Mukul Pal (Inde)
Venu de New Delhi, ce diplômé de Massachusetts Institute of Technology de Cambridge, aux Etats-Unis, a lancé une affaire en Roumanie, dans les années 2000.
Hildegard Ignătescu, 04.09.2024, 10:52
Venu pour faire ses études universitaires à Cluj
Né à New Delhi, Mukul Pal, suit ses études d’abord à l’Université de Delhi, puis dans une école de commerce à Hyderabad, avant d’obtenir une maîtrise à l’université Babeș-Bolyai de Cluj, en Roumanie, et de suivre des cours post-universitaires dans le bine célèbre Massachusetts Institute of Technology de Cambridge, aux Etats-Unis. Spécialisé dans les marchés financiers mondiaux et la gestion de placements, Mukul Pal vit désormais à Toronto, au Canada. Mais c’est surtout ses 15 années de vie en Roumanie, qu’il a passé pour la plupart dans la région de Cluj, qui nous intéressent aujourd’hui.
Pourquoi la Roumanie ?
Mais tout d’abord, pourquoi avoir choisi la Roumanie :
Mukul Pal : « C’est drôle, mais j’avais toujours agi de manière spontanée, parfois impulsive. J’ai rencontré quelqu’un à Mumbai, nous nous sommes sentis très proches, et c’était pour moi comme un signe que le moment était venu de fonder une famille. J’ai dit à ma mère que j’avais rencontré une fille et qu’elle vivait en Roumanie, que nous avions la chance de fonder une famille. Après deux ou trois mois, je l’ai suivie en Roumanie pour rencontrer à mon tour sa famille. C’était ainsi que j’ai débarqué en Roumanie, un peu par hasard. »
Quand avez-vous déménagé en Roumanie et comment avez-vous trouvé la vie ici ?
Mukul Pal : « La première fois, c’était en septembre 2004, et ce fut comme un choc culturel. Le paysage était différent de ce que je connaissais en Inde, à Mumbai, les gens étaient très différents, la culture du pays était pour moi étrange. Bucarest me paraissait triste, morose, les traces de la période communiste étaient encore très présentes. Cluj en revanche me paraissait différent, c’était presque un autre pays. J’avais somme toute des difficultés à m’y faire, à m’adapter à ce nouvel environnement. »
Un Indien parmi des Roumains
Mukul Pal lancera toutefois bientôt son affaire, il acquiert des propriétés, se fait des amis. Mais quel regard portaient les Roumains sur cet Indien qui débarquait ainsi dans la ville de Cluj ?
Mukul Pal : « Après la première année de vie en Roumanie, je me suis rendu compte que je devais reprendre ma vie en main, en faire quelque chose. J’ai débarqué à Cluj en 2005, alors que les Roumains étaient encore très peu habitués à croiser des étrangers dans la rue. La ville de Cluj d’alors était encore loin de la ville foisonnante et cosmopolite d’aujourd’hui. Les employeurs n’étaient pas habitués à voir un étranger débarquer chez eux pour postuler à un emploi. Les étrangers étaient des investisseurs, pas des employés. C’était une posture inhabituelle pour un étranger que la mienne. Je me suis mis alors à mon compte, lançant une petite société de conseil. Je suis spécialisé dans les marchés des capitaux, je bénéficie d’une expérience de 25 ans, il m’était facile de faire du conseil spécialisé dans ce domaine. J’ai fait finalement déménager ma société de Mumbai à Cluj. C’était plutôt facile d’ouvrir une entreprise de conseil. Il est vrai aussi que les six premiers mois ont été difficiles parce que nous ne savions pas comment faire, quoi faire, mais une fois passé ce délai les choses sont allées de l’avant ».
Mukul Pal a par la suite fondé plusieurs sociétés, mêlant ses passions pour la la psychologie, la finance et les mathématiques. Il est même parvenu à introduire une innovation financière à la bourse NASDAQ et possède une entreprise spécialisée en intelligence artificielle. Passionné de jazz, il demeure un inconditionnel de semi-marathons.
La Roumanie, aujourd’hui
Mais à quoi ressemble la Roumanie aujourd’hui ?
Mukul Pal :« En sanskrit, l’ancienne langue de l’Inde, on dit que la terre est notre maison. J’ai fait mienne cette philosophie. Extrapolant, la Roumanie a été ma maison. J’ai eu la chance de vivre en Roumanie, dans les collines de Transylvanie, et c’était un bonheur, un cadeau de Dieu. Je me suis enrichi de cette expérience. Lorsque je vivais en Transylvanie, je rendais tous les jours grâce à Dieu pour cette vie simple, une vie facile, où je me trouvais entouré des gens de cœur, des gens simples, comme je n’en ai pas vu à New Delhi ou à Mumbai. J’ai depuis rencontré ce mode de vie ailleurs en Inde, car l’Inde est aussi un pays très spirituel, mais Mumbai et Delhi sont de grandes villes. Vous savez, lorsque quelqu’un passe près de 14 ans de sa vie dans un endroit, c’est qu’il est chez lui là-bas. Et puis je me suis fait des amis là-bas et j’ai mon équipe qui travaille à Cluj, à Hunedoara, à Alba. Je suis toujours en lien avec beaucoup de gens qui travaillent en Roumanie dans le domaine financier, dans le domaine des marchés, avec des économistes. Pour moi, Cluj est devenue ma maison, et je souhaiterais être enterré au cimetière de Cluj. »
À la fin de la discussion, j’ai demandé à Mukul Pal s’il avait remarqué quelque chose qui n’allait pas si bien en Roumanie et qu’il aimerait voir changer…
« Je n’ai pas eu de mauvaises expériences. J’ai toujours été très heureux et très satisfait de ma vie en Roumanie, ce fut pour moi une expérience de vie pour ainsi dire sans reproches. Je ne changerais rien de ce qu’est la ville de Cluj, la vie à Cluj. J’y ai vécu et travaillé bien mieux qu’à Mumbai, car à Mumbai les distances sont très longues et je devais voyager chaque jour une ou deux heures en train. Les innovations que j’ai réalisées n’auraient pas été possible si je n’avais pas vécu à Cluj. Cette ville a énormément compté dans ma vie et pour ma carrière ». (trad. Ionut Jugureanu)