Iris Șerban
Iris Șerban est une des jeunes spécialistes du Musée du Paysan Roumain de Bucarest. Passionnée d’anthropologie depuis ses années de faculté, Iris se décrit comme une freelance qui a obtenu, par hasard, un job à plein temps au Musée. Elle est aussi chercheuse et commissaire d’exposition pour plusieurs projets indépendants. Ses activités ont porté entre autres sur la sauvegarde, la récupération et la mise en valeur du patrimoine matériel ou encore sur les recherches visant l’histoire de la vie quotidienne dans les quartiers de Bucarest qui ne n’existent plus de nos jours. S’y ajoutent des projets dans la communication.
Monica Chiorpec, 04.09.2020, 12:46
Mais c’est l’anthropologie qui intéresse le plus notre invitée d’aujourd’hui. Iris Șerban raconte : « Mon premier contact avec l’anthropologie remonte à ma 2e année de faculté, lorsque j’étais étudiante en Sociologie et je suivais un cours d’introduction à l’anthropologie. Ce cours était plutôt non-conventionnel, complètement différent de tout ce j’avais étudié jusqu’alors. On apprenait à regarder activement ce qui se passait autour de nous et à mieux nous comprendre nous-mêmes et les autres. On nous donnait des devoirs que je considérais comme puériles à ce moment-là, pour me rendre compte plus tard qu’ils étaient, en fait, absolument fascinants. Je me souviens encore, nous avons dû vivre sans notre portable, une semaine durant. On a dû l’éteindre et le mettre de côté et puis décrire cette expérience. C’est ainsi que je suis tombée amoureuse de l’anthropologie, parce que je me suis rendue compte que c’est un métier absolument fabuleux, qui nous aide en fait à mieux nous connaître nous-mêmes et les autres. »
Le contact avec le Musée du Paysan Roumain de Bucarest a été sans doute le moment le plus important de la carrière d’Iris Șerban : « C’est pendant ma première année de faculté que je suis allée pour la première fois au Musée du Paysan Roumain. A l’époque, j’étudiais en parallèle la Sociologie et la Communication et les relations publiques. Notre prof de Philosophie de la culture nous a obligés carrément à visiter le musée, sinon on avait une absence au cours. Moi, j’y suis arrivée deux heures avant la fermeture et je fus complètement éblouie. C’est là que j’ai senti pour la première fois qu’un musée pouvait te parler. Même si le monde paysan ne m’intéressait pas trop et donc je ne connaissais pas beaucoup de choses sur la culture traditionnelle, je me suis sentie très à l’aise dans ce musée. Je pouvais me poser des questions et regarder tout de près. Depuis, je suis restée en contact avec le musée. J’ai commencé par un stage de formation, puis j’ai continué en tant que bénévole et j’ai participé au fil des années à de nombreux événements et activités organisées avec et par les bénévoles. »
Iris Șerban a fini par se consacrer totalement au Musée du Paysan Roumain de Bucarest. Quelles sont les principales activités qu’elle y déroule ? Iris Șerban : « Il y a 5 ans je me suis présentée à un concours d’embauche au musée. Même si j’étais formée à la recherche sur le terrain, travailler avec des objets d’archive m’a paru quelque chose de fascinant : avoir accès au matériel photographique, aux enregistrements audio et vidéo, aux plans architecturaux, aux documents écrits, aux journaux personnels. C’est ainsi que j’ai commencé à travailler au département des Archives, où je devais organiser et décrire le matériel ethnographique ou bien imaginer des projets pour mettre en valeur les collections d’archive. »
Justement, côté archives, un des projets les plus importants du Musée du Paysan Roumain de Bucarestest la plate-forme en ligne qui s’intitule « Les recettes du regard » (Rețelele Privirii). Iris Serban nous en parle : « L’année dernière, notre équipe a lancé la première plate-forme participative consacrée aux archives d’un musée de notre pays. Nous nous proposons d’une part de rendre les archives accessibles tant aux spécialistes qu’au large public et d’autre parte d’attirer de nouvelles catégories de public vers nos Archives et notre Musée. Tout cela pour montrer qu’il recèle tout un monde et une manière de connaître l’univers. On peut mieux comprendre notre monde en regardant les archives. Pour ce faire, nous organisons des visites guidées, des ateliers et plein d’autres activités, certaines classiques, d’autres parfaitement non-conventionnelles, pour le jeune et très jeune public, pour les ados, les étudiants et les jeunes diplômés. »
L’anthropologie est un domaine facilement adaptable aux demandes d’une certaine catégorie professionnelle, estime Iris Serban. Il faut juste avoir une bonne dose de curiosité, être ouvert et imaginer des réseaux et des routes à suivre afin de trouver sa destination. (Trad. Valentina Beleavski)