Appel à la protection des loups
Les loups sont revenus de manière remarquable dans les paysages de la Roumanie et de l'Union européenne, grâce à la protection stricte qui leur a été accordée par la Directive Habitats du 1992. Cependant, en dépit des nombreux bénéfices que les loups apportent, leur retour s'accompagne également de certains défis, notamment pour les agriculteurs et les propriétaires de terrains. Débat?
Daniel Onea, 17.10.2024, 10:38
Les loups sont revenus de manière remarquable dans les paysages de la Roumanie et de l’Union européenne, grâce à la protection stricte qui leur a été accordée par la Directive Habitats du 1992. Ces prédateurs jouent un rôle clé dans le maintien de la biodiversité et de la santé des écosystèmes. Par exemple, ils contrôlent les populations de cerfs et de sangliers, ce qui favorise d’autres espèces animales et végétales. Ils jouent également un rôle de nettoyeurs au sein de leurs écosystèmes et aident à freiner la propagation de la peste porcine. Ils peuvent ainsi améliorer l’état des habitats et contribuer à la restauration des processus naturels, et par conséquent des écosystèmes.
Cependant, en dépit des nombreux bénéfices que les loups apportent, leur retour s’accompagne également de certains défis, notamment pour les agriculteurs et les propriétaires de terrains. L’absence de ces carnivores dans les paysages européens pendant 150 ans a marqué une période où la question de la coexistence et des mesures nécessaires pour vivre en sécurité en leur présence n’avait pas besoin d’être envisagée. À présent, la question légitime qui se pose est de savoir à quel point ces mesures sont bien comprises et promues par les parties prenantes. Selon un communiqué de World Wild Fund Roumanie, les loups ont longtemps été victimes de calomnies, sans pour autant avoir une véritable compréhension de leur rôle crucial dans le maintien de l’équilibre des écosystèmes. Dès que les populations de loups sont revenues en Europe, ils ont de nouveau été perçus comme une menace, tout en oubliant qu’eux aussi sont des habitants natifs du continent.
Cristian-Remus Papp est le coordinateur du Département des espèces sauvages chez WWF-Roumanie. Il nous a expliqué que la majorité des États-membres de l’UE ont convenu d’adopter la proposition de la Commission européenne visant à réduire le statut de protection du loup en vertu de la Convention de Berne :
Cristian-Remus Papp : « La Convention de Berne est la convention la plus ancienne qui traite de la protection et de la conservation de la biodiversité. Adoptée en 1979, elle a eu plusieurs tentatives – par exemple en 2002, puis en 2005 – de réduire le niveau de protection de différentes espèces. Même en 2022 une telle réduction avait été envisagée pour le loup, mais les arguments étaient toujours contre. L’année dérnière, la Commission européenne a commandé une étude à l’échelle européenne pour évaluer la coexistence avec les loups, identifier les principales causes des conflits, leur ampleur, et les montants versés en compensation. La conclusion a été que le loup ne constitue pas une menace, contrairement aux discours politiques. Certes, il existe des conflits, notamment là où les mesures de prévention des incidents ne sont pas mises en place, mais les chiffres penchent plutôt en faveur du loup. Par conséquent, nous ne devrions pas prendre une décision aussi radicale. »
World Wild Fund Roumanie explique que ce changement ouvre la porte au sacrifice des loups comme fausse solution au problème de la prédation des animaux domestiques, ce qui va complètement à l’encontre de l’engagement de l’Europe à protéger et restaurer la biodiversité. La décision a été adoptée après que l’Allemagne a changé de manière inattendue sa position, passant de l’abstention à un soutien pour la proposition, à la dernière minute.
Selon le World Wildlife Fund Roumanie, les États membres de l’Union européenne ont décidé d’ignorer les appels de plus de 300 organisations de la société civile et de centaines de milliers de citoyens, qui les encourageaient à suivre les recommandations scientifiques et à renforcer leurs actions pour favoriser la coexistence entre humains et grands carnivores grâce à des mesures préventives. (trad. Rada Stanica)