« L’abeille, notre super-héros »
« L’abeille, notre super-héros, 100 millions d’années au service de l’environnement » est le nom complet du nouveau projet lancé par le Géoparc UNESCO du Pays de Haţeg, en collaboration avec l’Université de Bucarest. Par ce biais, les initiateurs du projet entendent tirer la sonnette d’alarme au sujet de l’impact qu’aurait la disparition brutale de ces insectes sur l’équilibre du monde naturel. C’est ainsi qu’une sculpture de grandes dimensions, intitulée « Cohabitation », et réalisée par l’artiste Dragoş Neagoe, a été placée au sein du géoparc. Au visage en pierre, aux traits humains, que la sculpture suggère, a été attachée une ruche d’abeilles, qui sculptera davantage les traits de l’humain, en transformant peut-être l’œuvre d’art en une ruche géante et inédite. Protégée par un panneau en plexiglas, la ruche en formation se laisse librement admirer par les visiteurs étonnés.
Ștefan Baciu, 23.08.2021, 16:31
« L’abeille, notre super-héros, 100 millions d’années au service de l’environnement » est le nom complet du nouveau projet lancé par le Géoparc UNESCO du Pays de Haţeg, en collaboration avec l’Université de Bucarest. Par ce biais, les initiateurs du projet entendent tirer la sonnette d’alarme au sujet de l’impact qu’aurait la disparition brutale de ces insectes sur l’équilibre du monde naturel. C’est ainsi qu’une sculpture de grandes dimensions, intitulée « Cohabitation », et réalisée par l’artiste Dragoş Neagoe, a été placée au sein du géoparc. Au visage en pierre, aux traits humains, que la sculpture suggère, a été attachée une ruche d’abeilles, qui sculptera davantage les traits de l’humain, en transformant peut-être l’œuvre d’art en une ruche géante et inédite. Protégée par un panneau en plexiglas, la ruche en formation se laisse librement admirer par les visiteurs étonnés.
Le sculpteur Dragoş Neagoe, apiculteur passionné, nous offre des détails concernant sa démarche artistique. Ecoutons-le : « C’est en 2008 que je suis devenu apiculteur. J’avais bien saisi que la survie des abeilles était sujet à caution. Des ruches entières s’éteignent lorsque l’on récolte le colza ou le tournesol, à cause de l’emploi massif d’insecticides et de pesticides dans ces cultures. J’ai pris le parti des abeilles tant qu’artiste. En 2019 déjà, j’avais créé une exposition au Palais de Mogosoaia, près de Bucarest. Parce que j’aimerais éviter que l’on n’arrive à rencontrer les abeilles qu’au Zoo. Être obligé d’aller là pour voir une abeille, lui tourner autour, et s’exclamer : « Wow ! C’était beau il y a cent ans. » »
Et, en effet, l’histoire de l’abeille se confond à l’histoire de l’apparition des premières plantes et des premiers insectes sur Terre. Le professeur Mihai Emilian Popa de la Faculté de Géologie et Géophysique de l’Université de Bucarest, nous plonge au moment des origines. Ecoutons-le : « Les abeilles, de par leur origine, de par leur évolution, sont intimement liées à l’évolution des plantes à fleurs, les angiospermes. L’origine de ces dernières se situe vers la fin du Jurassique, il y a près de 160 millions d’années. Et la diversification des plantes va main dans la main avec la diversification des familles d’abeilles. Il y a eu depuis toujours une histoire d’amour entre les angiospermes et les abeilles. Ils avaient évolué ensemble, ils se sont diversifiés et soutenus les uns les autres au fil du temps. Les angiospermes ont besoin d’abeilles pour se faire polliniser, mais les abeilles ne vivent que grâce aux plantes à fleurs, qui leur fournissent l’essentiel de leurs repas. Il s’agit d’une histoire à succès, une histoire qui se poursuit depuis la nuit des temps. Parce que l’évolution continue à son tour. Il s’agit d’une histoire commune, celle des plantes à fleurs et celle des abeilles, une seule et unique histoire ».
A l’instar de l’histoire des plantes, l’œuvre en pierre conçue par Dragos Neagoe n’est pas non plus achevée. La forme du visage humain qu’elle représentait au départ sera travaillée par la ruche. Pour l’admirer, vous pouvez la voir grandeur nature une fois que vous aurez rendu visite au Géoparc du Pays de Hateg, mais aussi en ligne, sur le site du même géoparc. Alina Ciobanu, coordinatrice du projet et présidente de l’association « Drag de Hațeg », explique : « Les abeilles vont continuer à bâtir leurs alvéoles sur le matériau de l’installation, dont les proportions et l’apparence continueront à évoluer de la sorte au fil du temps. Il s’agit d’un procédé inédit, technique utilisée pour la première fois par un artiste roumain. L’installation est à la fois un acte artistique unique et une méthode didactique qui permet de suivre en direct et en continu la vie des abeilles. Le projet, promu par l’association Drag de Hațeg, entend œuvrer au développement durable de la région du Pays de Hațeg. Car notre objectif est de promouvoir le patrimoine naturel, culturel et social des communautés locales, de consolider leur identité, grâce aussi au tourisme, dans le contexte de l’existence du Géoparc UNESCO du Pays de Hateg. »
Situé dans le centre-ouest de la Roumanie, le géoparc se trouve au croisement de plusieurs routes culturelles anciennes, qui reliaient les provinces historiques de Transylvanie, de Banat et d’Olténie. Dans le périmètre de l’actuel géoparc ont été découverts les fossiles des dinosaures nains, caractéristiques de la région. Le site, partie depuis 2005 du réseau européen et mondial des Géoparcs, qui réunit 169 territoires de 44 pays, a reçu le sacre en 2015, devenant site UNESCO. (Trad. Ionut Jugureanu)