Clôtures intelligentes anti-ours
Des dizaines de dispositifs basés sur l’émission de signaux acoustiques et lumineux, soit une véritable clôture virtuelle, ont été installés sur la Route nationale 1, dans la Vallée de la Prahova, entre les villes de Predeal et de Braşov, pour préserver la vie des animaux sauvages, présents en nombre dans cette région des Carpates méridionales, du danger que représente le trafic intense brassé par cette voie routière, souvent empruntée par les bucarestois amateurs de sports de montagne. Les dispositifs installés dans ce cadre font partie d’un projet pilote qui vise à mettre fin aux accidents tragiques de la route, provoqués notamment par les grands mammifères, dont les ours, qui surgissent parfois brusquement devant les véhicules, au tournant de certaines routes de montagne. Un tel accident s’est d’ailleurs produit récemment à proximité de la ville de Miercurea Ciuc, dans le département de Harghita, au centre de la Roumanie, suite auquel un exemplaire d’ours brun a été tué. Les capteurs du système devraient fonctionner par tous temps, y compris la nuit. Selon les autorités, ce système, une nouveauté absolue en Roumanie, aurait déjà fait ses preuves sur les routes autrichiennes, ou encore en Australie et au Canada.
Ștefan Baciu, 03.08.2020, 16:52
L’ours brun demeure sans doute le mammifère le plus dangereux en cas d’accident. L’espèce protégée, estimée à près de 7 mille exemplaires en Roumanie, se voit refoulée de son habitat traditionnel, à cause d’abord de l’accroissement naturel de sa population, mais à cause aussi de l’exploitation en excès du bois. L’ours brun des Carpates descend donc de plus en plus souvent vers les zones habitées, à la recherche de la nourriture, n’hésitant plus de côtoyer l’homme, ni de fouiller dans les décharges des villes de la région, et les poubelles des habitations. Par ailleurs, la directive Habitat de l’UE, qui recense l’ours brun parmi les espèces protégées de l’Union, empêche la chasse qui pourrait ramener la population d’ours de Roumanie à des dimensions soutenables.
Certes, une dérogation qui permette la chasse d’un certain nombre d’exemplaires pourrait être obtenue, et certains Etats membres l’ont déjà mise à profit. Pourtant, dans sa tentative de préserver à la fois la population d’ours brun et la sécurité routière, le ministère roumain de l’Environnement, des Eaux et des Forêts a récemment initié la procédure des consultations publiques pour son programme, intitulé « Conserver la biodiversité et la coexistence pacifique de l’homme et de grands fauves ».
Le programme prévoit l’octroi de crédits aux particuliers désireux d’acquérir et d’installer des clôtures électriques, autour de leurs propriétés, qu’il s’agisse d’habitations, de bergeries, de cultures agricoles ou de vergers. Ces clôtures devront évidemment empêcher l’accès de grands fauves et la mise à sac des cultures, ou encore la mise en danger des habitants, notamment du fait de l’ours brun et du loup. Le financement prévu, non remboursable, issu du budget de l’Administration du Fonds pour l’Environnement, s’élève à 2000 lei, soit près de 400€, pour chaque installation de ce type, pouvant couvrir jusqu’à 100% des coûts. Le budget prévisionnel du programme s’élève pour cette année à 1,5 millions de lei, soit près de 310.000 mille euros. (Trad. Ionuţ Jugureanu)
