La conservation des coléoptères saproxyliques des Carpates
Les
Carpates constituent un des plus importants centres de biodiversité en Europe,
grâce notamment aux grandes superficies boisées qu’ils abritent, mais également
à la présence des forêts vierges, riches en arbres centenaires.
Malheureusement, la manière dont la silviculture a été pratiquée par le passé
en Roumanie n’a pas toujours eu à cœur de préserver le trésor que représente la
biodiversité. Trop souvent, des arbres séculiers ont été sacrifiés sans raison,
résultant des parcelles forestières homogènes, dépourvues de biodiversité.
Aussi, certaines zones forestières se sont retrouvées dépourvues de vieux
arbres ou du bois mort, habitat essentiel pour bon nombre d’espèces de coléoptère saproxylique, qui sont reprises pourtant
sur la liste des espèces protégées par la Directive Habitats, comme le
mentionne à bon escient sur sa page internet l’association LIFE ROsalia.
Certes, ces espèces étaient considérées par le passé des espèces nuisibles, et
récolter le bois mort était considéré comme le moyen privilégié pour s’en
débarrasser. Parfois même des insecticides étaient diffusées, ce qui a eu pour
effet de réduire gravement la capacité de résilience de la forêt. De nos jours,
les mentalités et les pratiques sont pourtant en train de changer. Ecoutons Silviu
Chiriac, le manager du projet intitulé « La
conservation des coléoptères saproxyliques des Carpates » :
Eugen Coroianu, 30.12.2022, 14:40
Les
Carpates constituent un des plus importants centres de biodiversité en Europe,
grâce notamment aux grandes superficies boisées qu’ils abritent, mais également
à la présence des forêts vierges, riches en arbres centenaires.
Malheureusement, la manière dont la silviculture a été pratiquée par le passé
en Roumanie n’a pas toujours eu à cœur de préserver le trésor que représente la
biodiversité. Trop souvent, des arbres séculiers ont été sacrifiés sans raison,
résultant des parcelles forestières homogènes, dépourvues de biodiversité.
Aussi, certaines zones forestières se sont retrouvées dépourvues de vieux
arbres ou du bois mort, habitat essentiel pour bon nombre d’espèces de coléoptère saproxylique, qui sont reprises pourtant
sur la liste des espèces protégées par la Directive Habitats, comme le
mentionne à bon escient sur sa page internet l’association LIFE ROsalia.
Certes, ces espèces étaient considérées par le passé des espèces nuisibles, et
récolter le bois mort était considéré comme le moyen privilégié pour s’en
débarrasser. Parfois même des insecticides étaient diffusées, ce qui a eu pour
effet de réduire gravement la capacité de résilience de la forêt. De nos jours,
les mentalités et les pratiques sont pourtant en train de changer. Ecoutons Silviu
Chiriac, le manager du projet intitulé « La
conservation des coléoptères saproxyliques des Carpates » :
« Nous sommes en train de nous concentrer sur 5
espèces de coléoptères, à savoir Lucanus cervus,la rosalie des Alpes ou rosalie alpine, Le Capricorne du chêne (Cerambyx
cerdo), la Morimus funereus et, enfin, une espèce plus rare, le pique-prune ou
le scarabée pique-prune (Osmoderma eremita). Toutes ces espèces dépendent du
bois, du bois mort notamment. Car ce qu’elles font c’est aider le bois à se
décomposer, elles accélèrent la décomposition du bois, pour le remettre plus
rapidement dans le circuit de la forêt. Ces espèces contribuent à la bonne décomposition
du bois et à la production de l’humus forestier. En l’absence de ces organismes
saproxyliques, le bois mort survivrait en l’état bien plus longtemps avant de
se transformer en humus forestier. Et cela empêcherait la forêt de se régénérer
naturellement. »
Un monde étrange et merveilleux se
cache discrètement sous la coupole des forêts séculaires. Les êtres qui la
composent ont tous un rôle bien déterminé dans le mécanisme bien huilé de la
vie. Les coléoptères ne sont pas en reste. En leur absence les écosystèmes
souffriraient des changements dramatiques. Leur protection relève de notre
devoir.
Silviu Chiriac : « Lorsque nous avons conçu notre projet et que
nous avons sollicité le soutien du programme Life de la Commission européenne,
nous sommes partis du constat que nos forêts sont pour la plupart dépourvues de
ces vieux arbres, qui sont habituellement truffés de creux, à moitié morts, et
dont le bois est en train de pourrir. Or, nous savons bien que les coléoptères
ont besoin de ce type de bois, de ces creux, et nous nous sommes alors proposés
de créer ce type d’habitat dans des arbres qui n’étaient pas aussi vieux,
d’accélérer en quelque sorte l’action naturelle du temps sur les arbres, en
créant des microcavités, que les coléoptères puissent utiliser pour pondre, et
le transformer progressivement en cet habitat dont ils ont besoin. Nous avons
aussi créé des pseudos creux, en confectionnant une sorte des boîtes en bois de
hêtre ou de chêne, recouvertes à l’intérieur de mousse, de feuilles mortes, de
la sciure, que nous avons accrochées aux arbres à une hauteur d’environ 4
mètres, pour pas que les ours s’en prennent à elles. Et nous espérons que d’ici
quelques années, ces boîtes deviennent un habitat fort prisé par les
coléoptères. »
Mais le projet développé dans les monts Vrancea comprend aussi une
composante de recherche scientifique.
Silviu Chiriac : « Il faut étudier le mode de vie des coléoptères,
parce que nos connaissances, les connaissances scientifiques actuelles
présentent des lacunes. L’on voudrait comprendre leur autonomie par exemple, la
distance qu’ils peuvent parcourir entre les arbres où existent déjà des
colonies. Alors, nous avons fait l’acquisition d’émetteurs radios, qui ne
pèsent que 0,15 grammes, les avons montés sur leur dos, et avons pu ainsi les
suivre, durant tout l’été, pour comprendre leurs déplacements, leurs habitudes,
les micro-habitats dont ils ont besoin. Nous allons recueillir ce genre de
données sur une période de 4 années. À la suite de ces observations, nous
comptons à ce que, en 2025, l’on puisse rédiger un plan national d’action pour
la préservation de ces espèces sur tout le territoire de la Roumanie. D’ici là,
nous allons comprendre quelles sont les approches qui fonctionnent le mieux,
pour pouvoir les répliquer ailleurs, sur les autres sites Natura 2000, et au
sein des aires protégées ».
Le projet bénéficie des compétences réunies issues du
Centre de recherche de l’université de Bucarest, de Romsilva, la régie
nationale des forêts, de l’administration du parc naturel Putna – Vrancea,
enfin de l’association pour la préservation de la diversité biologique. (Trad.
Ionut Jugureanu).