Mona Petre, à la recherche des recettes perdues
Christine Leșcu, 08.12.2021, 14:06
Après avoir
passé plusieurs années entre les 4 murs d’une agence de publicité, dans un
rythme de vie et de travail beaucoup trop trépidant, notre invitée
d’aujourd’hui a senti le besoin de s’évader. C’était il y a 8 ans, lorsque Mona
Petre a décidé qu’il était temps de renoncer à son emploi et de retrouver un
rythme de vie plus calme, plus proche de la nature et de la gastronomie.
Résultat : elle a découvert ou redécouvert les propriétés alimentaires de la
végétation spontanée que les gens utilisaient jadis pour préparer les plats.
Ces découvertes, Mona les a partagées avec le large public tout d’abord sur son
blog « Herbes oubliées » et plus récemment dans son livre paru aux
éditions Nemira et intitulé « Herbes oubliés. La nouvelle cuisine
ancienne. »
Tout a commencé
par le besoin de retrouver le rythme de vie plus lent de son enfance, se
souvient Mona Petre : « Moi, j’ai passé mon enfance à la campagne. En
fait c’était dans la banlieue de Bucarest, sur les rives de la Dâmbovita. J’ai
grandi dans la plaine de la Dâmbovita et j’ai des souvenirs très forts de la
végétation qui abondait dans la zone. Je ne pourrais pas dire que les choses
dont je parle maintenant, je les connais depuis mon enfance. Les informations
sur les plantes et les champignons ne se transmettent plus d’une génération à
l’autre comme c’était le cas autrefois. En général, la flore spontanée ne nous
intéresse plus, peut-être aussi parce que ces produits sont à notre portée dans
les magasins. Du coup, notre relation avec la nature est devenue plutôt
touristique et occasionnelle, lorsque l’on va en weekend à la montagne, à la
mer ou à la campagne. Plus encore, d’un point de vue alimentaire notre relation
avec la nature – et je pense notamment aux habitants du milieu urbain – est
très peu explorée. »
Mona Petre est
donc partie à la redécouverte de la nature, mais à sa manière : en
plongeant dans le passé, en étudiant les livres historiques de cuisine et en
approfondissant ses connaissance de botanique.
Peu à peu, elle
a commencé à inventer ses propres plats en ajoutant un peu de fantaisie aux
recettes anciennes. Mona Petre nous parle de son parcours : « Je me
suis renseignée sur différentes plantes que je connaissais très peu. Puis, j’ai
commencé à me renseigner sur l’histoire locale, l’histoire roumaine de
différentes plantes entrées sur la liste des magasins et des hypermarchés et
qui sont considérées comme exotiques chez nous. Ce fut une surprise que de
découvrir que la plupart faisaient partie de la gastronomie locale avant de
disparaître pour telle ou telle raison. Par exemple, les asperges, les endives
ou les artichauts : cela faisait longtemps qu’ils ne figuraient plus dans
les recettes roumaines. A l’époque communiste, ces produits n’étaient plus
disponibles sur le marché roumain. De même, j’ai fouillé dans les
bibliothèques, j’ai fait des recherches sur internet sur la gastronomie
d’autres pays. C’est ainsi que j’ai découvert con concept de « foraging »
c’est-à-dire de cueillir et de se nourrir avec les plantes spontanées ou
sauvages d’un certain territoire. En cherchant des exemples des gastronomies du
monde, j’ai commencé à cuisiner de plus en plus. C’est vrai que la pandémie y a
joué un rôle important : ces deux dernières années je me suis tournée
davantage vers la cuisine et j’ai pu préparer des plats de plus en plus
exotiques. »
C’est plutôt un
« exotique local » à vrai dire. Mona Petre a expérimenté toute sorte de
recettes qu’elle a fini par réunir dans son livre « Herbes oubliés. La
nouvelle cuisine ancienne ». Ce n’est pas un simple bouquin de recettes, c’est
un album qui parle de l’histoire de la gastronomie et aussi un guide pour cuisiner
de manière durable, sans téflon, four à microondes, ni plastique, en utilisant
uniquement des récipients de matériaux traditionnels, tels la céramique ou la
fonte. Bref, une invitation à cuisiner lentement pour avoir des plats
favorables à la santé et à l’environnement. C’est que vous propose notre
invitée, Mona Petre.