Quoi de neuf sur le marché du travail ?
Introduction du salaire minimum européen en Roumanie/ Un taux de chômage à la baisse/ Pénurie de main d'oeuvre locale/ Le coût horaire du travail, à la hausse
Sorin Iordan, 22.06.2024, 10:17
Introduction du salaire minimum européen en Roumanie
Le projet de loi concernant l’introduction du salaire minimum européen en Roumanie est en train d’être examiné par le gouvernement de Bucarest. Ce document, élaboré par le ministère du Travail, vise à aligner la législation nationale sur la directive du Parlement européen et du Conseil concernant un SMIC adéquat au sein de l’Union européenne. La date limite pour la transposition de cette directive dans la législation nationale est le 15 novembre 2024. Cela permettra aux employés de Roumanie de toucher des revenus plus proches de la moyenne européenne, s’est félicité le premier ministre roumain, Marcel Ciolacu.
Selon la directive de l’UE 2041 de 2022, dans un Etat-membre le salaire minimum doit représenter au moins 50 % du revenu moyen. A compter du 1er juillet 2024 les Roumains ont droit à un salaire minimum brut de 3 700 lei (environ 740 euros). En avril dernier, le salaire moyen net en Roumanie était de 5 217 lei (1 048 euros), en hausse de 32 lei (6,4 euros) par rapport au mois de mars, selon l’Institut national de statistique. Les secteurs d’activité ayant les salaires moyens nets les plus élevés étaient les services informatiques, avec près de 12 000 lei (2 405 euros), tandis que les rémunérations les plus basses étaient enregistrées dans la fabrication de vêtements, soit quelque 2 800 lei (près de 560 euros). Par rapport à avril de l’année précédente, le salaire moyen net a augmenté de 14 %.
Un taux de chômage à la baisse
Passons maintenant aux personnes sans emploi. Il faut dire que le taux de chômage en Roumanie a enregistré une baisse significative au cours du premier trimestre de cette année, atteignant 5,3 %, soit une diminution de 0,5 % par rapport au trimestre précédent, a constaté l’Institut National de Statistique. Pendant cette période, le taux d’emploi de la population en âge de travailler a augmenté de 1,2 %, atteignant le 64,2 % de la population. Les hommes et les personnes vivant en milieu urbain ont affiché un taux d’emploi plus élevé. Cependant, le taux d’emploi dans les rangs des jeunes n’était que de 19,9 %. Face à cet état de choses, l’analyste économique Aurelian Dochia estime que le contexte actuel est favorable à la main-d’œuvre , ce qui maintiendra le chômage à un niveau relativement bas. Néanmoins, la Roumanie est confrontée à plusieurs défis, dont notamment un système éducationnel et une orientation professionnelle déficitaires. Selon M Dochia, il est essentiel de renforcer la formation des jeunes sur le lieu de travail pour répondre à ces enjeux.
Pénurie de main d’oeuvre locale
Et pourtant, malgré ce contexte favorable, de nombreuses entreprises roumaines sont confrontées à une pénurie de main-d’œuvre locale, principalement en raison de l’émigration massive des spécialistes roumains vers des pays d’Europe occidentale. Dans ces conditions, les patrons sont contraints de faire appel à des travailleurs asiatiques, notamment dans le BTP, l’hôtellerie-restauration, l’agriculture, l’industrie et le transport de marchandises. Selon le président de l’Association des investisseurs autochtones, Cristian Pârvan, les patrons se voient obligés d’embaucher le plus souvent des travailleurs non qualifiés, en raison de salaires insuffisants et de la structure de l’économie roumaine. Les employeurs cherchent même à savoir si certains des travailleurs étrangers embauchés ne sont pas en réalité des personnes mieux qualifiées, venues occuper des postes de travailleurs non qualifiés, dans l’espoir de mieux exploiter leur potentiel de connaissances. Selon les données publiées par l’Institut national de la statistique, en Roumanie, environ 35 000 postes étaient vacant au cours des 3 premiers de cette année, soit 1700 de plus que le trimestre antérieur, mais 12 000 de moins que durant la même période de l’année dernière.
Le coût horaire du travail, à la hausse
Et justement à propos de salaires, voici quelques données sur le coût d’une heure de travail en Roumanie. Eh bien, au cours du premier trimestre de 2024, le coût horaire de la main-d’œuvre a augmenté de 16,4 % en Roumanie, par rapport à la période similaire de 2023, selon les données d’Eurostat, l’Office européen de statistique. La Roumanie occupe la première place de ce classement, suivie par la Bulgarie avec 15,8 %, la Croatie avec 15,3 %, la Pologne avec 14,1 % et la Hongrie avec 13,7 %. Le coût horaire de la main-d’œuvre inclut les salaires ainsi que les coûts hors-salaire tels que les cotisations sociales payées par les employeurs. L’augmentation des coûts de la main-d’œuvre en Roumanie est due à une hausse de 15,9 % du coût horaire dans le secteur des affaires, tandis que dans le secteur non commercial, une progression de 18 % a été enregistrée. A analyser la situation par secteur économique, en Roumanie, le coût horaire de la main-d’œuvre a augmenté de 20,5 % dans le BTP, de 15,9 % dans les services et de 14,4 % dans l’industrie. Au niveau de l’Union européenne, les coûts salariaux ont enregistré une croissance annuelle de 5,8 % durant la période analysée, tandis que les coûts non salariaux ont augmenté de 4,8 % par an. (trad. Valentina Beleavski)