Le crabe bleu, une espèce relativement nouvelle en mer Noire
Ștefan Baciu, 14.03.2022, 15:57
Il arrive que les pêcheurs roumains de mer Noire
prennent dans leurs filets certaines espèces rares de poissons, crustacés ou
mollusques, dont certaines sont arrivées là en s’accrochant à la coque des
navires. Parmi eux, le Callinectes Sapidus, ou
crabe bleu,originaire des côtes
nord-américaines. Sa présence a été signalée en mer Noire, où vivent d’autres
espèces de crabes plus petites, à la carapace marron et qui préfèrent les zones
désertes et rocheuses. La présence du crabe bleu sur les côtes roumaines a été
notifiée pour la première fois il y a près de 30 ans. Préférant les eaux peu
profondes, ce dernier n’a pas de prédateur en mer Noire. Il a un régime varié,
constitué principalement de coquillages, dont il brise la coquille à l’aide de
ses pinces. Toutefois, habitué aux eaux plus chaudes, le crabe bleu ne semble
pas bien supporter les hivers en mer Noire.
Un spécimen de crabe bleu d »environ 500
g est arrivé il y a maintenant deux ans à l’Institut national de la
recherche et du développement marin de Constanța. Valeria Abaza, directrice du
centre, partage avec nous les observations des chercheurs
« Nous avons récupéré un
individu grâce à une association de pêcheurs qui l’a découvert dans une zone de
pêche et que nous avons élevé en aquarium. Nous étions persuadé qu’il ne
survivrait pas, et étions prêts à le conserver afin qu’il préserve malgré tout
sa jolie couleur bleue. Mais il a survécu. Il est resté dans l’aquarium, se
nourrissant de coquillages dont il broyait la coquille avec ses pinces.
Malheureusement, c’était un mâle ! Nous aurions aimé voir des bébés crabes
s’il avait s’agit d’une femelle avec ses œufs. Nous aurions pu les élever. Nous
l’avons observé pour tenter par exemple de savoir quelle température il pouvait
supporter. Il semblerait qu’il se développe davantage en été, alors qu’il
hiberne en hiver. Lorsque la température de l’eau descend en dessous de 18
degrés, il s’enterre dans le sable et interrompt son activité biologique. C’est
une forme d’hibernation. Cette espèce est habituée aux eaux tropicales. Ici
nous pourrions faire de l’élevage en aquaculture, en lui garantissant les
conditions adaptées en termes de nourritures et surtout de température afin
qu’elle puisse se reproduire.
Ce crabe est assez grand et je pense qu’à terme il aurait
sa place dans le commerce. Mais pour en faire l’élevage, nous allons avoir
besoin d’une population plus importante. Pour le moment nous ne connaissons pas
l’état de la population de crabes bleus en mer Noire. On a repéré quelques
individus et certains ont occasionnellement été pêchés. Nous n’avons aucune
information sur une éventuelle colonie qui se serait établie dans une zone
déterminée et que nous pourrions observer ou encore emmener dans nos
laboratoires. Nous avons trouvé ce spécimen par hasard et nous avons pu le
ramener pour l’étudier. »
Au cours des dernières années, l’adaptation de ces
espèces en mer Noire et leur possible commercialisation a fait l’objet de
nombreuses discussions. C’est le cas par exemple de la Rapana venosa (rapane vene), venue d’Atlantique nord et
aujourd’hui considérée comme une espèce invasive. Elle est aujourd’hui présente
sur la carte de certains restaurants roumains. (Trad : Charlotte
Fromenteaud)