Fang Shuang (Chine), baryton à Bucarest
Né en Chine, dans la ville de Qingdao, Fang Shuang a suivi des études universitaires au département de chant et des arts du spectacle de l'Université Nationale de Musique de Bucarest, pour devenir baryton. Depuis 2013, il se produit régulièrement sur les planches de l'Opéra Comique pour Enfants de Bucarest, mais également au Théâtre Municipal de Baia Mare ou encore au Théâtre Metropolis de Bucarest. Il nous raconte comment il est passé de la Chine à la Roumanie et ce qui l'a attiré vers le métier de chanteur d'opéra.
Hildegard Ignătescu, 10.07.2024, 10:13
Un baryton chinois à l’Opéra comique pour enfants de Bucarest
Né en Chine, dans la ville de Qingdao, Fang Shuang a suivi des études universitaires au département de chant et des arts du spectacle de l’Université Nationale de Musique de Bucarest, pour devenir baryton. Depuis 2013, il se produit régulièrement sur les planches de l’Opéra Comique pour Enfants de Bucarest, mais également au Théâtre Municipal de Baia Mare ou encore au Théâtre Metropolis de Bucarest. En 2016, le baryton Fang Shuang se voit consacrer au Concours international d’interprétation musicale Vox Artis de Sibiu en recevant le prix spécial Opersanger Studio Wien. Il est aussi familier de l’émission grand public « Les Roumains ont du talent » où il a remporté la troisième place, ancien professeur de chinois à l’Institut Confucius de l’Université de Bucarest.
Pourquoi l’opéra et pourquoi la Roumanie?
Fang Shuang nous raconte comment il est passé de la Chine à la Roumanie et ce qui l’a attiré vers le métier de chanteur d’opéra.
« Pour commencer avec la dernière partie de votre question, il faut que je vous dise avoir été emballé par la musique depuis mon plus jeune âge. Déjà à la maternelle, ma mère s’en souvient et je m’en souviens également, j’adorais chanter, alors que j’arrivais encore à peine à parler. De toute manière, je n’ai jamais été très bavard, j’avais toujours été un enfant particulièrement calme. Quoi qu’il en soit, je crois dans la destinée, je crois vraiment que c’était écrit quelque part que j’allais voir mon rêve se matérialiser en Roumanie. C’est un pays que j’adore et auquel je suis très attaché. Mais si j’ai débarqué en Roumanie c’est surtout grâce à mes parents. Ils sont arrivés dans ce pays en 2003, et m’ont fait venir deux années plus tard, en 2005. Pendant ces deux années de séparation, nous ne nous sommes pas vus du tout, financièrement ce n’était pas simple. En 2005, je suis arrivé ici, j’ai commencé à prendre des cours, à apprendre le roumain, ensuite je suis entré dans l’année préparatoire organisée par le ministère de l’Éducation et destinée aux étudiants étrangers. Puis, en 2006 je suis entré au Conservatoire. »
Ses parents l’ont rejoint en Roumanie
Après avoir pris leur retraite en Chine, les parents de Fang Shuang sont venus commencer une nouvelle vie en Roumanie, et ont fini par ouvrir une entreprise.
« Vous savez, mes parents ont pris leur retraite relativement tôt alors qu’ils se sentaient toujours d’aplomb et qu’ils voulaient tenter leur chance ailleurs. La première période n’a pas été exempte de difficultés, et financièrement ce n’était pas facile. Au début, pendant toute une période, on a partagé à trois la même pièce. Mais ce fut une expérience pour le moins intéressante. »
Très touché par la gentillesse des Roumains
Fang Shuang est désormais parfaitement intégré à notre société. En fait, il préserve un mix fait de respect des traditions et de la culture de son pays d’origine et des coutumes roumaines qu’il fit récemment siennes. Maîtrisant aujourd’hui parfaitement le roumain, il se rappelle avec une certaine nostalgie le temps où il devait s’orienter dans la rue en demandant sa route aux passants dans un roumain plutôt incompréhensible. Tel ce jour où une fille l’aida à retrouver son chemin, l’accompagnant jusqu’à l’hôtel:
« Vous êtes formidable, je ne sais pas d’où vous tenez cette histoire. Je ne l’ai pas racontée souvent. Mais elle est véridique. En effet, j’étais au début, je ne connaissais pas le roumain, elle ne connaissait pas l’anglais, et j’ai regretté ensuite de n’avoir pas demandé son nom. Voyez-vous, comme elle ne pouvait pas m’expliquer le chemin à prendre, elle a eu la gentillesse de m’accompagner carrément jusqu’à mon adresse, à l’hôtel où je logeais à l’époque. Son geste m’a beaucoup touché. »
Qu’est-ce que Fang Shuang apprécie en Roumanie ?
« La Roumanie est aujourd’hui ma maison. Il y a quelques années, nous disions que ce serait notre résidence secondaire. Mais j’ai vécu 15 ou17 ans en Chine et puis en Roumanie au mois de mai je fêterai les 19 belles années depuis que je vis ici. J’ai passé plus de la moitié de ma vie dans ce pays. Et la Roumanie est un pays magnifique, une nature incroyable, la mer, les montagnes, des endroits qu’il vaut la peine d’aller visiter, un pays qu’il faut parcourir et connaître. »
Des villes un peu trop bondées
A la fin de notre entretien, j’ai demandé à Fang Shuang s’il y avait quelque chose qu’il aimerait voir améliorer dans son pays d’adoption.
« La Roumanie compte quelques grandes agglomérations urbaines qui connaissent sans doute des problèmes de mobilité, des embouteillages, de la pollution. La Chine se voit également confronter à ce genre de défis et s’efforce de trouver les meilleures solutions. Des solutions qui pourraient peut-être convenir à la Chine, peut-être moins à la Roumanie, je ne sais pas. Mais je ne puis qu’espérer que ce genre de problèmes spécifique à toutes les grandes villes du monde puisse trouver une réponse adéquate et adapté au contexte roumain. »
(Trad. Ionut Jugureanu)