer ses contrats et faire face aux commandes de fibres synthétiques obtenues à partir de déchets plastiques, la société en question s’est vu obliger d’importer de tels déchets de pays tels l’Italie, l’Espagne, la Grèce ou le Royaume-Uni, voire même l’Australie. La pénurie de matière première autochtone s’explique par une loi, en vigueur depuis le début de 2019, qui a pratiquement éliminé du circuit les entreprises qui collectaient des déchets, transférant la tâche du tri sélectif vers les municipalités et les éboueurs. Les producteurs roumains doivent récupérer les emballages pour les recycler, or, jusqu’au début de 2019, ils y procédaient par l’intermédiaire de plus de 4.500 sociétés qui collectaient les déchets. Aux termes des modifications législatives adoptées en 2019, ces entreprises spécialisées dans la collecte sont tenues de se munir d’autorisations délivrées tant par l’Agence nationale de protection de l’environnement que par les autorités locales. Ces dernières travaillent avec des sociétés de salubrité, qui ne s’intéressent pas toujours au tri sélectif.