La relation entre la perte de biodiversité et le risque d’émergence de maladies
C'est aujourd'hi indéniable, les études le prouvent : des facteurs comme la perte de biodiversité, les changements climatiques, les modifications de l'habitat, la pollution chimique et l'introduction d'espèces non indigènes aggravent la propagation et la gravité des maladies infectieuses
Daniel Onea, 20.06.2024, 14:20
La relation entre les changements environnementaux générés par l’anthropocène et le risque d’émergence des maladies devient de plus en plus évidente, selon une analyse complète de près de 1 000 études scientifiques publiée dans la revue Nature. L’analyse met en évidence la manière dont des facteurs comme la perte de biodiversité, les changements climatiques, les modifications de l’habitat, la pollution chimique et l’introduction d’espèces non indigènes aggravent la propagation et la gravité des maladies infectieuses.
Augmentation de la prévalence des maladies
L’une des conclusions clés est l’impact significatif de la perte de biodiversité sur la transmission des maladies. La perte d’espèces rares peut entraîner une augmentation de la prévalence des maladies, car les pathogènes et les parasites tendent à prospérer chez les espèces les plus communes. Ce phénomène, connu sous le nom d’« effet de dilution », suggère que les espèces restantes deviennent des vecteurs plus efficaces de transmission des maladies. À l’inverse, il a été constaté que la perte et le changement d’habitat réduisent la probabilité d’épidémies dans les environnements urbains dotés de systèmes de salubrité robustes.
Les conséquences de la déforestation
Cependant, la déforestation et d’autres formes de destruction de l’habitat peuvent intensifier la transmission des maladies, comme cela a été observé avec le paludisme et le virus Ebola. L’étude souligne l’importance de prendre en compte le contexte écologique plus large dans l’évaluation du risque de maladie. Les phénomènes induits par les changements climatiques, tels que la fonte du pergélisol qui libère des agents pathogènes et les changements d’habitat qui forcent les animaux à se rapprocher des populations humaines, accentuent encore les défis auxquels sont confrontés les responsables de la santé publique. Cette recherche sert de signal d’alarme pour des mesures proactives qui visent à aborder l’intersection entre les changements environnementaux et la santé publique.
Un autre impact de la perte de biodiversité est le déclin des pollinisateurs, observé tant en Europe qu’à l’échelle mondiale, affirme Carmen Pădurean, chef de projet au World Wildlife Fund Roumanie.
« Les études en Europe montrent que plus de 37 % de la population d’abeilles et 31 % de la population de papillons sont en déclin. En ce qui concerne la Roumanie, nous avons observé que le sujet des pollinisateurs, bien qu’il soit à l’ordre du jour européen et mondial, n’est pas un sujet d’intérêt pour les décideurs. Nous n’avons pas de rapports très précis sur ce que signifie le déclin des pollinisateurs en Roumanie. Nous voyons et ressentons l’effet du pare-brise propre lorsque nous voyageons et que nous n’utilisons plus autant les essuie-glaces et le produit nettoyant pour nettoyer le pare-brise. Les espèces d’insectes, en général, connaissent un déclin en termes de conservation. En Roumanie, l’état de 58 % de ces espèces est soit inconnu, soit défavorable, mauvais ou inadéquat. Mais pourquoi ces insectes disparaissent-ils et ces espèces sont-elles en déclin ? Je pense que nous savons tous que l’utilisation des terres a beaucoup changé, que les pesticides sont employés de manière très intensive, que l’environnement est pollué, qu’il y a de nombreuses espèces envahissantes, ainsi que des maladies chez les abeilles, sans oublier l’impact des changements climatiques. »
Ainsi, les études récentes montrent que lorsque le monde lutte contre les conséquences des changements climatiques et de la perte de biodiversité, les systèmes de santé doivent aussi s’adapter pour réduire les risques liés à l’émergence de maladies infectieuses.
(Trad. Rada Stănică)