Le marché roumain de l’emploi en début d’année
Bientôt : des chauffeurs de taxi étrangers à Bucarest/ Suppression d’avantages fiscaux dans l’IT/ Pénurie de médecins dans l'est du pays/ Le chômage, légèrement à hausse.
Sorin Iordan, 14.01.2025, 10:57
Bientôt : des chauffeurs de taxi étrangers à Bucarest
Bucarest sera la première ville de Roumanie à permettre aux étrangers originaires de pays non membres de l’UE à travailler comme chauffeurs de taxi, d’Uber ou de Bolt. Depuis au moins 5 ans, les sociétés de transport roumaines demandent au gouvernement roumain d’autoriser l’importation de chauffeurs professionnels en provenance de pays où l’économie n’est pas très développée, comme le Népal, le Sri Lanka, le Vietnam, les Philippines, et où l’anglais est parlé à un niveau acceptable. Cette mesure sera possible grâce à l’accord aux termes duquel l’examen pour la qualification professionnelle initiale peut être passé en anglais, une norme qui entrera en vigueur au printemps prochain, dans un premier temps uniquement à Bucarest et dans le cadre de sessions spéciales. L’examen théorique en anglais pour les certificats de chauffeur de taxi ou de voiture en régime de location sera mis en place début mars, puis en avril. A noter que la licence pour les chauffeurs professionnels est une condition obligatoire à l’exercice de ce métier, tant en Roumanie que dans n’importe quel autre État-membre de l’UE.
Suppression d’avantages fiscaux dans l’IT
Le secteur des technologies de l’information sera touché de plein fouet par la décision du gouvernement de Bucarest de supprimer à partir de cette année les avantages fiscaux accordés aux informaticiens, avertissent les experts. Ils estiment que le secteur pourra quand même se développer si les autorités et les entreprises investissent dans la numérisation de l’administration locale et de l’économie roumaine. À Cluj-Napoca par exemple, l’année 2025 pourrait apporter un changement majeur grâce au développement d’entreprises basées sur la production de logiciels protégés par les droits d’auteur. Et pour cause. De nombreuses entreprises qui avaient l’habitude d’externaliser la production de logiciels sont aujourd’hui confrontées à des problèmes. D’une part, certaines tâches simples ont été reprises par l’intelligence artificielle et, d’autre part, certaines opérations ont été délocalisées dans des pays où la main-d’œuvre est moins chère qu’en Roumanie. Toutefois, aux dires du directeur exécutif du cluster informatique de Cluj, Andrei Kelemen, les entreprises produisant leurs propres logiciels protégés par des droits d’auteur continuaient à se développer. Selon lui, l’industrie des technologies de l’information connaît un ralentissement, non seulement en Roumanie, mais dans le monde entier, ce qui est particulièrement visible en termes d’embauche de nouveaux spécialistes dans le secteur. Selon des statistiques non officielles, l’industrie informatique roumaine a dépassé la barre des 16 milliards d’euros en 2024.
Pénurie de médecins
Si l’informatique est un domaine où la main d’œuvre abonde, on ne saurait dire de même de la médecine. En fait, c’est un domaine confronté à une énorme pénurie de main d’œuvre. Par exemple, dans l’est de la Roumanie, au département de Vaslui, l’Hôpital Municipal de Huşi manque profondément de médecins dans les sections essentielles, tels les Soins intensifs ou encore la Pneumologie. Cela l’empêche d’honorer son contrat avec la Caisse nationale d’assurances maladie, lui causant des pertes de millions de lei. La situation est particulièrement difficile dans la section de Soins intensifs, où la garde était impossible à assurer en début d’année et où des médecins sans expérience dans le domaine se voient contraints à se débrouiller comment ils le peuvent. A noter que l’Hôpital Municipal de Huşi dessert une zone réunissant plus de 50 000 habitants. Dans ce contexte, l’hôpital est à la recherche de spécialistes en médecine interne, maladies infectieuses, pédiatrie et pneumologie. Les étrangers sont acceptés aussi, à condition de connaître la langue roumaine et d’avoir la nationalité d’un des Etats-membres de l’UE, de l’Espace économique européen ou de la Confédération Suisse. Davantage de détails sont à retrouver sur le site du ministère roumain de la Santé : ms.ro
Le chômage, légèrement à hausse
Et bien que certains domaines soient confrontés à une pénurie accentuée de main d’œuvre, l’offre de travail sur le marché roumaine ne contente pas tout le monde. En novembre 2024, le taux de chômage en Roumanie était de 3,28 %, soit 0,08 % de plus par rapport à octobre, informe l’Agence nationale pour l’occupation de la main d’oeuvre. Concrètement 261 500 personnes étaient sans emploi en novembre en Roumanie. Parmi elles, près de 56 000 bénéficiaient d’une indemnité de chômage. La plupart des personnes sans emploi, soit 191 000, étaient à retrouver en milieu rural. A regarder leur âge, près de 66 000 personnes au chômage avaient entre 40 et 49 ans et plus de 59 000 – étaient âgées de plus de 55 ans. Au pôle opposé l’on retrouve les jeunes entre 25 et 29 ans, dont environ 15 000 ne travaillaient pas. Quant au niveau d’éducation des chômeurs de Roumanie, les personnes sans études ou ayant fait uniquement le primaire en étaient les plus nombreuses, soit près de 32 %, alors que les personnes ayant fait une formation universitaire étaient les moins nombreuses, comptant pour uniquement 5 % du total des chômeurs. (trad. Valentina Beleavski)