Julien Daillère
Auteur, comédien et metteur en scène, Julien Daillère fait des études à l’Ecole supérieure des Sciences économiques et commerciales de Paris, décroche un diplôme MBA et part en Allemagne avec une bourse Erasmus. Il revient, par la suite, sur Paris et commence à s’intéresser de plus en plus au théâtre. Il fréquente des ateliers de formation théâtrale du Théâtre national de Chaillot et en 2006, il jette les bases de sa propre compagnie théâtrale, La TraverScène, avec un répertoire comportant aussi ses propres textes. Depuis, il participe à de nombreux festivals et manifestations théâtrales, tout comme à des ateliers de formation à l’intention des comédiens et managers culturels menés en France, en République tchèque, en Roumanie ou en République de Moldova.Son histoire roumaine allait débuter en 2015 quand Julien Daillère arrive à Targu Mures pour faire, jusqu’en 2018, des études doctorales à l’Université d’arts de la ville, en cotutelle avec l’Université de Cergy- Pontoise.
Hildegard Ignătescu, 03.12.2020, 16:58
Auteur, comédien et metteur en scène, Julien Daillère fait des études à l’Ecole supérieure des Sciences économiques et commerciales de Paris, décroche un diplôme MBA et part en Allemagne avec une bourse Erasmus. Il revient, par la suite, sur Paris et commence à s’intéresser de plus en plus au théâtre. Il fréquente des ateliers de formation théâtrale du Théâtre national de Chaillot et en 2006, il jette les bases de sa propre compagnie théâtrale, La TraverScène, avec un répertoire comportant aussi ses propres textes. Depuis, il participe à de nombreux festivals et manifestations théâtrales, tout comme à des ateliers de formation à l’intention des comédiens et managers culturels menés en France, en République tchèque, en Roumanie ou en République de Moldova.Son histoire roumaine allait débuter en 2015 quand Julien Daillère arrive à Targu Mures pour faire, jusqu’en 2018, des études doctorales à l’Université d’arts de la ville, en cotutelle avec l’Université de Cergy- Pontoise.
Un choix qui l’a poussé à vivre, trois années durant, entre la Roumanie et la France avant de s’établir à Clermont- Ferrand où il vit de nos jours aussi. Dans les minutes suivantes, il nous racontera comme son expérience roumaine s’est produite :« J’ai opté pour la Roumanie après avoir entendu, lors d’une conférence à Paris, un discours très inspirateur sur le théâtre de Sorin Crisan, président de l’Université d’arts de Targu Mures. C’est lui, en fait, qui m’a proposé de faire un doctorat à son université. Me voilà donc arrivé à Targu Mures, en février 2015, en simple visiteur, pour voir comment je m’y sentais. A l’époque, il me semblait plutôt logique de partir en Allemagne, surtout que je parle la langue et que j’y ai fait des études Erasmus. Sauf que, voilà, ça m’a tellement plu à Targu Mures que je me suis dit « allez, c’est parti ! ». A la fin de mes études doctorales, j’ai mis en scène le spectacle intitulé « C’est bon. E ok. Rendben. This is just a story » et je profite de l’occasion pour remercier encore une fois Miki Braniste à la tête de Fabrica de Pensule, cet espace de Cluj consacré aux arts visuels, pour m’avoir accueilli. Mon spectacle a figuré à l’affiche de la Saison France-Roumanie, en 2019. Cela m’a permis de voyager un peu à travers votre pays. A présent, j’habite à Clermont-Ferrand, juste derrière une épicerie roumaine appelée « Le mal du pays » et où je me rends de temps en temps pour acheter de la zacuscă, du cozonac ou encore du fromage de Roumanie. »
Dans l’actuel contexte artistique imposé par la pandémie, Julien est l’auteur d’une nouvelle approche théâtrale, en compatibilité avec le Covid, à savoir le théâtre au bout du fil. Il est en train de développer un tel projet en télérésidence avec l’Institut français de Cluj.« J’ai démarré cette recherche en mars 2020 quand, confiné chez moi, je me suis rendu compte que je devais m’occuper d’une manière ou d’une autre. Je suis parti sur une proposition lancée par l’Institut français de Cluj et j’ai mis en place une télérésidence, en discutant par téléphone avec plusieurs personnes. Par la suite, j’ai commencé à écrire des poèmes avant de décider de transformer l’interaction au bout du fil en quelque chose d’artistique. C’est ainsi que j’ai commencé à faire de la téléperformance. Concrètement, j’entre en contact depuis chez moi, par téléphone, avec quelqu’un d’autre à qui je donne certaines indications de faire ou de dire tel ou tel geste ou mot. Cet interlocuteur est loin de moi, mais, il se trouve devant un public que je ne vois pas. Du coup, il devient un téléperformer. Ce type d’approche artistique sera bientôt lancée en roumain aussi, par web radio, grâce à un partenariat avec Tranzit House de Cluj-Napoca.Du coup, tout roumanophone du monde entier pourra participer à ce genre d’acte artistique par téléphone et devenir pour quelques minutes mon téléperformer, devant un public se trouvant chez lui. Le spectacle aura lieu le 5 décembre et s’intitulera
Fort attaché à la Roumanie, Julien est resté en contact avec les gens connus sur place. D’ailleurs, il affirme avoir trouvé chez les Roumains un côté que les autres populations européennes ont malheureusement perdu.« Je me suis rendu compte qu’en Roumanie, il y a encore des personnes qui vivent en communion avec la terre et les traditions. Pour moi, cela représente un atout, car je pense qu’à un moment donné, à l’avenir, on sera obligé de revenir pas forcément à un mode de vie à l’ancienne, mais on sera forcé de nous reconnecter avec ce type de sensibilité, avec la terre, la nature et les gens. Personnellement, je trouve que la Roumanie est en avance par rapport au reste de l’Europe occidentale, même si les Roumains ont souvent l’impression d’être inférieurs et ils s’engagent dans une course vers le capitalisme néo- libéral et ses avantages. Malheureusement, le mirage du capitalisme basculé à l’extrême montre dernièrement des aspects très négatifs. Je trouve triste, par exemple, de voir cette Roumanie que j’ai tant aimée en 2015 quand je suis arrivé à Targu Mures changer si vite. A l’heure où l’on parle, des galeries commerciales sont en train d’être construites à Targu Mures, et personne ne peut rien faire. A chaque fois que je parle avec mes amis de Roumanie, je ressens une sorte de liaison spontanée et cela me touche beaucoup ».